Tu ne l’avais jamais remarqué… El Cordobés, l’icône pop qui a contaminé la musique mondiale, de Dalida au proto‑techno

Pochettes de vinyles vintage aux couleurs pop avec une silhouette de torero au centre.

TL;DR

  • 🎯 Un torero a inspiré Dalida, du jazz avant‑gardiste et du surf pop
  • 🌍 Des vinyles dédiés repérés du Japon à l’Iran, phénomène global
  • ⚡️ Une rock‑opéra à Londres et des bangers proto‑techno en Europe

El Cordobés pop avant la pop ? Oui, et pas qu’en Espagne. Je te montre comment un torero a inspiré Dalida, du jazz avant‑gardiste, du surf hollandais et même du proto‑techno. Surprise garantie.

Est-ce que tu savais qu’un torero a fait danser le monde ?

El Cordobés était pop avant la pop. On me l’a soufflé des dizaines de fois sur les patios cordouans, et la nouvelle expo du Museo Taurino (jusqu’à mi-novembre) le prouve avec panache: des dizaines de pochettes, du Japon au Mexique, ont utilisé son nom, son image, son mythe. En 1963, pendant qu’un quatuor de Liverpool réécrivait la musique, Manuel Benítez devenait un phénomène. Trois couvertures de Life au compteur dans les sixties: c’est le langage visuel d’une star mondiale.

Pourquoi lui ? Parce que son récit coche toutes les cases du pop: une silhouette reconnaissable (le fameux flequillo), un geste signature, une dramaturgie ultraclair. Résultat: compositeurs, orchestres et labels ont soigné la synchro entre l’Espagne rêvée et la pulsation internationale. La musique, ici, s’empare d’un symbole pour raconter l’Andalousie à la planète. C’est pour cela que l’exposition fascine autant; dans la section suivante, on déroule la mèche… et la bande-son.

Dalida en étendard, puis la vague mondiale des versions

Le vrai déclic? Dalida en 1966 avec «Manuel Benítez, El Cordobés», écrit par Gérard Bourgeois et Jean‑Max Rivière. Elle la chante en français, italien, espagnol… et le morceau devient un passeport planétaire. Des orchestres la reprennent (dont celui de Franck Pourcel) en jazz, en rythmes tropicaux; au Japon, Itoko Hayasaka la popularise, pendant que la Turquie s’en empare avec Kamuran Akkor. C’est l’effet boule de neige.

Et avant ça ? Des pasodobles dès 1961, comme «Olé, Manuel Benítez ‘El Cordobés’». Puis le flamenco arrive en force: Dolores Vargas ‘La Terremoto’ lance «Flequillo de oro»; Hispavox publie des LPs entiers avec fandangos, bulerías et tanguillos en son honneur (Curro de Utrera, Pericón de Cádiz…). Le cadre: l’Andalousie, mais diffractée par mille prismes. Ensuite, on traverse l’Atlantique: corridos mexicains avec Lolita la Tapatía, et même un pasodoble de mariachis gravé… en Yougoslavie en 1981. Dans la section suivante, on sort des sentiers battus pour explorer les genres les plus inattendus.

Jazz d’avant-garde, garage mexicain, surf: carte folle des genres

Là, prépare-toi au grand écart. En 1966, Annette Peacock et Paul Bley signent «El Cordobés», une pièce jazz d’avant-garde aussi libre que les passes du maestro. En 1965, au Mexique, une bande protopunk/garage, The Tepetatles, publie un LP aujourd’hui «Saint Graal» des collectionneurs, croisant l’énergie garage avec une imagerie hispanique pop.

Plus au nord, un groupe néerlandais nommé Los Indonesios sort l’instrumental surf «¡Olé, Cordobés!»: riffs reverb, vagues sonores, soleil en 45 tours. Et en parallèle, l’accordéon portugais de Vinicio emballe un «tango» dédié au matador: l’icône voyage, change de tempo, conserve sa silhouette. Anecdote délicieuse: un vinyle iranien arbore «El Cordobés» en arabe… pour une enseigne d’électroménager qui a financé l’édition. Commerce, musique et mythe se tiennent par la main.

  • À écouter en premier pour saisir l’éventail:
    • Dalida – Manuel Benítez, El Cordobés
    • Annette Peacock & Paul Bley – El Cordobés
    • Los Indonesios – ¡Olé, Cordobés!

