Tauromachie et foi : Ce que le Vatican n’ose pas encore dire…

The facade of the Apostolic Palace at night, illuminated by projected images and bold messages against bullfighting, photorealistic style, contemplative mood, silhouettes of activists in the foreground and the grandeur of Vatican architecture under dramatic lighting.

La tauromachie est-elle vraiment compatible avec les valeurs chrétiennes ? Plonge dans l’histoire et les débats inédits autour du Vatican et des corridas.

Quand la tradition tauromachique croise la foi : une controverse qui s’enflamme

Qui aurait cru voir un jour des messages antitauromachie projetés sur la façade du Palais apostolique au Vatican ? L’image est saisissante : des activistes de PETA illuminant les pierres sacrées pour interpeller le pape Léon XIV sur la relation ambiguë de l’Église catholique avec la corrida. À travers ce geste, c’est tout un débat ancien qui resurgit : peut-on concilier une tradition culturelle marquée par la violence animale et les valeurs chrétiennes prônant compassion et respect de la vie ?

En tant qu’amateur d’histoire religieuse et témoin de débats passionnés dans ma propre famille espagnole — où l’on passe sans transition de la messe à la plaza de toros — je peux te garantir que la question divise bien plus profondément qu’on ne le croit. Si l’Église condamne en principe toute cruauté inutile envers les créatures de Dieu, comment expliquer ces bénédictions rituelles données aux toreros ou ces messes célébrées dans l’arène ?

Tauromachie et Église : une longue histoire de tiraillements

Loin d’être récente, cette controverse remonte au XVIe siècle ! Le pape Pie V, canonisé depuis, qualifiait déjà les corridas de « spectacles cruels du diable » et tenta d’y mettre un terme. Mais la réalité fut plus complexe : malgré cette condamnation officielle, certains papes suivants se montrèrent beaucoup plus tolérants, influencés par le poids culturel de la corrida en Espagne ou au Portugal.

Je me souviens avoir consulté lors d’un séjour à Séville des archives ecclésiastiques fascinantes où apparaissaient lettres et sermons enflammés—certains allant jusqu’à assimiler le courage du matador à celui du saint martyr ! Pourtant, il existe aussi une doctrine claire : « Causer souffrance ou mort inutile à un animal est contraire à la dignité humaine », selon le Catéchisme (paragraphe 2418).

"Chaque acte de cruauté envers toute créature est ‘contraire à la dignité humaine’", écrivait le pape François dans son encyclique Laudato Si’.

Les paradoxes contemporains : entre signatures et silence officiel

Ce qui frappe aujourd’hui, c’est le contraste entre le discours officiel de Rome – plutôt discret sur ces questions – et l’engagement croissant des fidèles. Près de 200 000 signatures collectées par PETA invitent désormais le nouveau pape à trancher clairement. Cette mobilisation reflète une évolution profonde des mentalités catholiques : une jeunesse éduquée sensible à l’éthique animale, mais attachée aux rites locaux.

Dans mon cercle d’amis — croyants convaincus comme agnostiques curieux — on observe deux camps irréconciliables : ceux pour qui bannir la corrida serait renier une part du patrimoine espagnol ; d’autres persuadés que compassion chrétienne et souffrance taurine sont incompatibles. Le débat va bien au-delà du folklore : il touche à l’essence même du rapport moderne à la tradition.

Pourquoi le Vatican hésite-t-il toujours à se positionner clairement ?

Le silence relatif du Saint-Siège trouve plusieurs explications. D’abord, le souci diplomatique de ne pas froisser certains pays latins où la corrida fait partie intégrante des fêtes religieuses locales (comme lors des férias). Ensuite, parce que toute déclaration ferme risquerait d’ouvrir un débat bien plus vaste sur d’autres traditions jugées cruelles.

Mais il y a aussi une prise de conscience nouvelle. En 2025, alors que les questions écologiques et éthiques prennent une importance majeure dans l’Église universelle (voir Laudato Si’), difficile d’ignorer plus longtemps l’appel grandissant à repenser notre rapport aux animaux.

Pour approfondir ces enjeux contemporains autour religion et animalité, consulte aussi ce dossier complet sur les relations entre foi chrétienne et défense animale.

Des pistes concrètes pour dépasser le conflit tradition-éthique

Comment sortir par le haut de cette impasse ? Plusieurs voix suggèrent déjà des solutions originales :

  • Remplacer progressivement les mises à mort publiques par des démonstrations artistiques non violentes (corridas portugaises sans effusion de sang).
  • Valoriser les fêtes populaires alternatives centrées sur les chevaux ou d’autres symboles moins polémiques.
  • Favoriser l’éducation morale dans les écoles catholiques autour du respect animal sans diaboliser brutalement la culture taurine locale.
  • Dialoguer davantage avec les représentants associatifs lors des grands rassemblements religieux régionaux.

Mon expérience personnelle auprès d’associations chrétiennes m’a montré qu’il existe bel et bien un terrain commun possible — fait d’écoute mutuelle et de créativité culturelle. La clé sera sans doute moins dans l’anathème que dans la pédagogie patiente.

Regard vers demain : vers un aggiornamento éthique ?

Il est probable qu’à moyen terme l’Église opère une mutation similaire à celle vécue face à d’autres questions sociétales (environnement, égalité femmes-hommes…). Les pressions extérieures – dont celle spectaculaire initiée par PETA devant le Vatican – poussent désormais les autorités religieuses à sortir du bois.

Peut-être assisterons-nous bientôt à une nouvelle encyclique prenant position plus explicitement pour un “humanisme élargi” englobant toutes les créatures vivantes ? C’est en tout cas ce qu’espèrent nombre de jeunes catholiques militants pour lesquels foi rime désormais avec responsabilité écologique…

Comme souvent dans l’histoire chrétienne, c’est au contact direct entre traditions anciennes et questionnements modernes qu’émergent les avancées durables. Un vrai défi… mais aussi une formidable opportunité !

Questions fréquentes

L’Église a-t-elle déjà officiellement interdit toutes formes de tauromachie ?

Non : après Pie V qui avait tenté en vain d’interdire ces pratiques au XVIe siècle, plusieurs papes ont laissé faire pour ménager traditions nationales. Aujourd’hui, aucune condamnation claire n’existe au niveau mondial.

Pourquoi tant de prêtres continuent-ils à bénir toreros ou arènes ?

Souvent par tradition locale ou pression sociale ; il s’agit moins d’une approbation doctrinale que d’un usage enraciné depuis des siècles dans certaines régions ibériques.

Est-il possible d’organiser des fêtes taurines sans mise à mort ni souffrance animale ?

Oui ! De nombreux exemples existent déjà au Portugal ou en France où on privilégie des formes artistiques ou sportives respectant mieux le bien-être animal.

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