Vignobles absents : ce que cache la Cata du Vino à Montilla-Moriles

Carpa de la Cata del Vino en su reciente edición. / Luis Navarro

Découvre pourquoi la majorité des caves boude la Cata du Vino et ce que cela révèle vraiment sur le monde viticole local.

Pourquoi tant de caves choisissent-elles de ne pas participer à la Cata du Vino ?

En tant que journaliste installé à Córdoba, j’ai eu l’opportunité d’observer de près un phénomène surprenant lors de la dernière édition de la fameuse Cata del Vino Montilla-Moriles. Alors qu’on aurait pu s’attendre à une célébration réunissant l’ensemble des acteurs du vignoble local, ce sont seulement 14 caves qui ont répondu présentes. Ce chiffre semble peu représentatif face aux quelque 55 opérateurs officiellement répertoriés dans cette appellation d’origine protégée (AOP).

La polémique tourne autour d’une déclaration faite par le président du Conseil Régulateur, Javier Martín, affirmant que ces quelques participants représentent entre 85 et 90% du secteur. Or, cette affirmation suscite un profond malaise chez nombre d’acteurs exclus ou absents.

Ce clivage reflète en réalité un problème structurel : il y a une tendance lourde à valoriser uniquement les plus grosses productions – celles qui affichent hectares cultivés ou hectolitres produits – au détriment des petites caves familiales, coopératives et lagares traditionnels qui façonnent pourtant l’âme même de Montilla-Moriles.

À titre personnel, je me rappelle avoir visité récemment plusieurs petites exploitations où les vignerons insistent avec fierté sur leur savoir-faire ancestral transmis depuis des générations, bien loin des chiffres commerciaux.

L’organisation sous tension : dette et format contesté

Au cœur de cette désaffection se trouvent aussi des enjeux financiers non négligeables. Plusieurs membres du collectif VitiVinum pointent notamment les dettes impayées datant de deux éditions précédentes, freinant toute volonté de nouvelles participations.

Par ailleurs, le coût élevé exigé pour prendre part à l’événement exclut implicitement nombre d’opérateurs modestes qui n’ont ni les moyens ni l’envie d’assumer un tel budget. Cela renforce donc mécaniquement une sélection basée davantage sur le portefeuille que sur la qualité ou la diversité du vin présenté.

Le format lui-même est remis en cause ; beaucoup jugent qu’il ne permet pas une promotion optimale des produits ni l’atteinte d’objectifs économiques réalistes pour tous. Le changement récent de lieu et d’horaire a certes apporté une touche nouvelle mais sans bouleverser profondément les fondements organisationnels défaillants selon eux.

De mon expérience terrain récente dans plusieurs dégustations locales moins médiatisées mais très appréciées par les connaisseurs avertis, ces formats alternatifs permettent souvent plus d’interactions authentiques entre producteurs et amateurs passionnés.

Vers une réinvention nécessaire pour représenter tous les vignerons ?

Le débat soulève finalement une question essentielle : comment conjuguer représentation démocratique et efficacité promotionnelle dans un terroir aussi riche culturellement ?

Il semble clair aujourd’hui qu’un tournant est nécessaire afin que le Conseil Régulateur revoie ses critères pour embrasser pleinement sa mission publique plutôt que commerciale exclusivement. En tant qu’organe sous tutelle publique chargé de protéger ce patrimoine viticole unique au monde (Montilla-Moriles), son rôle est avant tout collectif et inclusif.

Je pense sincèrement que créer des synergies entre grands producteurs reconnus et petits artisans pourrait dynamiser non seulement la renommée internationale mais aussi renforcer durablement l’économie locale en valorisant toutes les expressions possibles du terroir andalou.

FAQ – Comprendre les enjeux autour de la Cata del Vino Montilla-Moriles

Est-ce courant qu’une minorité domine un événement viticole local ?
Oui malheureusement c’est fréquent lorsque le financement repose principalement sur ceux ayant le plus grand volume économique. Cela pose souvent problème en termes d’inclusion réelle.

Les dettes évoquées influencent-elles réellement la participation ?
Absolument : cela crée un climat financier tendu où certains acteurs refusent purement et simplement d’assumer ces coûts accumulés auparavant sans garantie claire.

Pourquoi changerait-on alors le format si peu efficace ?
Souvent par pression externe ou tentatives ponctuelles visant modernisation esthétique plutôt qu’un remodelage profond stratégique ou politique enfin partagé par tous.

Que peut faire un amateur pour soutenir toute cette diversité locale ?
Privilégier achats directs auprès des petits producteurs locaux ou visiter leurs installations contribue concrètement à préserver cet écosystème précieux.

Pour aller plus loin sur l’histoire fascinante du vin andalou, n’hésitez pas à explorer ces ressources enrichissantes !

Media: El Día de Córdoba – El Patio – Carpa de la Cata del Vino en su reciente edición. / Luis Navarro

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