2 TL;DR🔥 Un festival cordouan branché sur la Caraïbe, entre espoir et dissidence🌊 Un pont inattendu: du Guadalquivir aux îles, la poésie circule🦁 Les poétesses andalouses ressuscitées en show, frissons garantisCosmopoética surprend: et si le Guadalquivir parlait aussi créole? Entre espoir et dissidence, deux voix caribéennes ont bousculé Córdoba. J’y étais, et je te raconte ce que personne ne dit.Cosmopoética, dissidence caribéenne et espoir au micro Est-ce que tu savais que Córdoba a ouvert son grand festival de poésie avec un accent caribéen assumé ? J’ai pris place dans la salle – à deux pas de la Ribera où je marche chaque matin – et la scène vibrait déjà : deux vieux amis, un écrivain dominicain et une poétesse portoricaine, transformaient l’inauguration en atelier de guérison collective. Sous la houlette d’une nouvelle direction qui revendique « la propriété des choses partagées », Cosmopoética posait une question simple et vertigineuse : que peut la poésie, ici et maintenant, face à la barbarie ? Le premier a rappelé qu’il écrit sur le génocide, le racisme, la violence… avec l’outil le plus ancien : l’amour. Sa mère et ses telenovelas lui ont appris le secret : si le cœur bat, le lecteur tient jusqu’à la fin. La seconde a lancé un pavé dans la mare : dans la Caraïbe, la sexualité est un acte de liberté et d’auto‑affirmation. Pourquoi l’édulcorer ? Ensemble, ils ont rêvé d’une dissidence ibéro‑américaine, capable de panser 500 ans de douleur. C’est pour cela que la soirée, malgré un retard agaçant, a laissé ce parfum de promesse qu’on reconnaît aux vraies inaugurations. Guadalquivir et Caraïbes, un pont culturel bien réel « Le fleuve naît ici et meurt là-bas » : la phrase a claqué, et toute la salle a vu le fil invisible entre Andalousie et archipels. Ce lien, je le vis au quotidien : les soirs de levante, le Guadalquivir a le sel sourd des ports d’outre‑mer. Historiquement, la circulation des langues, des musiques et des corps a tressé une corde mêlée – pas toujours douce, mais indestructible. De ce tressage naît une imagination commune : la syncope qui traverse la bulería et la bomba, les images flamboyantes d’un soleil qui cogne, l’humour bravache des survivants. Dans le patio où j’ai guidé des poètes il y a quelques éditions, la conversation s’enflamme toujours sur la même tension : stéréotypes ou fierté ? Les invités l’ont assumé sans détour. Impossible d’échapper aux clichés exotiques, soit. Mais l’affaire n’est pas d’effacer la chair : l’enjeu, c’est de la penser. D’où la clé de voûte de la soirée : la communauté. Une communauté de langue, bien sûr, mais aussi de mémoire – et de futur. Dans la section suivante, nous verrons comment cette communauté se transforme en stratégie face au climat politique actuel. Art et censure: ce que Cosmopoética révèle aujourd’hui Le climat ? Pesant, parfois. Des collègues artistes, disaient-ils, perdent leur place ; l’austérité et l’« éducation au silence » gagnent du terrain. Quand on veut une société docile, on commence par précariser les créateurs. J’ai hoché la tête : ici aussi, les scènes indépendantes jonglent avec des budgets fil de fer, entre municipalités, mécènes et débrouille. Mais là où d’autres soirées se crispent, celle-ci a basculé vers une énergie rare : impossible de tuer l’art. On peut serrer, censurer, menacer. La création s’invente par le bas, encore et encore. Et la salle a applaudi, longtemps. Vous pourriez être interessé par Les cinémas d’été à Cordoue : un trésor à préserver 5 mars 2025 Shakira à Lima : la Fiesta peut attendre… 16 février 2025 Comme journaliste culturel à Córdoba, j’ai vu des générations de poètes tenir bon grâce au tissu associatif : ateliers en bibliothèques de quartier, scènes ouvertes sous les orangers de la Judería, lectures spontanées sur la Plaza del Potro. Ici, l’astuce pratique : beaucoup d’événements de Cosmopoética sont gratuits ou à prix doux – on s’inscrit tôt et on arrive dix minutes avant ; les traducteurs bénévoles font souvent circuler des résumés pour les non hispanophones. C’est là que la dissidence se tait et agit : dans la file, dans la salle, dans le carnet de notes. Poétesses andalouses: quand Wallada rugit encore à Córdoba La soirée s’est close par « Unas leonas somos » et, franchement, j’ai senti