Vu de l’intérieur: 10+1 films du Festival de San Sebastián prêts à bousculer l’Espagne — et nos salles à Córdoba

Jeune spectatrice au premier rang d’un cinéma, programme en main, lumière chaude sur les fauteuils rouges.

TL;DR

  • 🎬 10+1 pépites repérées pour bousculer la saison ciné
  • 🌀 Thriller sous-marin, mémoire historique et docs musicaux au menu
  • 🌟 Bientôt en V.O. à la Filmoteca de Andalucía, promesse tenue

Festival de San Sebastián: tu veux savoir ce qui fera vibrer nos cinés à Córdoba dans 3 mois? J’y étais en repérage. Voici les 10+1 titres qui vont lancer débats, Goya-buzz et files à la Filmoteca.

San Sebastián depuis Córdoba: pourquoi ça compte vraiment

Est-ce que tu savais que ce qui se joue à San Sebastián décide souvent de ce qu’on verra à Córdoba d’ici trois mois? Chaque rentrée, je file humer l’air du large à Donostia avant de retrouver la terrasse d’El Brillante et la fraîcheur de la Filmoteca de Andalucía. Ce pont Nord–Sud n’est pas qu’un caprice: c’est là que se dessine le Goya‑buzz, que les distributeurs testent la température, et que se révèlent des films qu’on savourera en V.O.S.E. chez nous. J’y ai appris, au fil des éditions, à lire entre les lignes: la ferveur des séances du matin, les files à 22h, les conversations à voix basse dans les couloirs disent beaucoup du futur.

Je me rappelle encore avoir présenté La isla mínima à Córdoba après l’avoir vue lever une salle à San Sebastián: même rugissement, même silence final. Cette année, la sélection aligne des œuvres qui parlent d’addiction, de mémoire démocratique, de liens familiaux fissurés, de musique comme cordon vital — tout ce qui résonne dans une ville comme la nôtre, mosaïque de patios et de voix.

Poids lourds espagnols: tension, foi et fractures intimes

Côté hispanophone, les regards sont braqués sur le nouveau duo Alberto Rodríguez & Rafael Cobos. Avec Los Tigres, un thriller sous-marin au large d’un port andalou, on sent déjà l’odeur du gasoil et du sel: deux frères plongeurs, un aléa médical qui mord, un alijo découvert au mauvais endroit… Rodríguez excelle à faire suinter la pression morale des systèmes: s’il tient sa ligne, on aura un duel hommes‑milieu digne de Grupo 7, avec une mer qui juge et engloutit. Du même tandem, Anatomía de un instante revisite le 23‑F et ces trois silhouettes restées assises pendant que le pays retenait son souffle. Oui, c’est une série, mais sa présence ici confirme le virage d’auteurs vers le format long, sans perdre la rigueur du cinéma.

Alauda Ruiz de Azúa revient avec Los domingos: à Bilbao, une adolescente veut entrer au couvent. Sujet casse‑gueule? Justement. Elle creuse avec délicatesse les pressions religieuses, l’éducation, et la porosité entre intime et politique. À Córdoba, où l’on vit la Semaine Sainte autant que le scepticisme éclairé, ce film va susciter des débats riches, je te le garantis.

  • À surveiller: casting solide, écriture chirurgicale, dialogues qui piquent.
  • Potentiel Goya: interprétation féminine et scénario, clairement dans la course.

Auteurs internationaux: addiction, justice et lignes de faille

Edward Berger change de registre avec Maldita suerte: l’addiction au jeu, vue depuis le gouffre. Pas de moraline, mais une plongée sensorielle où dettes, panique et alcool s’emmêlent. Si tu as aimé le réalisme de Sin novedad en el frente, attends‑toi à une précision clinique appliquée au quotidien d’un ludopathe: respiration hachée, micro‑tics, couleurs qui trahissent l’obsession. C’est exactement le genre de film qui, en salle, te cloue au fauteuil.

Nuremberg, signé James Vanderbilt, rejoue la partie d’échecs judiciaire entre bourreaux et ceux qui les observent — jusqu’au risque d’en être hypnotisés. On devine un face‑à‑face tendu à la Le Silence des agneaux, mais ancré dans le réel. Ce n’est pas un simple “film de procès”: c’est la mécanique du mal mise à nu, avec la question qui fâche en 2025: qu’est‑ce qu’on n’a pas appris du XXe siècle?

