The Last of Us : Ce que les monuments de Córdoba m’ont appris sur l’expérience du jeu

a small camera sitting on top of a table next to a potted plant

Pourquoi The Last of Us: Part II ne cherche pas à plaire, mais à nous bousculer ? Découvrons le parallèle avec l’âme profonde de Córdoba.

Un voyage émotionnel : entre ruelles cordouanes et univers post-apocalyptique

En arpentant les vieilles rues pavées de la Judería, il m’arrive souvent de songer aux récits que portent les pierres de Córdoba. Elles murmurent des histoires de conquête, d’amour et de trahison – tout comme The Last of Us: Part II transporte ses joueurs dans une fresque humaine d’une intensité rare. Les deux expériences, aussi différentes soient-elles en apparence, possèdent une essence commune : celle de nous confronter à la complexité du réel et des émotions humaines.

Là où tant d’œuvres cherchent le plaisir immédiat, le jeu de Naughty Dog (comme certains joyaux cachés de ma ville natale) ose nous déranger. Il ne s’agit pas d’un simple divertissement ; c’est un miroir qui nous force à voir ce que nous préférerions ignorer.

L’art d’éprouver plutôt que d’apprécier

On me demande parfois pourquoi tant de voyageurs préfèrent « cocher » les monuments majeurs plutôt que s’attarder dans les patios méconnus ou sur un banc ombragé au bord du Guadalquivir. Ma réponse est toujours la même : il faut vivre Córdoba lentement, l’éprouver – exactement comme on vit The Last of Us: Part II. Ce n’est pas une aventure taillée pour être aimée sans réserve.

Le choix radical du jeu – nous contraindre à incarner Abby après avoir assisté à la mort brutale de Joel – provoque un malaise sincère. Comme lorsque l’on découvre un détail douloureux dans notre histoire locale ou familiale. On voudrait refermer le livre… mais c’est là que réside la vraie richesse : accepter l’inconfort pour mieux comprendre.

Des éclats de lumière dans la nuit andalouse

Même dans la noirceur narrative du jeu (et parfois sous la chaleur accablante des soirs d’été cordouans), surgissent des moments suspendus qui illuminent l’âme. Je pense à cette scène bouleversante où Ellie chante "Take on Me" pour Dina – fragile instant d’humanité arraché au chaos. Cette séquence, tout comme un coucher de soleil sur la Plaza del Potro, reste gravée en moi bien après l’avoir quittée.

À Córdoba aussi, derrière chaque porte close peut se cacher un patio fleuri débordant de vie ou une anecdote inattendue racontée par une vieille voisine. Le jeu réussit ce tour de force : il offre ces instants doux-amers où se loge toute la beauté fugace du monde.

La violence et ses conséquences : miroir universel

Ce qui me touche particulièrement dans The Last of Us: Part II, c’est sa lucidité sur le prix réel de la vengeance et des choix humains. Dans notre histoire locale aussi – qu’il s’agisse des cicatrices laissées par l’Inquisition ou des tensions entre cultures jadis imbriquées à Córdoba –, rien n’est jamais tout blanc ni tout noir.

Quand Ellie s’enfonce dans la spirale destructrice, j’y retrouve ce vieux proverbe espagnol : « La colère est mauvaise conseillère ». Au fond, le jeu nous rappelle cette vérité universelle : nos décisions façonnent non seulement notre propre destinée mais celle des autres autour de nous.

Empathie et rédemption : deux clés cordouanes pour comprendre le jeu

Je vous avoue qu’il m’a fallu du temps pour éprouver autre chose que du rejet envers Abby. Mais comme je l’ai appris auprès des habitants généreux et ouverts ici à Córdoba (où chaque rencontre peut changer votre regard), j’ai fini par accueillir sa quête de rédemption avec plus de bienveillance. Son humanité vacille mais ne disparaît jamais complètement.

C’est là toute la force du récit vidéoludique moderne : dépasser le simple schéma manichéen pour embrasser toutes les nuances – comme lorsqu’on déambule entre mosquée-cathédrale et synagogue sans chercher forcément à choisir "le camp" historique idéal.

“Ce n’est pas confortable… mais c’est authentique.”

Voilà pourquoi The Last of Us: Part II continue encore aujourd’hui à diviser autant qu’à fasciner. Il tisse une expérience viscérale qui refuse catégoriquement toute satisfaction facile – tout comme certaines légendes locales ne révèlent leur sens profond qu’aux visiteurs patients et attentifs.

Pourquoi jouer (et voyager) sans attente précise change tout ?

Si je devais partager un conseil hérité aussi bien du voyage que du jeu vidéo : laissez-vous surprendre par ce que vous ressentez en chemin plutôt que par ce que vous pensiez trouver en arrivant. Que ce soit au détour d’une calleja silencieuse ou lors d’une séquence difficile avec Ellie ou Abby, autorisez-vous à vivre pleinement chaque émotion.

Car au final, ni The Last of Us: Part II ni Córdoba ne se livrent vraiment à ceux qui veulent simplement cocher une case supplémentaire sur leur carnet d’expériences.

Pour aller plus loin sur cette réflexion autour du récit vidéoludique et son pouvoir cathartique, je vous invite à lire cet excellent dossier proposé par Le Monde Jeux Vidéo.

Et si l’envie vous prend d’explorer vous-même cette tension entre lumière et obscurité typique des grandes histoires (qu’elles soient numériques ou urbaines !), n’hésitez pas à découvrir mon article consacré aux patios secrets de Córdoba !

Questions fréquentes

Pourquoi dit-on que The Last of Us: Part II est fait pour être "expérimenté" plutôt que "apprécié" ?

Parce qu’il vise avant tout à provoquer réflexions et émotions complexes chez le joueur, sans chercher systématiquement à lui offrir du plaisir ou des réponses faciles – une démarche similaire aux grands récits historiques ou aux voyages marquants.

Le parallèle avec Córdoba est-il pertinent si on ne connaît ni la ville ni le jeu ?

Oui ! Les mécanismes psychologiques évoqués sont universels : vivre intensément quelque chose (voyage ou histoire interactive) permet souvent d’en ressortir transformé·e.

Faut-il avoir joué au premier opus pour apprécier la profondeur morale du second ?

Il est fortement conseillé d’avoir vécu The Last of Us: Part I car ses enjeux émotionnels posent les bases essentielles pour saisir toute l’ambiguïté tragique du second épisode.

Photo by Danny Feng on Unsplash

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