Partager 0FacebookTwitterPinterestEmail 1 TL;DR🖼️ Un tableau sous-estimé flambe à Londres et relance le mystère autour du peintre cordouan🏛️ L’histoire de cette œuvre perdue redonne envie d’explorer le musée dédié à l’artiste🌆 Cordoue apparaît plus que jamais comme la clé pour comprendre ces portraits andalousComment un tableau de Julio Romero de Torres, catalogué comme simple « cercle de l’artiste », a-t-il pu s’envoler à 140 000 € à Londres ? Derrière cette folle enchère se cache l’aura toujours vive de Cordoue.Saviez-vous qu’un tableau de Julio Romero de Torres, mis en vente à Londres comme simple imitation, vient de s’arracher pour près de 140 000 euros ? Sous le soleil andalou, la légende du peintre cordouan continue de s’écrire… jusque dans les salles feutrées des maisons de ventes britanniques. En quelques minutes de surenchère, une toile supposée secondaire a dévoilé quelque chose de plus profond : l’aura intacte de Julio Romero de Torres et le magnétisme discret de Cordoue, sa ville natale. Car derrière cette histoire de prix fou, il y a aussi une œuvre presque perdue, un marchand de toiles belge, un collectionneur cordouan déçu… et un musée au bord du Guadalquivir où tout cela prend soudain un autre sens. Une enchère londonienne qui commence comme une erreur À Londres, la maison de ventes Roseberys avait catalogué la toile sous le libellé prudent « Circle of Julio Romero de Torres ». Dans le langage du marché de l’art, cela signifie en général : ce n’est pas l’artiste, mais un disciple ou un imitateur. Mise à prix ? 400 livres seulement. Autant dire, pour un peintre aussi coté, presque une curiosité de catalogue. Sauf que la salle s’est vite enflammée. Les enchères sont montées, encore et encore, pour atteindre 95 000 livres marteau, soit environ 124 450 livres avec commission. Au total, près de 140 000 euros pour une œuvre que la fiche considérait, au départ, comme non authentique. Le tableau, intitulé provisoirement La Cordobesa, reprend tous les codes de Romero de Torres : une femme andalouse, regard intense, atmosphère sensuelle et mystérieuse, rappelant des icônes comme La Fuensanta ou La Chiquita Piconera. Le collectionneur cordouan Blas García, l’un des plus fins connaisseurs de l’artiste, suivait la vente avec attention. Il espérait l’acquérir pour enrichir sa collection dédiée au peintre, mais a vite été dépassé par la frénésie internationale. Il confie n’avoir « jamais vu une revalorisation aussi extrême pour une œuvre donnée au départ comme non authentique ». De 400 livres à 140 000 euros : un bond qui raconte autant le marché de l’art… que la fascination que suscite encore ce peintre né à Cordoue en 1874. Vous pourriez être interessé par Cordoue en novembre: patios secrets et « proportion cordouane », trois visites guidées pour comprendre la ville 12 novembre 2025 Retour de Carmen Martín Gaite à Salamanca : l’écrivaine revient dans sa ville natale 2 février 2024 Une œuvre perdue, un timbre belge et un secret de musée Ce qui rend cette histoire si intrigante, c’est que le tableau était pratiquement inconnu, même pour les spécialistes. Blas García explique que le nom de la modèle donné par la maison de ventes serait inventé, et que le véritable nom reste un mystère. La toile, elle, était en « paradero desconocido », introuvable, jusqu’à cette vente londonienne. Un détail retient particulièrement l’attention : au revers du tableau, on trouve le timbre d’un distributeur de toiles belge. Il ne correspond à aucun de ceux que Romero de Torres utilisait habituellement en Espagne, et aucun autre tableau connu du peintre ne porte ce cachet. Loin de discréditer l’œuvre, ce détail semble plutôt ouvrir une piste fascinante : celle d’un tableau peint à l’étranger, lors de voyages mal documentés du peintre, qui vendait énormément à l’international. Selon Blas García, il n’existe qu’une seule photographie d’archive de cette œuvre, conservée au Museo Julio Romero de Torres à Cordoue. Longtemps restée dans l’ombre des cartons d’archives, à peine mentionnée dans les études spécialisées, cette image n’avait jamais vraiment circulé. La comparaison entre cette photo et la toile passée chez Roseberys renforce l’hypothèse d’un original perdu, aujourd’hui retrouvé. Le tableau, pourtant, n’est pas dans un état parfait : la signature aurait été manipulée, le chapeau