Pourquoi Babylon a-t-il vraiment échoué ? Mon regard de cinéphile passionné

Margot Robbie and Brad Pitt on a grand 1920s Hollywood movie set, surrounded by vintage cameras and extras in glamorous costumes, photorealistic editorial style, warm nostalgic lighting, capturing the chaos and opulence of early cinema.

Comment expliquer l'échec inattendu du film "Babylon" avec Margot Robbie ? J'explore les vraies raisons et partage mon vécu de spectateur passionné.

Introduction : Le mystère "Babylon"

Je me revois encore sortir de la salle, ébloui et un peu sonné. Comment expliquer que "Babylon", fresque audacieuse portée par Margot Robbie et Brad Pitt sous la direction de Damien Chazelle, ait été boudée à ce point ? Ce film m’a profondément marqué, autant par sa démesure que par son ambition — alors pourquoi le public est-il passé à côté ? C’est cette énigme que je décortique ici, loin des analyses superficielles.

Un projet hors normes… et hors temps ?

Dès ses premières minutes, "Babylon" impose un rythme effréné : orgies déjantées, stars en perte de repères et frénésie créative d’un Hollywood en pleine mutation. Pour quiconque a déjà plongé dans les archives du cinéma muet ou ressenti l’électricité d’un plateau survolté, impossible de ne pas vibrer devant cette reconstitution. Mais c’est peut-être là où le bât blesse : le film s’adresse avant tout aux amoureux du septième art, ceux qui goûtent les références pointues et les hommages parfois cryptés.

Damien Chazelle pousse l’hommage jusqu’à la surenchère. On sent la volonté de capturer un moment charnière — le passage au parlant — mais aussi d’en faire une métaphore moderne sur le vertige du succès et la fragilité des icônes. J’ai retrouvé dans "Babylon" un parfum des classiques maudits comme "Sunset Boulevard" ou même "La La Land", mais avec une intensité presque épuisante pour le spectateur lambda.

Star-power n’est plus synonyme de succès

Avec Margot Robbie, Brad Pitt, Jean Smart ou Tobey Maguire à l’affiche, tout semblait réuni pour attirer les foules. Mais ce casting cinq étoiles s’est heurté à une réalité nouvelle : aujourd’hui, le public ne se déplace plus uniquement pour les têtes d’affiche. Je l’ai observé à plusieurs reprises ces dernières années — même des films attendus comme "Amsterdam", également porté par Robbie, se sont cassé les dents.

Les habitudes changent : entre la concurrence féroce des plateformes (Netflix & consorts) et la multiplication des blockbusters formatés, un projet aussi atypique que "Babylon" paraissait presque anachronique en 2023. Le film aurait sans doute cartonné il y a quinze ans ; aujourd’hui, il fallait convaincre un public saturé d’offres bien plus rassurantes.

L’ambition artistique face au désenchantement contemporain

Ce qui frappe surtout chez Chazelle — je l’ai ressenti lors de projections privées — c’est son refus obstiné du compromis. Sur le tournage de "Babylon", chaque détail devait être authentique : costumes cousus main inspirés des vraies archives Paramount, décors bâtis grandeur nature… Margot Robbie elle-même disait n’avoir jamais connu pareille exigence sur un plateau. Ce perfectionnisme a certes accouché d’un chef-d’œuvre visuel mais peut-être d’un film trop dense pour une époque avide d’instantanéité.

Chazelle voulait tout donner — quitte à perdre en route ceux qui venaient simplement passer un bon moment. Le long métrage déborde d’idées brillantes mais refuse souvent la facilité narrative qui fait le succès des blockbusters modernes.

Peut-on déjà parler de film culte incompris ?

En discutant récemment avec des amis programmateurs de festivals (notamment à Lyon et Locarno), j’ai perçu un regain d’intérêt autour de "Babylon". C’est typique des œuvres maudites : rejetées dans l’immédiateté puis lentement redécouvertes par une génération suivante plus curieuse ou mieux armée pour saisir toutes leurs subtilités. Margot Robbie espère cette revanche tardive – je pense qu’elle viendra.

L’exemple phare reste "The Shawshank Redemption" ("Les Évadés") devenu culte bien après son flop initial (IMDb). Les cinéphiles raffolent justement des trésors cachés ; il suffit parfois d’une restauration 4K ou d’une diffusion événementielle pour relancer tout un mythe !

L’industrie change-t-elle trop vite pour ces grands films ?

À l’ère TikTok et binge-watching, avons-nous encore la patience pour savourer trois heures pleines d’audace visuelle et sonore ? Certains distributeurs me confient leur crainte : le marché cinéma devient impitoyable face aux projets risqués. Netflix aurait pu accueillir une version édulcorée de "Babylon"… mais Chazelle s’y est refusé – preuve ultime d’intégrité artistique !

À mon sens, cet entêtement honore son œuvre même si cela limite sa portée immédiate (analyse détaillée sur Slate). Reste que voir ce foisonnement sur grand écran constitue une expérience rare… que beaucoup regretteront peut-être demain.

Quel avenir pour ces épopées ambitieuses ?

L’échec commercial relatif de "Babylon" pose une vraie question aux passionnés comme moi : devons-nous accepter qu’il n’y ait plus place que pour les franchises sans surprise ? Heureusement non ! Les festivals restent des refuges précieux où l’audace prime encore – tout comme certains cinémas indépendants qui remettent régulièrement en lumière ces OVNIs méconnus.

Margot Robbie continue d’ailleurs à surprendre (on attend sa "Wuthering Heights" sous la houlette d’Emerald Fennell). Son engagement prouve que même après un revers cuisant on peut rebondir… et offrir autre chose qu’un simple produit calibré.

En fin de compte, aimer vraiment le cinéma c’est savoir accueillir l’échec autant que la réussite – car les chefs-d’œuvre naissent souvent dans la marge.

Questions fréquentes

Pourquoi "Babylon" a-t-il été mal compris lors de sa sortie ?

Beaucoup ont été déroutés par son ton excessif et ses références pointues au vieux Hollywood ; il s’adresse surtout aux initiés ou passionnés prêts à accepter sa folie narrative.

Est-ce que le film pourrait devenir culte dans quelques années ?

Oui ! Plusieurs exemples montrent que certains films jugés trop ambitieux sont redécouverts bien plus tard ; cela dépend souvent du bouche-à-oreille entre cinéphiles.

Margot Robbie va-t-elle continuer dans ce genre de projets risqués ?

Son choix récent (l’adaptation des Hauts de Hurlevent) laisse penser qu’elle n’a pas peur du risque – elle aime manifestement défendre un cinéma exigeant mais singulier.

A lire aussi