Julio Romero de Torres revient à Cordoue: l’histoire incroyable de « Pensativa » et d’une muse retrouvée

Jeune visiteuse contemplant un grand portrait dans une salle de musée lumineuse, murs blanchis et sol carrelé.

TL;DR

  • 🖼️ Une toile perdue de 1921 réapparaît et raconte une autre Cordoue
  • 🕰️ La vie romanesque de Marina Lebret se mêle à l’histoire de la ville
  • 🌿 Un itinéraire sensible pour voir, sentir et comprendre le peintre

Julio Romero de Torres refait parler de lui à Cordoue: « Pensativa » réapparaît après un siècle d’errance. Qui était Marina Lebret, la femme du portrait, et pourquoi ce retour compte pour votre prochain voyage ?

Sous le soleil andalou, Cordoue aime les retours qui ont du sens. Saviez-vous qu’une toile « disparue » de Julio Romero de Torres vient de réapparaître ?

« Pensativa », peinte en 1921, vient de retrouver sa ville grâce à un collectionneur passionné. Pour nous, voyageurs lents et curieux, c’est plus qu’une nouvelle culturelle : c’est une invitation à relire Cordoue à travers le regard de son peintre le plus intime.

Une toile revenue de loin

Il y a des œuvres qui voyagent comme des romans. « Pensativa », portrait de Marina Lebret, a surgi à Madrid lors de la foire Feriarte 2025 et s’est vendue en un éclair — en 30 minutes seulement après l’ouverture. L’acheteur, le chirurgien-collectionneur pozoalbense Blas García, poursuit ainsi un patient travail de sauvetage du patrimoine romerien. Le tableau, présenté en 1922 à Buenos Aires, aurait vécu une longue parenthèse argentine avant d’être rapatrié, peut-être au moment du « corralito ».

Ce retour n’est pas anecdotique. Julio Romero de Torres, enfant de Cordoue, a bâti un imaginaire où la lumière, la féminité et le folklore dialoguent avec une mélancolie moderne. Savoir que « Pensativa » revient, c’est rouvrir une page où l’art andalou voyage, s’égare, puis retrouve son port d’attache. Et, croyez-moi, chaque fois qu’une œuvre de Romero rentre au bercail, on le sent jusque sur les pavés de la Judería.

Marina Lebret, une muse reliée à la ville

Qui était la femme derrière ce regard ? Marina Lebret Ballesta, née à Cordoue en 1900, fille de Louis Lebret, ingénieur français impliqué dans de grands chantiers locaux — du viaduc du Pretorio (1908–1924, démoli lors de l’arrivée de l’AVE en 1992) à la ligne ferroviaire Manzanares–Cordoue achevée en 1917. Son père accepta qu’elle pose pour le peintre à condition qu’elle soit toujours représentée vêtue : détail révélateur de l’époque et des codes familiaux.

La vie de Marina est un roman d’aventures. Mariage en 1926, départ pour l’Argentine, entreprises à Salta et Jujuy, puis séparation. En 1939, elle revient vers Cordoue avec ses enfants ; le bateau fait naufrage au large du Sénégal, la famille est sauvée par un armateur français, et atteint finalement la ville en janvier 1940. Marina mourra ici, en 1978, sur l’avenue República Argentina. Dans « Pensativa », je crois deviner ce mélange de détermination et de pudeur propre à tant de Cordouanes que je croise encore aujourd’hui.

« Cordoue n’est pas seulement un lieu, c’est une sensation qui s’attarde sur les visages. » — une guide locale

Pourquoi ce retour compte pour les voyageurs

Pour qui vient visiter Cordoue, ce retour éclaire une clé de lecture : Romero de Torres peignait des femmes réelles, prises dans l’histoire, la foi, la modernité. Suivre ses pas, c’est mieux comprendre l’entrelacs Andalousie – Mémoire – Quotidien. D’ailleurs, Blas García avait déjà récupéré et restauré « Adela Carbone, La Tanagra », ajoutant une pièce maîtresse à une collection d’une vingtaine de toiles.

