Partager 0FacebookTwitterPinterestEmail 1 TL;DR🕯️ L’histoire vraie d’un marmolista de Puente Genil devenu voix majeure du flamenco🎶 Où ressentir aujourd’hui à Cordoue le cante jondo hérité de Fosforito🏛️ Conseils concrets pour vivre un flamenco authentique loin des shows formatésEt si le flamenco à Cordoue n’était pas né dans un tablao, mais grâce à un jeune marmolista de Puente Genil ? Plongez dans l’histoire de Fosforito et découvrez où sentir encore son empreinte aujourd’hui.Saviez-vous que l’un des grands tournants du flamenco ne s’est pas joué à Séville ou à Jerez, mais dans une Cordoue encore marquée par la pauvreté de l’après-guerre, grâce à un jeune marmolista de 23 ans ? Sous le soleil andalou, le flamenco à Cordoue ne se résume pas aux spectacles pour touristes : il plonge ses racines dans une nuit de 1956 où un certain Antonio Fernández Díaz, bientôt surnommé Fosforito, a bouleversé à lui seul le destin du cante jondo. Une nuit de 1956 qui a changé le cante jondo Mai 1956. Cordoue se remet lentement des rigueurs de la posguerra, mais bouillonne culturellement. Autour des poètes du Groupe Cántico et des artistes qui préfigurent Equipo 57, la ville décide d’oser : organiser le Ier Concurso Nacional de Cante Jondo, inspiré du concours mythique de Grenade de 1922. L’idée est radicale pour l’époque. Le flamenco, jugé trop sucré, trop proche de l’opéra, envahit les radios. On parle d’« operismo flamenco ». Avec l’appui de figures comme Ricardo Molina ou Anselmo González Climent, Cordoue veut revenir à l’os : le cante sobre, primitif, profond. Le concours exclut les professionnels, exige seize styles jondos difficiles, presque ésotériques. Plus de cent candidats arrivent de toute l’Espagne. Parmi eux, un jeune homme maigre, cheveux noirs épais, convalescent, tout juste sorti du service militaire. Sur sa fiche d’inscription, il écrit simplement : profession : marmolista. Il vient de Puente Genil, d’une Casa Grande où des dizaines de familles se serrent, de nuits passées à chanter dans des tabernas pour quelques pesetas. Vous pourriez être interessé par Córdoba et le Cinéma Français : une Rencontre Étonnante 13 mars 2025 Córdoba brille au cinéma : Une soirée inoubliable 2 février 2025 Ce garçon, c’est Antonio Fernández Díaz, Fosforito. Ce soir-là, sur la scène cordouane, il ne va pas seulement gagner un concours ; il va redéfinir ce que signifie être cantaor. « Cordoue n’a pas seulement couronné un artiste, elle a choisi une façon d’écouter. » Fosforito, une voix amère comme le vin de la terre À la veille du concours, un visiteur inattendu débarque à Puente Genil : l’ethnomusicologue bengali Deben Bhattacharya, avec son grand magnétophone à bobines estampillé Unesco. Il parcourt le monde pour enregistrer ce qu’on appelle aujourd’hui les musiques du monde ; ce printemps-là, il tombe sur un jeune cantaor encore inconnu et enregistre ses premiers cantes jondos. Selon le critique Agustín Gómez, la voix de Fosforito est alors « amère comme le vin de la terre ». Rien à voir avec la douceur raffinée qui triomphe dans les théâtres. Dans cette voix, il y a la misère d’une enfance de faim, mais aussi un sens inné de la tradition, hérité d’un père encalador surnommé déjà Fosforito et d’un oncle chanteur, le Niño del Genil. Au concours de 1956, la barre est presque inhumaine : seize cantes profonds, dont certains ne sont maîtrisés que par une poignée d’initiés. Fosforito est l’un des deux seuls participants à se présenter aux quatre sections complètes, affrontant les mystérieuses tonás, livianas, deblas, temporeras… Son rival direct, le Niño de la Mezquita, incarne une école plus « discographique », brillante mais imitatrice. Le verdict du jury – où siègent, entre autres, Ricardo Molina et Aurelio Sellés – est sans appel : Fosforito décroche le Prix d’honneur et le premier prix de toutes les sections où il concourt. En tout, 26 000 pesetas, l’équivalent d’environ 10 000 euros actuels. Mais le plus précieux, c’est la bascule esthétique : une voie plus sobre, plus stoïque, profondément cordouane, qui s’impose comme un nouveau canon. De la scène de 1956 aux nuits d’aujourd’hui : où sentir Fosforito à Cordoue Ce qui s’est joué en 1956 n’est pas une simple victoire personnelle. C’est la naissance d’un laboratoire permanent du flamenco : le Concurso Nacional, qui en est aujourd’hui à sa 24e édition, continue de faire de Cordoue un lieu où l’on réfléchit le cante autant qu’on l’applaudit. Quand je traverse la Plaza del Potro en fin d’après-midi, avec ses pavés tièdes et le murmure de la fontaine, je pense souvent à cette histoire. Sur la place se trouve le Centro Flamenco Fosforito, installé dans l’ancienne posada où passaient marchands et muletiers. On y découvre des enregistrements, des panneaux sur la carrière du maestro, mais aussi des performances régulières qui reprennent l’esprit du concours : exigence, intimité, respect du silence. Selon l’Office du Tourisme de Cordoue, la ville compte plusieurs peñas actives où le flamenco se vit encore comme un rite partagé, loin des shows chorégraphiés. Dans des quartiers comme San Basilio ou Santa Marina, on trouve des petites salles simples, murs blanchis