Cinéma, flamenco et absence : pourquoi l’expo d’Ana Segovia au C3A bouscule la mémoire de Lola Flores

An evocative scene inside a contemporary art gallery, visitors pausing before vivid, theatrical paintings inspired by classic Spanish cinema and flamenco; a large projection in the background shows Lola Flores in mid-performance. Cinematic lighting with warm golden tones. Modern yet nostalgic ambiance blending visual arts and film.

Tu sais ce que relie vraiment le flamenco, le cinéma espagnol et l’art contemporain ? Cette expo d’Ana Segovia au C3A te réserve une surprise sur Lola Flores !

Une rencontre inattendue : cinéma classique et art contemporain en dialogue

À Córdoba, le Centre de Création Contemporaine d’Andalousie (C3A) crée une atmosphère unique où se croisent la magie du cinéma classique espagnol et l’audace de l’art actuel. Le 4 juin 2025, la projection de Pena, penita, pena (1953), chef-d’œuvre porté par la légendaire Lola Flores, s’inscrit dans un dialogue fécond avec l’exposition d’Ana Segovia Me duelen los ojos de mirar sin verte. Je dois avouer que rarement une programmation culturelle m’a autant intrigué !

Ce qui m’a frappé lors de ma visite préalable ? La manière dont Segovia puise dans le patrimoine cinématographique hispano-mexicain pour déconstruire les codes du regard et des représentations populaires. En confrontant les œuvres à la pellicule mythique de Morayta, on découvre des échos subtils entre absence et mémoire.

Lola Flores : présence fantôme ou muse vivante ?

Impossible d’évoquer Pena, penita, pena sans parler de Lola Flores – icône flamboyante du flamenco. Dans le film, elle incarne bien plus qu’une simple chanteuse : son jeu fait résonner les douleurs enfouies du peuple gitan, à travers la copla et la zambra andalouse. Pourtant… dans l’exposition de Segovia, Lola est partout… sauf physiquement présente ! Ce choix artistique fascine : on ressent presque son aura flotter dans chaque salle, comme si l’absence devenait un hommage vibrant.

Cette tension entre visibilité et effacement interroge notre rapport aux mythes culturels. J’ai perçu combien Ana Segovia capte cette énergie « fantôme » en revisitant les codes visuels des années 50 – couleurs saturées, compositions théâtrales –, mais en y injectant une touche critique ultra-contemporaine.

« La vraie mémoire n’est pas dans ce qui se montre mais dans ce qui persiste à manquer. »

En dialoguant ainsi avec la figure de Lola Flores – star du passé et muse invisible –, l’exposition propose une réflexion rare sur la façon dont nous célébrons nos héroïnes.

Copla, flamenco et cinéma : un triangle magique en Andalousie

Ce que j’ai adoré pendant la visite participative précédant la projection ? La lecture collective de coplas écrites par Rafael de León. Chanter à plusieurs voix ces vers poignants m’a replongé dans cette tradition orale où chaque mot pèse comme un secret transmis. Saviez-vous que ces chansons sont bien plus qu’un folklore ? Elles incarnent toute la résilience d’un peuple ayant traversé peines et joies sous le regard du monde.

Le film Pena, penita, pena sublime ce lien entre drame social et musique populaire : ici, le flamenco ne sert pas juste à divertir mais devient véhicule des émotions profondes – un trait d’union puissant entre douleur intime et résistance collective.

La rencontre entre exposition contemporaine et vieux cinéma ranime ce patrimoine vivant tout en lui donnant une saveur neuve : celle de nos questionnements actuels sur identité et représentation.

L’expérience C3A : immersion sensorielle et médiation participative

Au-delà du spectacle visuel ou sonore, c’est la dimension participative qui fait battre le cœur du projet. Lorsqu’on parcourt Me duelen los ojos de mirar sin verte, il n’est pas rare d’être invité à lire un poème ou partager ses impressions spontanées avec le groupe. Ce type de médiation transforme totalement l’expérience habituelle d’une exposition.

On passe ainsi d’un rôle passif à celui d’acteur ou témoin vivant du patrimoine collectif – sensation rare ! C’est aussi là où je pense que réside la force éducative du C3A : offrir des espaces pour questionner les images héritées plutôt que les consommer sans recul.

Pour prolonger cette réflexion sur le rôle des musées aujourd’hui : Une tribune passionnante sur l’art participatif.

Quand absence rime avec puissance évocatrice : regards croisés en 2025

En 2025 – époque où tout va vite –, se poser devant une toile inspirée par le cinéma espagnol des années 50 ou revoir une scène habitée par Lola Flores prend soudain un sens nouveau. On sent poindre une nostalgie douce-amère… Mais c’est justement là où Ana Segovia innove : elle ne recycle pas le passé mais l’interroge avec espièglerie et lucidité.

Quelques pistes qui m’ont marqué lors des discussions avec d’autres visiteurs :

  • Comment nos souvenirs collectifs façonnent-ils encore notre présent ?
  • L’absence volontaire (comme celle de Lola) peut-elle nous toucher plus qu’une présence évidente ?
  • Le dialogue entre peinture contemporaine et cinéma populaire ouvre-t-il vraiment des brèches inédites dans notre imaginaire ?

Pour aller plus loin sur cette thématique fascinante : Analyse approfondie sur les liens entre copla espagnole et représentation féminine.

Un modèle pour les musées de demain ?

Ce genre d’initiative me semble préfigurer le musée « vivant », capable non seulement de préserver mais aussi d’interroger activement notre héritage culturel. Les collaborations pluridisciplinaires comme celle entre Segovia (art plastique), Morayta (cinéma) ou Rafael de León (poésie/coplas) démultiplient les lectures possibles… tout en invitant chacun à devenir acteur de sa propre histoire artistique.

Et si finalement c’était ça le secret ? Non pas figer nos légendes nationales… mais apprendre à jouer avec elles pour mieux comprendre qui nous sommes aujourd’hui.

Questions fréquentes

### Est-ce que je peux assister gratuitement à ces événements au C3A ?
Oui ! Tant la visite commentée de l’exposition que la projection sont entièrement gratuites et sans inscription préalable – parfait pour improviser ta soirée culturelle.

### Faut-il connaître le film Pena, penita, pena avant la visite ?
Pas du tout ! L’équipe propose suffisamment de clés pour savourer autant l’exposition que le film même sans être expert.e en cinéma espagnol ou mexicain.

### Qu’apporte vraiment ce dialogue entre exposition contemporaine et cinéma classique ?
Il enrichit notre perception : on comprend mieux comment les symboles artistiques circulent entre générations… Et cela invite chacun.e à regarder autrement des figures comme Lola Flores ou les traditions musicales telles que la copla.

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