Où voir cet univers aujourd’hui ? Le Musée Julio Romero de Torres, voisin du Musée des Beaux-Arts, réunit une collection essentielle. Selon l’Office du Tourisme de Cordoue, le musée présente un parcours complet de l’artiste, idéal pour saisir la palette symboliste et populaire qui fait sa singularité. Après la visite, une pause sous les orangers proches aide à laisser décanter les images — ce mélange de mantones, de guitares et de regards frontaux qui hantent le cœur.

Mon itinéraire sensible sur les pas du peintre

Le matin, je commence tôt, quand l’ombre est encore fraîche dans les ruelles. Du côté du Guadalquivir, l’eau reflète une lumière laiteuse ; je remonte vers la place où se trouvent les musées, et j’entre quand les salles sont encore calmes. Face à « La chiquita piconera » ou aux portraits de femmes au regard obstiné, je pense à Marina : une Cordoue qui voyage et revient.

À midi, je glisse vers une taberna discrète : azulejos, tables de marbre, un verre de fino. Les conversations vont et viennent, on parle de patios et de football, on salue un voisin. L’après-midi, je conseille une flânerie vers la Judería : jasmin, patio derrière une porte entrouverte, artisans du cuir à San Basilio. Ici, Romero de Torres n’est pas un souvenir muséal — il est une manière de regarder, d’éclairer le réel avec une douceur têtue.

Les 3 lieux à ne pas manquer pour sentir son univers

  1. Musée Julio Romero de Torres — La collection la plus dense, de ses débuts aux œuvres emblématiques. Prenez un audioguide et deux heures devant vous.
  2. Musée des Beaux-Arts de Cordoue — Juste à côté, il permet de replacer Romero dans le contexte pictural andalou et espagnol.
  3. Tabernas et patios historiques — Affiches anciennes, photos, azulejos : un décor vivant pour ressentir ce parfum de tradition modernisée.

Ces trois escales racontent une même histoire : l’art ici se vit au ralenti, dans les salles comme dans la rue. Et si vous aimez les nuits vibrantes, guettez la Noche Blanca del Flamenco en juin : vous comprendrez la musicalité qui traverse sa peinture.

Une histoire qui continue

Le voyage de « Pensativa » nous rappelle qu’une œuvre peut se perdre et se retrouver, comme un fil qu’on retisse entre continents. Pour les détails de l’acquisition et le feuilleton de la toile, je vous conseille la lecture du reportage — très complet — publié par Cordópolis: un tableau « disparu » de Julio Romero de Torres revient à Cordoue.

Au fond, Cordoue se vit plus qu’elle ne se visite. Et parfois, une seule peinture suffit à remettre le cœur à l’heure andalouse.

Et vous, où avez-vous ressenti le plus vivement l’âme de Romero de Torres à Cordoue ? Partagez vos coups de cœur en commentaires ou sur Instagram avec #EscapadeaCordoue 🌞

Questions fréquentes

Où peut-on voir des œuvres de Julio Romero de Torres à Cordoue ?

Le Musée Julio Romero de Torres réunit une collection majeure et se trouve à côté du Musée des Beaux-Arts. Vous pouvez visiter les deux le même jour et comparer contextes et influences.

Faut-il réserver pour le Musée Julio Romero de Torres ?

En haute saison (printemps et ponts), mieux vaut réserver un créneau ou arriver à l’ouverture pour éviter l’affluence. Consultez le site de l’Office du Tourisme de Cordoue pour horaires et tarifs à jour.

Quel est le meilleur moment pour visiter Cordoue ?

Avril, mai et octobre offrent des températures agréables. En mai, le Festival des Patios anime la ville, mais prévoyez plus de monde. L’été, optez pour les visites tôt le matin ou en soirée.

Un itinéraire rapide pour les amateurs d’art ?

Commencez par le Musée Julio Romero de Torres, enchaînez avec le Musée des Beaux-Arts, puis flânez vers la Judería. Terminez par une taberna traditionnelle pour prolonger l’ambiance culturelle.

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