Tu ne l’avais jamais remarqué: la poésie est un regard — vu de l’intérieur de Cosmopoética à Cordoue

Deux autrices lisent sur une petite scène, micro et feuillets, lumière chaude.

TL;DR

  • ✨ La poésie, c’est un regard qui change tout
  • 📱 Le poème réclame du silence face au smartphone
  • 👩‍🦰 De Lorca à Blanca Varela: le canon se renverse

Cosmopoética te parle? Et si la poésie n’était pas une rime mais un regard? À Cordoue, j’ai suivi Aroa et Lara Moreno: deux plumes qui prouvent que le poétique traverse la prose, malgré nos écrans.

Est-ce que tu savais que la poésie tient moins à la rime qu’au regard? C’est la phrase qui m’a poursuivi en sortant d’une lecture de Cosmopoética à Cordoue: la poésie n’est pas un genre, c’est une façon d’habiter la langue et la lumière. Et quand deux autrices arrivent au festival avec une prose traversée de souffle lyrique, tout s’éclaire: ce n’est pas une contradiction, c’est la preuve. On vient chercher une vibration, une vérité brève, et parfois on la trouve mieux dans un roman ou un récit que dans un sonnet impeccable. Voilà le tournant culturel que tout le monde attendait: lire la poésie partout où elle se cache.

Poésie en premier: la magie d’un regard, pas d’une rime

Si tu entends “poésie”, tu penses métrique, comptines, rimes riches… Mais à Cordoue, on te souffle une autre clé: la poésie se niche d’abord dans la manière de regarder. Un détail, une coupe de phrase, une lueur sur la page. Cette idée, défendue avec simplicité, ouvre un espace: même les textes journalistiques peuvent vibrer s’ils cherchent l’émotion juste, sans trahir le réel. C’est pour cela que, même en temps difficiles, on peut écrire pour toucher — pas pour enjoliver, mais pour dire vrai. Et ici, dans une ville où la lumière tamise tout — patios, orangers, pierres blondes — on comprend combien l’œil fait la phrase. Dans la section suivante, on verra comment cette “vision poétique” traverse la prose d’Aroa et de Lara Moreno.

Cosmopoética à Cordoue, vu de l’intérieur et dehors

Cosmopoética n’est pas un salon compassé: c’est une polyphonie, un chœur qui se déploie dans la ville. Les lectures se répondent, les voix se frôlent, les silences font œuvre. J’aime cette sensation “vu de l’intérieur”: la poésie descend des vitrines académiques pour s’asseoir sur une chaise pliante, près d’un café ou d’un cloître. Et “vu de dehors”, Cordoue écoute, patiente, accepte des cadences lentes. On y entend l’Espagne, l’Amérique latine, mais aussi les frottements contemporains: écrans, attention, écologie de l’esprit. La 22e édition prend le pouls d’une chose simple et neuve: ramener la poésie au niveau du regard, au quotidien. Dans la prochaine section, entrons dans la prose que ces autrices ont amenée au festival — et pourquoi elle n’a rien de “moins poétique”.

Aroa et Lara Moreno: la prose traversée de poésie

Aroa Moreno arrive avec un roman (“Mañana matarán a Daniel”), Lara Moreno avec un recueil de récits (“Ningún amor está vivo en el recuerdo”). Sur le papier, ce n’est pas “poésie”. Dans l’oreille, pourtant, la musique s’impose: phrases brèves comme des cassures, images qui tenacent, respiration d’un poème. Aroa le rappelle: même en presse, on peut chercher l’émotion exacte pour raconter l’insoutenable. Lara ajoute: le poétique est inévitable, même quand la structure est narrative. Ce n’est pas de l’emphase; c’est une précision. La prose prend le relais pour élargir le champ, mais la caméra intérieure reste poétique. C’est pour cela que l’on quitte une lecture de prose avec la sensation d’avoir reçu un poème long. Dans la section suivante, on va parler de cette tension nécessaire avec nos téléphones — et comment la maintenir vivante.