de la figure féminine repeint, et l’ensemble est recouvert d’une patine rouge qui assombrit la composition. C’est une œuvre qui a vécu, qui a été retouchée, et qui nécessitera une restauration sérieuse. Mais c’est précisément cela qui la rend si humaine : on imagine déjà le travail des restaurateurs révélant peu à peu les coups de pinceau d’origine. « Cordoue n’est pas seulement un lieu, c’est une lumière qui reste accrochée aux tableaux. » Julio Romero de Torres, un peintre cordouan plus vivant que jamais En réalité, cette enchère record pour une œuvre « sous-estimée » s’inscrit dans une histoire plus longue. Romero de Torres n’en est pas à son premier coup d’éclat sur le marché de l’art. En 2007, La Fuensanta atteignait environ 1,2 million d’euros lors d’une vente retentissante, devenant l’œuvre la plus chère du peintre. Avant elle, La Gracia et La Rivalidad, aujourd’hui propriété de la municipalité de Cordoue, avaient déjà franchi des seuils impressionnants. Ce qui change ici, c’est l’ampleur du décalage entre la mise à prix et le résultat final. Aucun autre tableau de Romero de Torres n’avait encore multiplié par plus de 200 sa mise à prix initiale. C’est comme si, malgré les précautions de langage des catalogues (« cercle de… », « attribué à… »), le regard des amateurs avertis avait, lui, immédiatement reconnu quelque chose de plus fort : une main, une atmosphère, une vérité picturale. Quand je traverse la place du Potro le matin, en me dirigeant vers le Museo Julio Romero de Torres, j’ai souvent cette impression étrange : la ville elle-même semble contenue dans ses tableaux. Les femmes au regard profond, les mantilles noires, les fonds sombres traversés d’une lumière presque théâtrale… Selon l’Office du Tourisme de Cordoue, le musée figure parmi les plus visités de la ville, et l’on comprend pourquoi : il donne des clés pour lire aussi bien l’héritage andalou que la Cordoue d’aujourd’hui. Quand une salle des ventes parle… de tourisme culturel Derrière cette vente londonienne, il y a aussi une conséquence inattendue pour la ville : chaque record, chaque découverte, renvoie les projecteurs sur Cordoue et son patrimoine. Un tableau perdu qui refait surface à Londres, c’est un peu comme un écho venu de loin qui rappelle aux voyageurs où ce récit a commencé. Pour les amoureux d’art, cette histoire donne envie de revenir à la source. De passer la porte du musée Julio Romero de Torres, installé dans une maison patricienne à deux pas du Guadalquivir, et de regarder d’un œil nouveau les visages exposés. De se demander, devant La Chiquita Piconera ou La Alegría, combien d’autres toiles dorment encore dans des greniers, des salons ou des réserves de musées étrangers. Cette vente rappelle aussi que Cordoue n’est pas seulement la ville de la Mezquita, mais un foyer d’art moderne et d’histoires encore incomplètes. Les visiteurs qui viennent pour un week-end peuvent facilement combiner la visite du centre historique, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, avec une immersion dans l’univers de Romero de Torres. Et soudain, les patios, les ruelles de San Basilio, les silhouettes croisées sur la Plaza de la Corredera semblent sortir tout droit de ses toiles. Où ressentir Julio Romero de Torres à Cordoue aujourd’hui Si cette histoire de tableau retrouvé vous intrigue, voici trois lieux où l’on peut vraiment « rencontrer » le peintre à Cordoue : Le Museo Julio Romero de Torres Installé sur la Plaza del Potro, il rassemble les œuvres majeures du peintre, des portraits les plus célèbres aux études plus intimes. La scénographie permet de suivre son évolution, et les gardiens n’hésitent pas à partager de petites anecdotes si vous engagez la conversation. Les ruelles et patios de San Basilio En flânant dans ce quartier de patios fleuris, surtout lors du Festival des Patios en mai, on retrouve la palette chromatique et les atmosphères de ses tableaux : les murs blancs, le vert profond des plantes, le rouge sombre des géraniums. Les tavernes traditionnelles du centre Certaines bodegas historiques autour de la Plaza de la Corredera ou de San Andrés conservent des reproductions de ses œuvres ou des photos anciennes. En dégustant un verre de fino ou un salmorejo, on comprend mieux ce quotidien populaire qui nourrit son imaginaire. En reliant ces lieux, on sent combien le