Espagne noire : Le true crime, jusqu’où l’oser ?

Fasciné par l'Espagne et le true crime! Mais jusqu'où sonder la souffrance? Un ami m'a dit...

Ah, le true crime à la sauce espagnole ! On en parle ? Installé à Cordoue, je suis fasciné – et parfois horrifié – par la manière dont l’Espagne revisite ses faits divers les plus sombres. Le débat autour du livre El Odio (La Haine) sur José Bretón, ce père infâme qui a tué ses enfants, me rappelle une question cruciale : jusqu’où peut-on aller dans l’exploration de la souffrance humaine à des fins littéraires ou de divertissement ?

L’art délicat de raconter l’horreur

L’affaire Bretón est un abcès purulent dans la conscience collective espagnole. Ce livre rouvre des plaies, c’est indéniable. Mais est-ce que la littérature n’a pas le droit – voire le devoir – de sonder les tréfonds de l’âme humaine, même les plus répugnants ? L’auteur, Luisgé Martín, explore les motivations de Bretón, dissèque sa psyché. Il ne s’agit pas de justifier l’injustifiable, mais de comprendre, d’analyser. Et c’est là que le bât blesse : où se situe la limite entre l’investigation légitime et le voyeurisme morbide ?

Personnellement, j’ai toujours été tiraillé entre mon intérêt pour la psychologie humaine et mon respect pour les victimes. En tant que journaliste, je crois qu’il est important de ne pas céder à la facilité du sensationnalisme, de ne pas transformer la tragédie en spectacle. Mais en même temps, je suis convaincu que l’art – sous toutes ses formes – peut nous aider à mieux appréhender le monde qui nous entoure, même dans ses aspects les plus sombres.

Quand la fiction s’empare du réel

Ce n’est pas la première fois qu’une affaire de true crime suscite la polémique en Espagne. L’an dernier, le projet de série documentaire sur Ana Julia Quezada, la meurtrière du petit Gabriel, avait soulevé un tollé. La mère de l’enfant s’était battue bec et ongles pour empêcher sa diffusion, dénonçant une instrumentalisation de la douleur. Et elle avait raison. Il y a une différence fondamentale entre une œuvre d’art qui cherche à éclairer un fait divers et une exploitation commerciale qui ne vise qu’à faire de l’audience.

Le problème, c’est que la frontière est parfois floue. Prenez la série El cuerpo en llamas sur Netflix, inspirée par le « crime de la Guardia Urbana ». Rosa Peral, la condamnée, a attaqué la plateforme en justice, estimant que la série portait atteinte à son honneur et à celui de sa fille. Qui a raison ? Qui a tort ? C’est toute la complexité de cette question.

Le droit à l’oubli contre le devoir de mémoire

Alors, faut-il interdire les œuvres de true crime ? Bien sûr que non. La censure n’est jamais la solution. Mais il est impératif de faire preuve de discernement, de ne pas consommer ces histoires de manière passive et irréfléchie. Comme le dit Patricia Ramírez, la mère du petit Gabriel, il faut « enseigner à consommer les faits divers de manière responsable ». Il faut se rappeler que derrière chaque affaire, il y a des victimes, des familles brisées, des vies anéanties. Et que leur souffrance mérite d’être respectée.

En parlant de respect, je me souviens d’une visite poignante au Musée de la Mémoire d’Andalousie à Grenade. Les photos et les témoignages des victimes de la guerre civile espagnole m’avaient profondément marqué. J’avais réalisé à quel point il est important de ne pas oublier le passé, de ne pas laisser les atrocités sombrer dans l’oubli. Mais en même temps, j’avais compris qu’il est tout aussi important de ne pas raviver inutilement la douleur, de ne pas transformer la mémoire en instrument de vengeance.

Questions fréquemment posées (FAQ)

  • Le true crime, c’est quoi exactement ? C’est un genre littéraire et audiovisuel qui s’inspire de faits divers réels, souvent des crimes, pour en faire des œuvres de fiction ou des documentaires.
  • Pourquoi un tel engouement pour le true crime ? Difficile à dire. Peut-être parce que ces histoires nous confrontent à nos peurs les plus profondes, à notre fascination pour le mal. Ou peut-être parce qu’elles nous permettent de mieux comprendre la complexité de la nature humaine.
  • Quels sont les risques du true crime ? Le principal risque, c’est de tomber dans le voyeurisme, de banaliser la violence, de ne pas respecter la mémoire des victimes. Il est donc essentiel de consommer ces œuvres avec un esprit critique.

Au-delà du fait divers : une réflexion sur la nature humaine

En fin de compte, le débat autour du true crime est un débat sur notre rapport à la violence, à la mort, à la souffrance. C’est un débat sur la place de l’art dans une société traumatisée. Et c’est un débat qui mérite d’être mené avec lucidité, avec empathie, avec un souci constant du respect de la dignité humaine. Et si vous voulez approfondir le sujet, je vous recommande vivement de consulter le site du Centre pour la Justice et la Réconciliation, une mine d’informations sur les questions de justice transitionnelle et de mémoire collective.

Alors, la prochaine fois que vous regarderez une série ou lirez un livre de true crime, posez-vous la question : est-ce que cette œuvre me permet de mieux comprendre le monde ? Ou est-ce qu’elle ne fait que nourrir ma fascination morbide pour l’horreur ? La réponse, vous la trouverez au fond de vous-même. Et n’oubliez jamais que derrière chaque histoire, il y a des êtres humains qui ont souffert, qui ont aimé, qui ont vécu. Et que leur mémoire mérite d’être honorée.

Media: Diario Córdoba – José Bretón, durante su juicio. / Redacción

Source: Diario Córdoba – El libro sobre José Bretón tensa los límites del ‘true crime’: "La literatura trata desde siempre realidades complejas y dolorosas"

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