Lire aujourd’hui: réseaux, silence, et un noyau polaire

Les réseaux ont redessiné nos réflexes d’attention. Scroller est facile, tenir un silence coûte. La poésie, elle, demande l’inverse: temps, respiration, marge blanche. Aroa dit que le poème a un “noyau polaire”: une densité qui aimante l’esprit. Lara confie que le poétique s’invite comme une idée qui tombe, fragile, menacée si l’on remplit chaque interstice avec un écran. Alors, on fait comment? Quelques gestes simples aident:

  • Rituel court: 10 minutes sans téléphone avant une lecture.
  • Carnet de poche: noter l’image qui s’allume, pas l’expliquer.
  • Une page, pas une heure: lire moins, mieux, relire.
    Ces micro-rituels changent tout: on réinstalle une écoute. Dans la prochaine section, on plonge dans un autre basculement majeur: le déplacement des références — des “ils” vers des “elles”.

Des elles aux elles: changer nos canons poétiques

Longtemps, on a appris la poésie avec “eux”. Et puis, le prisme s’ouvre: Blanca Varela, Anne Carson, Miriam Reyes — des voix qui déplacent la lumière. Aroa et Lara le disent sans fracas: nos références deviennent féminines, non par posture, mais par reconnaissance d’un langage où l’on se retrouve. Ce n’est pas un effacement des “grands poètes” (on aime toujours Lorca, Miguel Hernández), c’est un élargissement du canon. Pour le lectorat francophone, la bonne nouvelle, c’est l’accès croissant aux traductions et aux anthologies qui reconfigurent la carte (et qui gagnent des prix, signe que la réception suit). Conséquence pratique: quand tu prépares ta liste de lecture post-festival, mets-y des poètes femmes d’Espagne et d’Amérique latine; tu liras le monde autrement. Dans la section suivante, on explore ce que “marges et centres” veulent dire, de Madrid à Cordoue.

Cordoue en filigrane: centre, marges et territoires

Lara a beaucoup écrit Madrid comme centre et marge à la fois: la ville attire et exclut, elle demande d’entrer, on rêve parfois d’en partir. Aroa, elle, a écrit l’Euskadi pour comprendre des silences superposés: écrire pour penser, démêler. À Cordoue, cette dialectique est tangible: la Judería, centre touristique aimanté, côtoie des ruelles plus calmes où la ville respire autrement; le Guadalquivir sépare et unit, les patios cachent des jardins secrets. Écrire les marges, c’est saisir ce frottement. La poésie, ici, n’est pas nostalgie: elle prend le territoire au sérieux, avec ses fractures, ses irradiations. Mon conseil de lecteur·rice en flânerie: parcours une lecture au hasard, puis marche dix minutes sans parler; laisse la ville terminer le poème. Tu verras, le regard s’affûte. Et c’est bien cela, la promesse de Cosmopoética: apprendre à voir.

Questions Fréquentes

Cosmopoética, c’est quoi et quand a lieu le festival?

Cosmopoética est le grand festival de poésie de Cordoue, qui réunit chaque année des voix d’Espagne et d’ailleurs pour lectures, ateliers et rencontres. La 22e édition met l’accent sur le dialogue entre poésie et récit, et la ville devient scène à ciel ouvert.

Où lire Aroa Moreno et Lara Moreno en français?

Leurs œuvres récentes circulent d’abord en espagnol, mais on trouve des extraits traduits dans des revues et des anthologies contemporaines. Surveille les catalogues d’éditeurs indépendants de poésie et de récit hispaniques: les traductions arrivent souvent par ces maisons agiles.

Comment mieux lire de la poésie à l’ère du smartphone?

Crée une bulle: 10 minutes sans écran, carnet à portée, une page relue deux fois. Cherche l’image qui reste plutôt que le sens immédiat. La poésie travaille sur la durée, pas sur la vitesse.

Pourquoi parle-t-on d’un basculement vers des poètes femmes?

Parce que le canon s’élargit et que des voix longtemps sous-lues s’imposent par leur force esthétique. Ce n’est pas un effet de mode: c’est une correction du regard, confirmée par la diversité éditoriale et la réception critique.

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