17 Comment la zarzuela s'enracine à Cordoue ? Découvrez le projet 'Zarzuela viva' vu de l'intérieur et ce qui rend la scène musicale locale si vibrante !Une passion locale : la zarzuela vue par une cordouane Lorsque j’entends les premières notes d’une zarzuela résonner dans un théâtre cordouan, c’est toute une tradition vivante qui s’anime sous mes yeux. La zarzuela, genre lyrique espagnol mêlant chant et théâtre, n’est pas simplement un spectacle du passé : elle pulse encore aujourd’hui dans nos rues, portée par des artistes locaux fiers de leur identité. Le projet « Zarzuela viva », récemment porté par l’Orchestre de Córdoba et ses solistes maison – dont la soprano interviewée –, en est la preuve éclatante. Ce qui m’a frappée en suivant ce projet de près, c’est cette volonté de « casser » les codes classiques. Au lieu d’imiter les grandes versions madrilènes ou barcelonaises, nos musiciens cordouans ont revendiqué leurs racines : ils interprètent ces œuvres en accent andalou, ou même en parler typiquement cordouan quand le livret le permet ! C’est plus qu’un clin d’œil localiste ; c’est affirmer que notre ville est au cœur du répertoire espagnol. De Granada à Sevilla : l’accent andalou au service de l’émotion Entendre les deux célèbres romanzas de ce programme – l’une se déroulant à Grenade, l’autre à Séville – chantées avec la musicalité si reconnaissable de l’Andalousie transforme complètement leur couleur. Je me souviens d’avoir discuté avec la soliste principale après une répétition : « Pourquoi toujours écouter les mêmes versions policées alors qu’ici les personnages sont eux-mêmes andalous ? » Ce parti-pris audacieux ne plaît pas à tout le monde… mais il touche profondément ceux qui connaissent vraiment la culture locale. Les nuances du parler cordouan dans le duo extrait de La chiquita piconera sont comme des clins d’œil complices adressés au public initié. Et ce n’est pas qu’une question linguistique : c’est toute une manière de ressentir et transmettre les émotions. La musique devient alors langage universel ET enraciné. Un orchestre et des lieux à défendre : plaidoyer pour un auditoire digne Derrière cette vitalité artistique se cachent pourtant des défis bien réels. Cordoue dispose certes de beaux théâtres – Gran Teatro, Teatro Góngora… – mais aucun auditorium moderne digne de notre patrimoine musical n’accueille encore régulièrement orchestres et grands chœurs. Vous pourriez être interessé par Camela revient en Terres Cordobaises et donnera un concert à Santaella 11 juin 2024 Les secrets cachés de la photo à Córdoba, révélés par García-Alix 15 avril 2025 Les musiciens rêvent d’un lieu adapté où répéter sans contrainte, conserver leurs instruments précieux et offrir aux habitants une acoustique à la hauteur des œuvres interprétées. Je partage totalement cet espoir ! Cordoue mérite mieux que d’être seulement une étape sur la carte culturelle espagnole : elle doit rayonner par sa capacité à accueillir et former ses propres talents. « La culture n’est jamais acquise définitivement ; elle doit être défendue au quotidien par ceux qui l’aiment » Je ne peux que relayer ici le combat actuel pour faire aboutir le projet d’auditorium – sujet brûlant dans toutes les conversations artistiques locales depuis plusieurs années. Pour aller plus loin sur ce point essentiel du débat culturel en Andalousie, je recommande cet article complet sur les enjeux actuels des infrastructures musicales en Espagne. Devenir voix soliste : parcours intime d’une vocation lyrique Au fil de mes rencontres avec chanteurs lyriques locaux (dont certains sont professeurs au Conservatoire), j’ai perçu combien ce chemin est exigeant. On imagine souvent que tout repose sur un don inné – or il s’agit surtout d’années de travail acharné et d’un mental solide. Les moments clés ? Bien sûr un premier rôle sur la scène mythique du Teatro de la Zarzuela en 2019 pour notre soliste interviewée ; mais aussi chaque représentation devant “les siens” ici à Cordoue… Le plus beau conseil reçu lors de ces entretiens ? « Chanter doit rester un plaisir : il faut savourer chaque note et construire petit à petit sa voix personnelle ». Cette philosophie fait écho aux valeurs andalouses d’authenticité et de transmission. Pour celles et ceux qui rêvent aussi de tenter leur chance dans le monde lyrique local (et pourquoi pas national), je conseille vivement de participer aux classes ouvertes ou concerts pédagogiques proposés chaque année par le Conservatoire supérieur Rafael Orozco. Héritage vivant ou patrimoine figé ? Réflexion sur la zarzuela aujourd’hui Ce qui différencie réellement Cordoue sur la carte musicale espagnole ? Sa capacité à allier respect du répertoire traditionnel et audace contemporaine. Grâce à l’enregistrement inédit du duo “La chiquita piconera”, notre ville prouve qu’elle sait valoriser son héritage sans tomber dans la routine. L’Orchestre local démontre sa qualité technique autant que son engagement civique (notamment via son combat pour un auditorium). Les jeunes artistes trouvent ici des modèles inspirants prêts à transmettre leur passion… sans élitisme ni fausse humilité. À mes yeux, c’est cette alliance entre mémoire collective forte et création perpétuelle qui donne à la zarzuela « made in Córdoba » toute sa saveur unique. Questions fréquentes Peut-on assister facilement à une représentation de zarzuela à Cordoue ? Oui ! Plusieurs théâtres programmant régulièrement des spectacles lyriques (Gran Teatro notamment). La saison varie selon les années mais il y a toujours quelques dates phares annoncées dès le printemps. Quelle différence entre chanter "en andalou" ou "en castillan standard" dans ce contexte ? Chanter en andalou insuffle authenticité et couleur locale aux personnages issus du sud ; cela rapproche davantage l’œuvre du public régional tout en révélant une facette rarement entendue ailleurs. Existe-t-il des formations dédiées pour devenir chanteur(se) lyrique ici ? Oui ! Le Conservatoire supérieur propose un cursus complet chant/lyrique reconnu nationalement. Des masterclass ponctuelles sont aussi organisées avec des artistes confirmés originaires d’Andalousie ou invités européens. AI-generated image created with DALL-E MusiquePatrimoine 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Film de science-fiction : Pourquoi ‘Bumblebee’ m’a surprise et mérite votre attention avant son départ de Netflix ! entrée suivante Patrimoine et thriller : Plongée inédite dans l’énigme de la Mano Negra à Jerez A lire aussi Orchestre de Cordoue : tu le savais ?... 5 septembre 2025 Cordoue, où l’amitié ressemble à un crush: voilà... 5 septembre 2025 Filmoteca de Andalucía à Cordoue : tu le... 4 septembre 2025 À Cordoue, Romero de Torres vs Warhol: tu... 4 septembre 2025 Sorolla revient avec une plage oubliée: ce que... 3 septembre 2025 Córdoba, résidence bretonne: mon carnet d’initié pour une... 3 septembre 2025 Arcana à Córdoba: la Mezquita chuchote une élégance... 2 septembre 2025 Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025