à la chaux, chaises en bois, où un cantaor peut encore faire trembler l’air avec une soleá dépouillée. Et puis, il y a le lien avec Puente Genil, à moins d’une heure de Cordoue, où se tient le Festival de Cante Grande Fosforito. Pour qui veut comprendre d’où vient cette voix « dure, agrietée, tostada por los inviernos de aceitunas heladas », comme l’écrivait la presse de l’époque, c’est une escapade essentielle. Conseils pratiques pour vivre un flamenco vraiment jondo à Cordoue Flamenco et tourisme font parfois mauvais ménage, et on a tous connu ce moment de gêne devant un spectacle trop formaté. À Cordoue, pourtant, il est possible de rester fidèle à l’esprit de Fosforito : sobriété, profondeur, vérité. Privilégier les peñas et centres culturels Renseignez‑vous auprès de l’Office du Tourisme ou du Centro Flamenco Fosforito pour connaître les récitals du week‑end. Les entrées sont souvent abordables, parfois gratuites, mais il faut arriver tôt. Choisir le bon moment Le flamenco se goûte mieux hors canicule. De mars à juin et de septembre à novembre, les soirées sont plus longues, l’ambiance plus paisible. Le Festival de la Guitarra en juillet propose aussi des soirées d’exception, mais pensez à réserver. Observer les détails, pas seulement la virtuosité Comme au concours de 1956, l’important n’est pas la note la plus aiguë, mais la capacité à raconter une vie en quelques vers. Écoutez les silences, le souffle, la complicité avec le guitariste. Relier l’expérience à l’histoire Flamenco et patrimoine sont intimement liés. Après une visite de la Mezquita‑Cathédrale ou de l’Alcázar, laisser résonner la journée dans une taverne où se chante une siguiriya prend une dimension presque mystique. En 2010, le flamenco a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco. À Cordoue, cette reconnaissance se vit au présent, dans chaque soirée où le public écoute vraiment. Au fond, Cordoue se chante plus qu’elle ne se visite Je me souviens d’un soir d’automne, dans une petite salle près de San Pedro. Un cantaor a attaqué une toná sans micro, le visage tourné vers le mur. Personne n’osait bouger. Ce silence, cette tension douce, c’était peut‑être le même que celui de 1956, quand un marmolista de Puente Genil a décidé de se présenter dans les quatre sections du concours, sans calcul, avec seulement sa voix comme bagage. L’héritage de Fosforito à Cordoue n’est pas figé dans une statue ou un nom de rue. Il vit dans une certaine façon de faire les choses : respecter le cante, accepter la rugosité, ne pas lisser les aspérités pour plaire à tout le monde. Vivre le flamenco ici, c’est accepter d’être un peu bousculé. Au fond, Cordoue se vit en marchant lentement, en s’asseyant dans une taverne qui ne paie pas de mine, en laissant une voix « amère comme le vin de la terre » vous raconter une Espagne de faim et d’espoir. Et vous, quel souvenir de flamenco voudriez‑vous emporter de votre prochaine escapade à Cordoue ? 📸 Questions fréquentes Quel est le meilleur moment pour écouter du flamenco à Cordoue ? Les soirées de printemps (mars‑juin) et d’automne (septembre‑novembre) sont idéales : il fait doux, les patios sont fleuris et la programmation culturelle est riche. En été, privilégiez les concerts tardifs, après 22 h, pour éviter la chaleur. Où voir un flamenco authentique à Cordoue ? Pour retrouver l’esprit du concours de 1956, orientez‑vous vers les peñas flamencas et le Centro Flamenco Fosforito plutôt que vers les grands spectacles de groupes. Demandez conseil aux habitants ou à votre hébergement, qui connaissent souvent les adresses les plus sincères. Le flamenco à Cordoue est‑il adapté aux enfants ? Oui, à condition de choisir des spectacles pas trop tardifs et de vérifier la durée des récitals. Certaines peñas organisent des événements en début de soirée ou en plein air, plus accessibles pour les familles. Prévoyez néanmoins de quoi occuper les plus jeunes entre les cantes. Faut‑il réserver à l’avance pour les spectacles de flamenco ? Pour les grands festivals comme le Festival de la Guitarra ou les soirées spéciales du Concurso Nacional, la réservation en ligne est vivement conseillée. Pour les peñas, il suffit souvent d’arriver tôt et de consommer sur place, mais en haute saison, mieux vaut appeler avant de se déplacer. baile flamencoConcoursmusicien Partager 0 FacebookTwitterPinterestEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Cordoue au son de Chopin : pourquoi l’Orozco Piano Festival vaut le voyage cette année A lire aussi Cordoue au son de Chopin : pourquoi l’Orozco... 15 novembre 2025 La Vaquera de la Finojosa en 2026 :... 15 novembre 2025 Orozco Piano Festival de Cordoue : écouter la... 15 novembre 2025 Flamenco à Cordoue : sur les traces de... 14 novembre 2025 Flamenco à Cordoue: adieu à Fosforito et itinéraire... 14 novembre 2025 Cordoue en deuil, le flamenco en héritage: Fosforito... 13 novembre 2025 Cordoue face à l’IA : dans une bibliothèque,... 13 novembre 2025 Cordoue en mode cinéma: la Semaine du cinéma... 12 novembre 2025 Cordoue, battement flamenco: vivre le Concurso 2025 de... 12 novembre 2025 Cordoue en novembre: patios secrets et « proportion... 12 novembre 2025