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Violence de genre dans le flamenco : études de cas

par María Fernanda González

La violence envers les femmes dans le monde du flamenco : de tristes exemples du machisme dans la société espagnole.

Le flamenco, en tant que reflet de la société de chaque époque, a également reproduit, depuis ses origines, les attitudes machistes envers les femmes. Nous pouvons trouver de nombreux cas pour illustrer à quel point une société machiste et patriarcale pouvait provoquer des comportements extrêmes, identifiés à un modèle de masculinité qui justifiait, par un rôle de supériorité, les abus et expliquait la violence exercée par certains hommes sous prétexte de crimes passionnels. Revenons sur quelques cas survenus à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle.

Les agressions physiques dans les cafés cantantes

Dans les cafés cantantes (1860-1920), lieux de rencontres et de fêtes où l’on écoutait du flamenco, nous trouvons le cas d’une dispute entre un chanteur et une chanteuse à Madrid. Selon les différents journaux qui ont publié l’affaire, la femme a reçu un coup de bouteille (version la plus douce dans La Época) [1] parce que l’homme "n’a pas réussi à faire entrer d’autres raisons dans la tête de son amie"… jusqu’à la version la plus brutale et éclectique de la nouvelle : "Grièvement blessée d’un coup de couteau" (El Liberal) [2] [3].

[1] La Época, 12 août 1882.

[2] El Liberal, 20 novembre 1882.

[3] Mosaïque de la Plaza de la Cebada, Madrid.

Non, ce ne sont pas deux nouvelles différentes, mais la même publiée à deux dates différentes. Il est intéressant de noter le biais interprétatif de chaque journal.

Le cas d’Ana Rodríguez

Parmi les premiers cas de violence contre les femmes dans le monde du flamenco, on trouve la réaction insolite d’un homme, chauffeur des Consomos, lors d’une fête privée dans la rue Cruz Verde à Malaga. Antonio Romero, 23 ans, a tiré sur sa petite amie, la chanteuse Ana Rodríguez, âgée de 15 ans, alors qu’elle donnait un fandango dont les paroles disaient "Personne ne peut me tirer une balle / pour me briser le cœur". L’agresseur, ivre et assis à côté de la victime, a sorti un pistolet et lui a tiré dessus à bout portant, lui blessant le côté gauche de la poitrine, causant sa mort immédiate. Les signes de douleur et de repentir de l’agresseur après son acte brutal n’ont pas suffi [4] [5].

[4] El Balear, 4 août 1884.

[5] Rue Cruz Verde, Malaga.

Le cas de Rosario La Honrá

Dans le café cantante tenu par Silverio dans la rue Tendaleras à Huelva, un épisode de violence a également eu lieu, comme nous l’avions déjà mentionné en parlant de cet établissement. La chanteuse Rosario La Honrá a été touchée par une balle, heureusement sans conséquences graves [6].

[6] La Iberia, 1 juillet 1887.

La tragédie d’Ana López Piñero

Un acte criminel très critiqué par les analystes de l’époque a eu lieu dans la rue Carretas à Madrid en 1893. La prostituée Ana López Piñero a été jetée du balcon par son amoureux, un certain Varela, un homme riche fréquentant les milieux populaires où le flamenco était alors très présent [7] [8].

[7] La Vanguardia, 8 mars 1893.

[8] Rue Carretas, Madrid.

L’incident au Café del Burrero

Le Café del Burrero était souvent le théâtre d’agressions dans une atmosphère d’agressivité qui a poussé certains journaux comme La Provincia à établir une rubrique fixe intitulée "le crime du jour" où étaient relayés les actes de violence commis dans les cafés cantantes et ses alentours. Cette fois, la presse a fait état d’une jeune femme poignardée par un homme jaloux [9].

[9] Journal officiel de Avisos, 1894.

Le triste destin d’Ana Nieto

Le propriétaire du Café del Burrero, Manuel Ojeda, a lui aussi été protagoniste d’un acte de violence envers sa nièce Ana Nieto qu’il avait recueillie chez lui. Après la mort de sa femme, Ojeda, très déprimé et alcoolisé, a commis des actes violents comme mettre le feu à sa demeure et avoir des comportements agressifs envers sa famille et ses domestiques. Dans ce cas, les gardes sont intervenus et la jeune fille, attaquée à l’épée par son oncle complètement frénétique, a été soignée à l’hôpital [10] [11].

[10] El Noticiero Sevillano, janvier 1898.

[11] Café del Burrero, huile de Constantin Émile Meunier, 1883.

En conclusion

Ces quelques cas d’agressions physiques contre des femmes dans le monde du flamenco sont malheureusement une triste réalité de l’époque. Ils reflètent bien la société machiste et patriarcale dans laquelle ces actes de violence étaient tolérés ou même justifiés. Heureusement, grâce à l’évolution des mentalités et à la prise de conscience de l’égalité entre les hommes et les femmes, de telles situations sont maintenant fortement condamnées.

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