Une fleur fissure l’asphalte : comment Cosmopoética fait de la poésie une résistance vivante à Córdoba

Lectures de poésie en plein air, micro, lumières chaleureuses, public attentif dans une place historique.

TL;DR

  • 🌸 La poésie comme acte de résistance, ici et maintenant
  • 🎤 Rap, flamenco et cinéma bousculent le cadre poétique
  • 🚲 Une ville-scène: patios, ribera et places deviennent micro

Cosmopoética t’intrigue ? Ce festival transforme la ville en laboratoire poétique: rap, flamenco, cinéma, philosophie… et des voix du monde entier. Je t’explique pourquoi cette édition s’annonce inratable.

Est-ce que tu savais que la poésie résiste mieux que l’acier ?

Cosmopoética revient avec un slogan qui claque: « Una flor abrió el asfalto ». C’est une image qu’on entend presque craquer sous les pas: la beauté qui pousse là où tout semblait stérile. À Córdoba, ce n’est pas qu’un joli mot: c’est un programme de bataille culturelle. Pendant neuf jours (du 26 septembre au 4 octobre), cinquante auteurs de dix nationalités déploient 60 rendez-vous dans 24 lieux de la ville. Inauguration en grand écart transatlantique avec Junot Díaz et Mayra Santos-Febres, clôture festive en plein air à la Plaza de las Cañas avec le pregón de David Uclés.

Pourquoi c’est fort ? Parce que la poésie ici sort des livres, traverse la rue, infiltre les patios, s’invite dans les tabernas, déferle jusqu’à la Ribera. Et parce que l’ambition est claire: unir littérature, musique, image et pensée pour parler du monde tel qu’il brûle. Je l’ai appris à Córdoba: quand un vers trouve sa place dans la rumeur des places, il devient bien plus qu’une ligne — il devient une respiration collective.

Cosmopoética, mode d’emploi: lieux, voix, vibrations

Le cœur bat à la Sala Orive, où « Verso a verso » orchestre des joutes intimes: Pablo García Casado face à María Ángeles Pérez López, Ana Vega Burgos, Ángela Segovia, Luci Romero, Ismael Ramos, Santiago Elso, Lola Tórtola… Des prix nationaux, oui, mais surtout des tempéraments. Si tu aimes écouter la langue travailler le réel, c’est ton salon d’écoute.

La ville toute entière se met au diapason: Conservatorio Músico Ziryab pour un hommage lyrique à Antonio Machado (150 ans, et toujours nos questions), Jardín Botánico, patios du centre historique, Casa de la Juventud, Centro Forforito, même les lycées. On parle de littérature dans des lieux où, d’habitude, la rumeur du quotidien fait loi. C’est pour cela que Cosmopoética est plus qu’un agenda: c’est une cartographie sensible de Córdoba. Et dans la section suivante, on passe la vitesse supérieure avec les formats qui débordent du cadre classique.

Versos expandidos: quand la poésie saute les frontières

Nouvelle section clé: « Versos expandidos ». L’idée? Laisser la poésie contaminer d’autres langages. Cinéma, philosophie, essais — des ponts plutôt que des murs. On y croise Laura Hojman, Luis Soto Muñoz ou Pilar Monsell, qui questionnent la mémoire et l’image avec la précision d’un scalpel. Côté pensée, Santiago Alba Rico, Chantal Maillard, Ana Carrasco Conde ou Lola López Mondéjar déplient des idées qui restent en tête quand la nuit tombe.

J’ai vu ici des spectateurs changer de siège mental: on arrive pour « écouter des poèmes », on repart en se demandant comment le cinéma pense, comment une voix peut découper un plan, comment un rythme de flamenco redessine une page. Ajoute un atelier de rap avec Haze, un atelier de letras flamencas avec David Eloy (concert inclus), et tu obtiens un laboratoire vivant. Dans la section suivante, on élargit encore: place aux périphéries, aux langues, aux exils.

