Tu ne l’avais jamais remarqué… L’illustrateur de Baena passé des almazaras à l’affiche de Paul Thomas Anderson

Illustrateur d’âge mûr dessinant un portrait féminin sur un grand poster, atelier lumineux, croquis et pinceaux autour.

TL;DR

  • 🎨 D’un logo d’almazara à une affiche de cinéma, le grand écart réussi
  • 🍊 Un style cordouan à contre-courant du flat design qui séduit fort
  • 🎬 L’affiche mise sur la fille, pas DiCaprio… pari gagnant

Gabriel Moreno, illustrateur de Baena, passe des logos d’almazaras aux affiches de cinéma — et signe un poster poétique pour le nouveau film de Paul Thomas Anderson. Je te raconte comment un trait né à Córdoba a séduit Hollywood, sans renier ses racines.

Est-ce que tu savais qu’un illustrateur né entre oliviers et moulins d’huile pouvait décrocher l’affiche d’un film évènement à l’international ? L’histoire de Gabriel Moreno, enfant de Baena, est un petit séisme créatif pour Córdoba. En quelques années, il a troqué les logos de coopératives pour des portraits sensibles que l’on accroche aux cimaises… et maintenant aux façades de cinémas. Le twist qui change tout : son trait reste profondément organique, ancré dans la main, quand tant d’images sont devenues numériques et lisses. Résultat, une esthétique qui respire, comme la chaux au soleil sur les patios cordouans.

Du logo d’almazara à l’affiche de cinéma, vraiment ?

Le parcours semble improbable et pourtant… Le jeune diplômé en Beaux-Arts dessinait des identités pour des coopératives d’huile d’olive et des affiches institutionnelles. Puis il découvre l’illustration éditoriale, pile au moment où la planète design sature de vecteurs. Lui, il revient au crayon, à la sensualité du trait. Coup de chance, mais surtout coup d’œil : quand tout le monde aplatit, lui sculpte la lumière. En quelques mois, son style circule de Madrid à Barcelone, puis traverse l’Atlantique.

Ce que j’aime dans cette bascule, c’est ce que tout Cordouan connaît intimement : la patience du geste. Comme dans l’atelier d’un guitarrero du quartier de San Pedro, chaque trait est une fibre de bois que l’on polit. C’est pour cela que sa transition vers l’affiche de cinéma n’a rien d’un accident. Dans la suivante section, on plonge dans les coulisses du poster qui fait parler.

Pourquoi son trait analogique séduit Hollywood

Si tu as déjà déambulé dans la Mezquita au petit matin, tu connais cette sensation de douceur et de puissance mêlées. Chez Gabriel Moreno, elle prend la forme de visages ciselés et de regards lumineux, jamais clinquants. Ce langage, très cordouan au fond, tranche avec les codes marketing habituels : pas de 3D tapageuse, pas de typographies qui crient. À la place, une composition presque picturale, qui laisse la peau, les mains, les silences raconter l’histoire.

Dans un monde saturé d’images rapides, ce ralentissement séduit. Et le cinéma, quand il est grand, aime qu’on le regarde comme un tableau. Les studios le savent : une affiche qui vit au-delà du week-end de sortie devient un objet de désir, elle se collectionne, elle s’expose. C’est cette valeur durable — héritée des ateliers, des processions, des gestes qui se transmettent — que son travail injecte à l’imaginaire d’un film. Dans la section suivante, on parle précisément de ce choix artistique.

Dans l’atelier : Willa au centre, pas DiCaprio

Pour le poster de la nouvelle œuvre de Paul Thomas Anderson, Gabriel n’a pas simplement exécuté un brief. Il a d’abord vu le film en projection privée, a signé la confidentialité, et surtout a reçu une intention claire : capter la force et la tendresse de la protagoniste, Willa. Deux pistes créatives naissent alors. L’une, plus illustrative, proche de la presse. L’autre, plus picturale, comme un tableau accroché en galerie. C’est la seconde qui gagne.

Le détail qui tue : le visage le plus bankable n’est pas au centre. On choisit l’émotion, pas l’affichage. Une fille, un lien filial, des indices délicats de la relation père-fille qui portent l’intrigue. Dans une industrie obsédée par les têtes d’affiche, ce geste est presque subversif. Et c’est ce qui rend ce poster mémorable. Si tu veux le récit complet et ses coulisses, l’artiste l’a raconté dans une interview riche en détails à Cordópolis, à lire ici : https://cordopolis.eldiario.es/cultura/disenar-logos-almazaras-ilustrar-carteles-paul-thomas-anderson-alberto-rodriguez_1_12671089.html.

Les 3 détails que tu ne dois pas manquer

  1. Un mail venu de loin, un tri à l’œil: une agence propose son nom, le réalisateur accroche à son langage. Moralité: soigner sa signature visuelle paie.
  2. Prix, puis virage: après un grand prix d’affiche en Espagne, Gabriel se concentre sur l’art de galerie. Revenir au cinéma n’en a que plus de sens.
  3. Du terroir à la salle obscure: logos d’almazaras, mains qui se frôlent, regard féminin lumineux… Un fil rouge: la vérité du geste, pas l’effet facile.

Ce que cela change pour Cordoue maintenant

On sous-estime l’effet d’entraînement des percées locales. Voir un artiste de Baena signer une affiche internationale, c’est un phare pour les jeunes du C3A, des écoles d’art et des studios indépendants de la ville. Quelques conseils concrets si tu crées à Córdoba:

  • Assume ton ADN: lumière, matière, lenteur du geste… Ce sont des atouts.
  • Varie tes terrains de jeu: éditorial, art, musique, institutions. Les ponts se forment au croisement.
  • Prépare-toi aux délais courts: maquettes, variantes, itérations. L’excellence est une discipline.

C’est ainsi que l’on passe du local à l’universel, sans renier ses patios ni ses processions. Et quand l’affiche vit au cinéma puis en galerie, tu sais que tu as touché juste.

Questions Fréquentes

Qui est Gabriel Moreno, illustrateur de Baena, Córdoba ?

C’est un artiste né à Baena qui a commencé dans le design graphique (logos d’almazaras, affiches institutionnelles) avant d’imposer un style d’illustration au trait, sensuel et très pictural. Son travail circule en galeries et s’invite aujourd’hui sur des affiches de cinéma.

Pourquoi son style fonctionne-t-il pour une affiche de film ?

Parce qu’il privilégie l’émotion à la démonstration technique. Des visages habités, des détails signifiants, une composition qui respire: le spectateur projette son histoire. C’est efficace en salle comme en galerie.

Où peut-on voir ses œuvres à Córdoba ou en Andalousie ?

Paradoxalement, peu d’expo locales récentes: sa production file souvent vers des foires et galeries internationales. Surveille néanmoins les programmations du C3A et des espaces indépendants: des apparitions ponctuelles peuvent surgir.

Comment décrocher un projet d’affiche quand on est illustrateur ?

Soigne une identité forte et cohérente, publie un portfolio clair, et reste ouvert aux agences intermédiaires. Attends-toi à des clauses de confidentialité, des projections privées et des allers-retours serrés: c’est le jeu, et il peut valoir l’or.

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