Tu ne l’avais jamais remarqué : à Córdoba, quand la poésie fissure l’asphalte, la ville respire autrement

Jeune poète lisant à voix basse près d’un asphalte fissuré où pousse une petite fleur, dans une cour ensoleillée.

TL;DR

  • 🔥 La poésie comme antidote radical à l’économie de l’attention
  • 🌱 Un festival qui marie philo, écologie, musique et cinéma
  • 🕊️ Córdoba réunit talents locaux et voix venues de l’exil

Cosmopoética bouscule Córdoba : et si la poésie devenait ton meilleur antidote aux écrans ? Je te raconte comment la nouvelle direction mêle philo, écologie et musique pour faire vibrer la ville… et pourquoi ça change vraiment le quotidien.

La poésie, résistance joyeuse à l’économie de l’attention

Est-ce que tu savais que la poésie est l’un des rares arts qui refuse la cadence des notifications ? À Córdoba, on le sent physiquement : ralentir, c’est déjà lire. Dans une ville où les patios apprennent la patience depuis des siècles, Cosmopoética rappelle qu’ouvrir un livre, c’est ouvrir un espace mental qui n’obéit pas aux algorithmes. On y respire un autre tempo — celui des vers qui tiennent sans scroll.

L’idée n’a rien d’ésotérique. Les chercheurs le répètent: notre attention s’effiloche, mais elle se rééduque par l’immersion et le rituel. Or la poésie est un rituel discret: on coupe le téléphone, on écoute un poème, on prend des notes, on marche ensuite dans la fraîcheur du soir le long du fleuve. À force de rendez-vous intimes (lectures courtes, ateliers, discussions sans micro-crise Instagram), Cosmopoética fait sentir qu’un texte peut devenir un outil de résistance douce. Et parce que Córdoba a ce génie de l’hospitalité — entre patios, cloîtres et placettes où bruissent les orangers — la poésie s’y loge naturellement, comme si la ville elle-même soufflait les strophes.

C’est pour cela que le festival ne se contente pas d’animer des salles : il repolitise le quotidien par la lenteur choisie. Dans la section suivante, on voit comment sa nouvelle direction donne forme à ce geste.

“Une fleur a fendu l’asphalte” : le détail qui change tout

Le thème “Une fleur a fendu l’asphalte” s’inspire d’un vers de Carlos Drummond de Andrade: une image simple, presque têtue. Elle raconte la victoire du vivant sur le dur, du poème sur l’ornière. La directrice artistique, Azahara Palomeque, en fait une boussole: penser la poésie transversalement, en mêlant philosophie, musique, cinéma et écologie. Comme dans la Grèce antique, où penser et chanter allaient ensemble.

Concrètement, cela se voit dans la programmation: tables rondes sur la mémoire et le deuil (quand la société ne ritualise plus rien), dialogues entre psychanalyse et langage, concerts-poèmes à la tombée du jour, ateliers pour enfants et lycéens qui apprennent à “écouter” un texte comme on écoute la pluie sur les patios. L’ambition? Qu’un festival qui dure une poignée de jours génère de la mémoire avant et après — désir avant, nostalgie après —, à la manière d’une grande fête populaire.

Surtout, l’équipe assume une édition de transition: faire bien avant de faire vite, planter des graines pour mieux marquer une identité l’an prochain. Résultat: pas de surenchère, mais des choix clairs et une cohérence rare. Et cette cohérence, on la sent dans la ville. Dans la section suivante, on parle des voix qui la nourrissent.

Voix de Córdoba, exils, héritages: un chœur qui s’agrandit

Córdoba a cette chance: la poésie y a des racines profondes, des Cántico à aujourd’hui. L’édition actuelle tente un équilibre délicat: prioriser les auteurs locaux avec œuvre récente, ouvrir grand aux voix venues d’ailleurs, et rappeler les Cordouans partis au loin. Ce va-et-vient — la ville comme gare et jardin — est la vraie signature du moment.

Certaines invitations rêvées n’ont pas abouti cette fois (les agendas ont leur dureté), mais les portes sont ouvertes pour la suite. On sent d’ailleurs l’attraction de la ville: beaucoup d’écrivains veulent venir à Córdoba, précisément pour éprouver cette hospitalité qui transforme une lecture en conversation, puis en promenade dans la pénombre. À l’inverse, le festival n’idéalise pas: il reconnaît l’inachevé comme une promesse de travail.

Et l’on retrouve ce fil politique discret: tisser des réseaux, refaire communauté. Quand une table réunit une psychanalyste qui ausculte l’appauvrissement du langage par les écrans et une philosophe qui interroge notre rapport au mal et au deuil, c’est plus qu’un débat: c’est une pratique civique de la parole. Dans la section suivante, je te donne mes conseils pour en profiter sans rien manquer.

Comment le vivre vraiment: itinéraires, rythmes et secrets

Un festival n’est pas qu’un programme: c’est un art de se rendre disponible. Trois idées simples pour goûter Cosmopoética sans se perdre:

  • Choisir un fil rouge: par exemple, “mémoire et deuil” ou “écologie du langage”. Tu suis deux à trois rendez-vous reliés et tu notes ce qui résonne.
  • Alterner intérieur/extérieur: une lecture en salle, puis une marche lente vers une cour ombragée. Le contraste ancre les textes dans la ville.
  • Pratiquer la restitution: en fin de journée, écris dix lignes sur ce que tu as entendu. La mémoire se fixe en créant.

Coup de cœur “à l’abri des gros titres”? Une table à deux voix sur notre langage abîmé par les écrans et sur la perte de rituels autour de la mort. On en sort étonnamment apaisé, avec l’envie de renouer des liens concrets et d’inventer ses propres gestes (une lecture partagée, une lettre à un absent).

Dernier conseil: prends le temps de passer par une librairie indépendante entre deux événements. Demande un recueil local et lis-en à voix haute quelques vers au bord du fleuve. Tu verras: la ville répond.

Questions Fréquentes

Cosmopoética, c’est quoi exactement à Córdoba ?

Un festival international de poésie qui croise lectures, performances, rencontres et ateliers. Sa singularité? Il fait dialoguer la poésie avec la philosophie, la musique et le cinéma, tout en investissant des espaces du quotidien.

Que signifie le thème “Une fleur a fendu l’asphalte” ?

C’est une image empruntée à un poète brésilien: le vivant qui triomphe de l’inerte. Le festival s’en sert pour penser la poésie comme force de réparation — écologique, intime, sociale — dans nos villes saturées.

Y a-t-il des activités hors des salles traditionnelles ?

Oui, l’esprit est d’essaimer: cours, patios, bibliothèques, librairies et lieux à ciel ouvert. L’idée est de rencontrer la poésie là où l’on vit, pas seulement sur une scène.

Les poètes locaux sont-ils bien représentés ?

Oui, avec priorité aux œuvres récentes et une volonté d’inclure aussi des Cordouans vivant ailleurs. Le pari: faire rayonner la scène locale tout en gardant un souffle international pour enrichir le dialogue.

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