En las afueras: mettre la périphérie au centre

La section « En las afueras » promet un salutaire déplacement du regard. Le festival l’assume: la périphérie n’est pas seulement un lieu, c’est une condition. Ici, des voix venues d’ailleurs (et parfois d’autres langues) prennent la lumière: Kamel Daoud, Sholeh Wolpé, Manuel Rivas, Najat El Hachmi. On parle d’exil, de frontières, d’identités mouvantes. Rien d’abstrait: la poésie devient boussole, parfois marteau, parfois berceuse, mais jamais décor.

Córdoba, ville-carrefour, sait ce que « mélange » veut dire. Entre l’ombre de la Mezquita et la lumière de la Ribera, les mots résonnent différemment; on les entend dans plusieurs couches d’histoire. C’est peut-être pour cela que Cosmopoética aime tant ces dialogues: ils rappellent que la littérature n’est pas un club privé mais une place publique, avec ses tensions et ses fêtes. Dans la section suivante, on passe en mode concret: comment vivre l’événement au plus près, sans rien manquer.

Conseils pratiques: patios, ribera, vélos et bons plans

Tu veux profiter sans te perdre ? Prends léger: un carnet, de l’eau, et des chaussures pour papillonner. Réserve tôt les rencontres phares à la Sala Orive — ça se remplit vite. Garde une soirée pour la Plaza de las Cañas: la clôture passe « côté rue » et c’est là que la ville chante avec les poètes. Ne rate pas « Versos sobre pedales »: une balade à vélo le long de la Ribera pendant laquelle les poètes lisent en roulant — c’est l’esprit Cosmopoética en mouvement.

Pause stratégique: une taberna près des patios pour débriefer une lecture et attraper une autre. Cherche les activités Cosmopeques si tu viens en famille: ateliers d’écriture, d’illustration, rencontres avec Beatriz Osés — de quoi allumer des étincelles chez les plus jeunes. Et si tu peux, cale le concert hommage à Machado et la performance de Susana Raya, qui revisite la guitare classique avec une finesse rare. Dans la suite, on revient au nerf du festival: la poésie comme résistance.

Pourquoi la poésie comme résistance, aujourd’hui ?

La phrase de Drummond de Andrade — « une fleur a ouvert l’asphalte » — n’est pas qu’un slogan: c’est une méthode pour traverser les temps d’incertitude. Ici, la littérature n’occulte pas le monde; elle l’affronte. Le rap pose le rythme des colères, le flamenco creuse l’âme du chant, le cinéma épingle la mémoire, la pensée clarifie le vertige. Ensemble, ils forment une écologie du sensible.

On cite Machado parce qu’il a su, au milieu des cataclysmes, préserver la justesse. On invite des voix d’ailleurs parce que notre « nous » gagne à se bousculer. Et on occupe la ville pour rappeler que la culture n’est pas un luxe mais une infrastructure intime. La poésie n’arrête pas les coups, mais elle apprend à les nommer — et nommer, à Córdoba comme ailleurs, c’est déjà reprendre souffle. Voilà pourquoi Cosmopoética ne vieillit pas: il s’affine, s’endurcit, s’ouvre.

Questions Fréquentes

Cosmopoética, c’est quoi exactement ?

C’est un festival international de poésie et arts voisins à Córdoba, neuf jours d’événements (lectures, ateliers, concerts, dialogues) dans toute la ville. On y croise des auteurs confirmés et des voix émergentes.

Quelles sont les dates et les lieux principaux ?

L’édition se tient du 26 septembre au 4 octobre, avec un cœur d’activité à la Sala Orive et de nombreux rendez-vous dans des patios, tabernas, la Ribera, le Conservatorio Músico Ziryab et des espaces culturels.

Quels artistes ou sections ne pas rater ?

Le duo d’ouverture (Junot Díaz, Mayra Santos-Febres), « Verso a verso » pour les lectures, « Versos expandidos » pour les croisements cinéma/philo, « En las afueras » pour les périphéries, et la clôture à la Plaza de las Cañas.

Y a-t-il des activités pour les enfants et des formats participatifs ?

Oui: Cosmopeques propose des ateliers d’écriture, d’illustration et des visites guidées. Côté participation, un atelier rap avec Haze, un atelier de letras flamencas avec David Eloy (concert inclus) et la balade « Versos sobre pedales » sur la Ribera.

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