Et puis Claire Denis, qui retourne en Afrique de son enfance cinématographique avec Le cri des gardes: un mort au travail, un capataz blanc, un frère qui réclame un corps au‑delà d’une barrière. Denis filme la frontière comme une cicatrice. Sobriété, chaleur écrasante, silences qui suffoquent: on parie sur une mise en scène au couteau, à voir absolument en V.O.

Musique à vif: quand l’Espagne s’écoute à cœur ouvert

Trente ans après sa disparition, Antonio Flores reçoit un hommage en clair‑obscur: Flores para Antonio nous fait traverser archives, dessins, cassettes retrouvées, et le regard d’une fille qui cherche son père au‑delà du mythe. Ici, la musique n’est pas décor: c’est le fil qui rattache une famille, une époque, un pays. À Córdoba, où le Festival de la Guitarra irrigue nos étés, ce documentaire parlera directement aux mélomanes — et pas seulement aux nostalgiques.

Autre choc attendu: Hasta que me quede sin voz suit, en première personne, un auteur‑compositeur face à sa propre voix qui flanche. Le courage de nommer la fragilité, l’atelier des chansons ouvert au public, et cette question universelle: comment continuer quand l’instrument devient capricieux? Dans nos salles, j’ai vu des publics pleurer sur des docs musicaux moins exposés: prépare les mouchoirs, et la discussion d’après‑séance au bar.

  • Pourquoi c’est fort: intimité assumée, archives parlantes, montage sensible.
  • Public cordouan: fans de rock, de flamenco, et curieux des coulisses créatives.

Où (et quand) les voir à Córdoba sans attendre trop

Bonne nouvelle: la plupart des titres repérés à San Sebastián atteignent nos écrans andalous entre octobre et janvier, avec parfois un passage éclair en avant‑première. Mon conseil de local: guette le programme de la Filmoteca de Andalucía (siège de Córdoba) pour des séances en V.O.S.E., souvent accompagnées de débats; puis le circuit des cinés en version originale (le Zoco, notamment) pour les sorties commerciales.

Côté distribution, les films d’auteur arrivent d’abord en salles, puis filent en festivals partenaires et, au bout de 3 à 6 mois, sur les plateformes légales espagnoles. Si tu veux briller en conversation: retiens que le “buzz Donostia” influence les nominations aux Goya: repère l’accueil critique et les prix parallèles, les files qui débordent au Kursaal, les standing ovations mesurées (plus de 5 minutes? Indice sérieux!).

Astuce de terrain: abonne‑toi aux newsletters locales et viens tôt aux projections post‑festival. Les séances de 19h se remplissent plus vite que celles de 21h à Córdoba — c’est l’heure des tapas, la concurrence est rude.

Questions Fréquentes

Quand sortent les films du Festival de San Sebastián en Espagne et en France?

En Espagne, les titres les plus attendus débarquent souvent entre octobre et janvier, pour garder l’élan jusqu’aux Goya. En France, compte plutôt 1 à 3 mois de décalage selon les distributeurs et les festivals relais. Les documentaires musicaux peuvent arriver plus tard, mais surveille les avant‑premières.

Où voir ces films en V.O. à Córdoba?

La Filmoteca de Andalucía (à Córdoba) programme régulièrement ces œuvres en V.O.S.E., parfois avec rencontres. Les cinémas qui proposent la version originale relayent ensuite les sorties commerciales. Inscris‑toi aux agendas culturels locaux pour ne pas rater les soirées spéciales.

Les séries présentées au festival seront‑elles visibles ici?

Les séries invitées en séances spéciales sortent via les plateformes ou les chaînes partenaires. Si l’auteur est très cinéphile (comme Rodríguez & Cobos), on voit parfois un montage « événement » en salle à Córdoba. Sinon, ce sera directement en streaming légal, V.O. incluse.

Quelles tendances du cinéma espagnol en 2025 faut‑il retenir?

Trois lignes fortes: le thriller social andalou hautement sensoriel, la relecture lucide de la mémoire démocratique, et l’intime à hauteur de famille (religion, deuil, identité). Ajoute une vague documentaire musicale très incarnée. Et, côté mise en scène, un amour confirmé pour la V.O. et les tournages en décors réels qui sentent la vraie vie.

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