Viana à scène : théâtre d’été à Cordoue, femmes en lumière et confidences de patio

a woman is looking into a mirror while brushing her hair

Le cycle Viana à scène sublime le théâtre à Cordoue : cinq spectacles, regards féminins inédits, dans l’intimité magique du Palacio de Viana. Tu veux savoir pourquoi ces soirées changent la donne ? Suis-moi…

Le patio devient scène : quand Cordoue célèbre la voix des femmes

Ah… l’été cordouan. La chaleur s’adoucit enfin, les patios s’illuminent doucement et le Palais de Viana se mue en salle de théâtre sous les étoiles. Depuis plus de dix ans déjà, le cycle Viana a escena invite les amoureux du spectacle vivant – locaux ou voyageurs curieux – à découvrir la richesse du théâtre contemporain dans un décor chargé d’histoire.

Mais ce qui me touche particulièrement cette année, c’est la place accordée aux femmes : protagonistes devant comme derrière le rideau. Ce n’est pas un hasard si chaque œuvre choisie éclaire une facette féminine, souvent ignorée ou stéréotypée ailleurs.

"Assister à une représentation au Patio de las Columnas, c’est entrer dans une bulle sensorielle où l’on sent les effluves du jasmin tandis que les voix résonnent contre la pierre ancestrale."

Essences invisibles : miroir des âges et luttes silencieuses

La pièce d’ouverture, Esencias invisibles, signée May López, s’attaque sans détour à ce tabou discret qu’on nomme "âgisme". Le regard social sur la femme qui vieillit – surtout après la retraite – reste chargé de préjugés pesants.

J’ai eu la chance d’échanger quelques mots avec May López lors d’une répétition matinale. Son engagement est palpable : « Ce qui m’importe ici, c’est de montrer que nos histoires ne s’arrêtent pas à un âge précis. Il y a encore tant d’envies à raconter et à vivre ! »

Sur scène, deux interprètes septuagénaires incarnent tour à tour une ex-cadre et une femme au foyer – trajectoires opposées mais blessures communes. Entre elles surgit Lucía Nevado avec une chorégraphie contemporaine pleine de tendresse : elle relie habilement passé et futur féminin dans une danse où le silence pèse aussi lourd que les mots.

Pour approfondir ce thème universel du vieillissement féminin en Espagne aujourd’hui (et son traitement dans l’art), je recommande ce dossier très complet : La situation des femmes âgées en Espagne.

Rire pour guérir : Venus y Baco et l’humour libérateur

Le 4 juillet marque l’arrivée d’une comédie décalée avec Venus y Baco par Proyecto Avanti. Imaginez-vous assise sous les arcades illuminées du patio alors qu’Elia Sánchez incarne une Vénus moderne – drôle, irrévérencieuse – accompagnée par Bacchus en personne (le dieu du vin !). L’idée ici n’est pas seulement de faire rire ; c’est surtout d’explorer comment l’humour nous soigne des drames quotidiens.

Dans mon carnet de notes j’ai relevé cette réflexion partagée par Elia juste avant sa première : « On oublie trop souvent que rire ensemble guérit nos petits chagrins… même dans les moments sombres. » Une leçon qu’on devrait appliquer bien au-delà du théâtre !

À travers la pièce se dessinent ainsi des ponts subtils entre traditions antiques (la mythologie revisitée) et préoccupations très actuelles sur le bien-être mental.

Tragicomédies entremêlées : Las sin escote & Un robo de narices

En juillet, deux œuvres viennent bousculer notre vision des liens humains et des solitudes ordinaires.

  • Las sin escote, montée par Vidriera Teatro (11 juillet), met en scène trois femmes dont les destins se frôlent puis s’entrechoquent. Mamen Rey dirige ici une tragicomédie bouleversante où humour et sororité forment un duo inattendu. J’ai été saisie par la sincérité des émotions transmises : douleurs intimes mais aussi coups d’éclat rieurs face aux injustices.
  • Un robo de narices (18 juillet) change radicalement de ton grâce à Maroma Teatro. Deux cambrioleurs maladroits tentent leur chance chez Don Julián… mais c’est sa solitude et ses fantômes qui finissent par voler la vedette ! Cette comédie astucieuse fait surgir la question brûlante des seniors isolés – sujet d’autant plus important depuis la crise sanitaire récente.

Pour aller plus loin sur l’engagement culturel auprès des personnes âgées en Andalousie : Culture et inclusion sociale.

Francisca Pellicer : redonner voix aux oubliées du patrimoine cordouan

Coup de cœur absolu pour la soirée finale (25 juillet) portée par Anthea Teatro : Francisca Pellicer. Una mujer en la sombra. Si tout le monde connaît Julio Romero de Torres – génial peintre local –, peu savent qui était Francisca Pellicer, son épouse restée trop longtemps éclipsée.

Entre récit théâtral haletant et prestations flamencas vibrantes (oui, cante jondo live inclus !), cette création embrasse plusieurs disciplines pour tisser un portrait nuancé d’une femme passionnée mais invisible aux yeux des biographes traditionnels.

Je t’assure que voir danser sous les lampions accrochés au patio tout en écoutant ces vers poignants laisse un souvenir vivace – presque charnel – du combat silencieux mené par tant de compagnes d’artistes.

Conseils pratiques & bons plans insider pour savourer l’expérience Viana a escena

  • Horaires parfaits : Toutes les pièces commencent à 22h pile – profite donc d’un dîner tardif typiquement andalou avant le spectacle !
  • Billets : 10€ seulement ; disponibles sur place ou via Palacio de Viana Billetterie.
  • Ambiance : Privilégie vêtements légers et chaussures confortables ; parfois il fait encore chaud tard dans la soirée.
  • Avant/après spectacle : Flâne dans les patios annexes ou réserve ta table chez l’un des petits restaurants voisins pour prolonger l’enchantement autour d’un verre ou quelques tapas locales.
  • Accessibilité : Le lieu est adapté PMR mais il vaut mieux arriver tôt pour choisir sa place sereinement.
  • Astuce locale : Les places étant limitées (succès grandissant chaque été), je te conseille vivement d’acheter tes billets dès leur mise en ligne !

S’offrir une nuit théâtrale au Palacio de Viana ? C’est goûter à Cordoue autrement : intime, authentique — entre rires partagés et réflexions collectives.

Le coin des questions

Est-ce qu’il faut parler espagnol couramment pour profiter pleinement ?

Non ! Même si certaines nuances échappent sans connaissance parfaite de l’espagnol parlé andalou, la gestuelle expressive et l’ambiance immersive permettent toujours de saisir l’essentiel — surtout lors des spectacles musicaux ou visuels.

Peut-on visiter le palais avant le spectacle ?

Oui ! Je recommande vivement cette option : venir tôt te permettra non seulement d’admirer les fameux patios fleuris mais aussi de mieux ressentir la magie du lieu avant que le rideau ne se lève.

Faut-il réserver très longtemps à l’avance ?

Il vaut mieux anticiper dès que possible car beaucoup de représentations affichent complet rapidement — notamment celles consacrées aux grandes figures locales comme Francisca Pellicer ou lors des soirées très attendues comme « Esencias invisibles ».

Photo by Christian GAFENESCH on Unsplash

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