peintre reste « vivant » dans la ville. Pour ma part, c’est souvent en sortant du musée, en respirant l’odeur du jasmin le soir près du fleuve, que je me dis que les enchères londoniennes ne sont qu’un chapitre d’une histoire bien plus vaste : celle d’une ville qui continue à inspirer. Ce tableau perdu change-t-il notre regard sur Cordoue ? Cette vente record à Londres n’est pas seulement une anecdote pour amateurs de chiffres. Elle nous oblige à regarder autrement le lien entre une ville, son artiste et le regard du monde. À l’étranger, dans une maison de ventes discrète, une femme peinte il y a plus d’un siècle continue de susciter le désir, la curiosité, la compétition entre collectionneurs. Pour les Cordouans, c’est aussi un rappel : nos musées, nos archives, nos histoires familiales recèlent encore des trésors à redécouvrir. Pour les voyageurs, c’est une invitation à dépasser l’image carte postale et à entrer dans l’intimité culturelle d’une ville. Visiter Cordoue, ce n’est pas seulement photographier la forêt de colonnes de la Mezquita, c’est aussi apprendre à reconnaître la lumière particulière qui baigne les tableaux de Romero de Torres. Au fond, Cordoue se vit plus qu’elle ne se visite. Et si vous préparez un séjour ici, laissez-vous le temps : un matin au musée, une fin d’après-midi à flâner dans la Judería, une soirée à observer les visages sur les terrasses. Qui sait, peut-être croiserez-vous, au détour d’une ruelle, un regard qui vous rappellera celui d’une « Cordobesa » sortie d’un tableau. Et vous, seriez-vous prêt à traverser la ville – ou même l’Europe – pour voir de vos yeux une œuvre qui a failli être oubliée ? Partagez vos questions et vos coups de cœur en commentaires, ou sur Instagram avec le hashtag #EscapadeaCordoue 📸 Questions fréquentes Où voir des œuvres de Julio Romero de Torres à Cordoue ? Le lieu incontournable est le Museo Julio Romero de Torres, sur la Plaza del Potro, dans le centre historique. Il présente une vaste collection de ses portraits, allégories et scènes populaires. Certaines tavernes et espaces culturels de la ville exposent également des reproductions ou des documents liés au peintre. Le tableau vendu à Londres est-il officiellement reconnu comme authentique ? La vente à Londres s’est faite sous la mention « Circle of Julio Romero de Torres », mais plusieurs spécialistes, dont le collectionneur Blas García, défendent l’hypothèse qu’il s’agisse d’un original retrouvé. Une attribution définitive dépendra d’études plus approfondies et, sans doute, d’un travail de restauration. Pourquoi les tableaux de Julio Romero de Torres atteignent-ils de tels prix ? Le peintre bénéficie d’une forte cote sur le marché de l’art en raison de son style immédiatement reconnaissable et de la rareté relative de ses grands portraits emblématiques. Des ventes passées, comme celle de La Fuensanta à environ 1,2 million d’euros, ont renforcé cette valeur. De plus, son lien étroit avec l’identité andalouse attire autant les collectionneurs espagnols qu’internationaux. Peut-on combiner la visite du musée avec d’autres lieux à Cordoue en une journée ? Oui, tout à fait. Le musée se trouve à quelques minutes à pied du centre historique, de la Mezquita et des rives du Guadalquivir. En une journée, vous pouvez visiter le musée, flâner dans la Judería, traverser le pont sur le fleuve et terminer dans un patio de San Basilio pour prolonger l’atmosphère des tableaux dans la ville réelle. collectionMuséepeinture Partager 0 FacebookTwitterPinterestEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Flamenco à Cordoue : comment un marmolista nommé Fosforito a changé à jamais le cante jondo A lire aussi Flamenco à Cordoue : comment un marmolista nommé... 16 novembre 2025 Cordoue au son de Chopin : pourquoi l’Orozco... 15 novembre 2025 La Vaquera de la Finojosa en 2026 :... 15 novembre 2025 Orozco Piano Festival de Cordoue : écouter la... 15 novembre 2025 Flamenco à Cordoue : sur les traces de... 14 novembre 2025 Flamenco à Cordoue: adieu à Fosforito et itinéraire... 14 novembre 2025 Cordoue en deuil, le flamenco en héritage: Fosforito... 13 novembre 2025 Cordoue face à l’IA : dans une bibliothèque,... 13 novembre 2025 Cordoue en mode cinéma: la Semaine du cinéma... 12 novembre 2025 Cordoue, battement flamenco: vivre le Concurso 2025 de... 12 novembre 2025