les poils se hérisser. On invoque sur scène les poétesses andalusíes – Wallada, l’insoumise qui brodait sur sa tunique des vers de liberté ; I‘timad, reine et poète au destin mélancolique ; Aixa et al‑Rakuniya, voix longtemps tues – et tout s’aligne. L’Andalousie du califat n’était pas seulement marbre et érudition : c’était aussi des femmes qui écrivaient dans l’ombre des salons, parfois contre la bienséance, souvent en dépit d’elle. Ce spectacle résonne à merveille avec la Caraïbe présente ce soir-là. Même geste de réappropriation : reprendre le corps, la langue, l’amour, non pas comme vitrines, mais comme outils de pensée. La pureté ? Une illusion qui rend malade – « la pureté crée l’hémophilie », disait-on sur scène. Les civilisations grandissent par le mélange ; Córdoba le sait, ses murs l’ont appris aux passages superposés. Et si cette édition est un tournant, c’est parce qu’elle relit son propre héritage au miroir d’îles qui n’ont jamais cessé d’écrire contre le vent. Conseils pratiques pour vivre Cosmopoética à fond Tu viens à Cosmopoética pour la première fois ? Voici ce que je recommande après quinze éditions dans les jambes. 1) Programme en main, trace un itinéraire piéton : les scènes se nichent dans les théâtres du centre historique, des patios aux salles à l’italienne. 2) Arrive tôt aux inaugurations et aux têtes d’affiche ; les files sont conviviales et les meilleures places partent vite. 3) Alterne lectures intimistes et grandes scènes : la magie opère autant dans une salle de 60 chaises que sous les projecteurs. Côté langue, la plupart des rencontres se déroulent en espagnol, mais beaucoup d’auteurs lisent dans leur idiome avant traduction : garde ton smartphone pour les bios et notes, et profites-en pour écouter la musique des mots. Pour souffler entre deux événements : un salmorejo en fin d’après-midi près de la Mezquita, une promenade au bord du Guadalquivir au coucher du soleil. Et, surtout, prends un cahier. À Cosmopoética, la poésie ne se consomme pas : elle se répond. Questions Fréquentes Cosmopoética à Córdoba, c’est quoi exactement ? Un festival international de poésie qui transforme la ville en scène ouverte : lectures, concerts littéraires, ateliers et dialogues. Sa force est de croiser héritage andalou, voix du monde et ancrage local. Chaque édition propose un fil rouge – cette fois, un accent caribéen assumé. Où trouver le programme et les billets des événements ? Le programme complet est publié sur les canaux officiels du festival et des institutions culturelles locales. Beaucoup de rencontres sont gratuites sur inscription ; pour les spectacles payants, mieux vaut réserver tôt, les petites salles se remplissent vite. Je ne parle pas espagnol : vais-je profiter quand même ? Oui. Les poètes lisent souvent dans leur langue puis en espagnol, et le contexte scénique aide beaucoup. Apporte un carnet pour capter des images, des sons, des noms à creuser ensuite. Certaines conférences proposent un surtitrage ou des résumés distribués à l’entrée. Quel est le lien entre la Caraïbe et Córdoba dans ce festival ? Il est thématique et sensible à la fois : une histoire partagée de langues et de métissages, des luttes communes, un même usage de la musicalité et du corps pour penser le monde. Cette édition met ce « pont » en lumière, du Guadalquivir aux îles, par la poésie et la scène. agricultureCommunautéLittérature 0 FacebookTwitterPinterestEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Tu ne l’avais jamais vu ainsi : un ‘gender reveal’ bouleverse le concert de Sebastián Yatra à Córdoba A lire aussi Tu ne t’y attends pas : 25 ans... 26 septembre 2025 Pourquoi la première Comic‑Con européenne à Málaga peut... 26 septembre 2025 Ouverture Cosmopoética 2025: Junot Díaz et Mayra Santos‑Febres... 26 septembre 2025 Guerre, paix et poésie en album: ‘Klera’ change... 25 septembre 2025 Le détail oublié qui change tout: comment Góngora... 25 septembre 2025 Vu de l’intérieur: Cosmopoética, Leiva, Pastora Soler et... 25 septembre 2025 Le détail qui fâche: sans auditorio, l’Orchestre de... 25 septembre 2025 Vu de l’intérieur: La Mesta rejouée à Belalcázar... 24 septembre 2025 Le détail oublié qui te happe : Luis... 24 septembre 2025 Tu ne l’avais jamais vu venir : Miriam... 24 septembre 2025