Rock-opéra londonien, disco et proto-techno: l’onde de choc club

Quand l’icône devient récit total: «Matador», opéra rock (1987) composé par Mike Leander et Edward Seago, met la vie du torero en musique. La voix de Tom Jones incarne El Cordobés sur disque; le spectacle se joue au Queen’s Theatre de Londres. C’est la consécration théâtrale d’un mythe né… sans qu’il n’ait jamais chanté une note.

Pendant ce temps, d’autres sillons s’ouvrent: en Allemagne et aux Pays‑Bas, des 12" disco et proto-techno coiffent la danse d’un sombrero andalou. L’Europe, convalescente, retrouve l’allant sur les pistes; le nom «Cordobés» devient un label de vitesse, d’audace, de flair. Et en 1991, en Espagne, le duo synth-pop Phoenix signe «I love you torero / Cordobés», titre culte de crate-diggers; la rumeur veut qu’un certain futur crooner y ait glissé une note ou deux. Au-delà des mythes, la circulation est réelle: du ruedo aux stroboscopes, c’est le même frisson de risque et de panache.

Pourquoi ça marche encore: image, récit et Andalousie pop

Ce qui tient tout ensemble, ce n’est pas la tauromachie en soi: c’est l’archétype. Un héros audacieux, une coupe de cheveux iconique, un nom qui claque, et une Andalousie fantasmée – lumineuse, dramatique, rythmée. Les marketeurs d’aujourd’hui parlent de codes visuels forts; les artistes de l’époque l’avaient déjà compris. D’où la multiplication des pochettes où le torero écrase le nom du musicien, comme Marilyn ou le Che sur les affiches.

Évidemment, la tauromachie divise, et c’est normal. La musique l’a compris aussi: des groupes noise antitaurins l’ont cité pour questionner le mythe. C’est précisément ce débat qui garde l’icône vivante: rien de pire que l’indifférence. Pour Córdoba, c’est l’occasion d’expliquer, de contextualiser, de transmettre une culture complexe sans la figer. Dans la section suivante, je te donne des clés concrètes pour écouter, voir et creuser le sujet sans te perdre.

Voir l’expo, écouter mieux, chiner sans se ruiner

Si tu passes par Córdoba, le Museo Taurino présente «El Cordobés. Grandes Éxitos» jusqu’à mi‑novembre: sélection de pochettes et playlist aux petits oignons, commissariée par un collectionneur qui a traqué ces disques sur Discogs, Todocolección et dans les mercadillos. J’y ai passé un bon moment à décrypter les typos, les codes couleurs, les postures: une masterclass d’iconographie populaire.

Conseils pratiques:

  • Pour écouter: cherche «Manuel Benítez El Cordobés» et variantes multilingues; ajoute «Dalida», «Franck Pourcel», «Peacock Bley», «Cordobés surf».
  • Pour chiner: vise les pressages locaux (Turquie, Japon, Mexique), souvent plus abordables; vérifie état et tirage.
  • Pour comprendre: compare un pasodoble, une version pop et un remix dance – tu entendras comment le mythe s’adapte.

Tu repartiras avec une autre idée de Córdoba: pas seulement la Mezquita, mais une ville qui a su, un jour, prêter son nom à un tube mondial.

Questions Fréquentes

Où voir l’exposition El Cordobés Grandes Éxitos à Córdoba ?

Elle se tient au Museo Taurino, au coeur historique de la ville, jusqu’à mi‑novembre. On y découvre une sélection internationale de pochettes et une bande-son commentée. Idéal pour saisir le phénomène en une heure.

Quelles chansons écouter en premier pour comprendre le phénomène ?

Commence par Dalida («Manuel Benítez, El Cordobés»), enchaîne avec Annette Peacock & Paul Bley («El Cordobés») pour la touche avant-garde, puis «¡Olé, Cordobés!» en version surf. Ajoute un corrido mexicain et le synth-pop de Phoenix (1991) pour le grand écart stylistique.

Pourquoi El Cordobés a-t-il inspiré des musiciens bien au-delà de l’Espagne ?

Parce que l’icône coche des codes universels: audace, style reconnaissable, récit clair. Les médias internationaux l’ont propulsé (couv’ de Life), et les labels ont suivi, adaptant l’imaginaire andalou à chaque marché.

Où trouver ces vinyles rares sans exploser son budget ?

Sur des plateformes de collection (Discogs, Todocolección) et dans des marchés aux puces. Cherche les éditions locales, souvent moins chères, et privilégie les états VG+ au NM pour un bon rapport qualité/prix. Vérifie matrices et photos avant d’acheter.

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