126 L’histoire du film "Sueños y Pan" : une plongée dans la réalité de la périphérie de Madrid Le film "Sueños y Pan" raconte l’histoire de trois amis originaires de la périphérie de Madrid qui décident de voler un tableau dans le but de s’enrichir rapidement. Cette histoire simple est filmée avec une profondeur et une perspective remarquables par le réalisateur Luis Soto Muñoz, originaire de Baena, une ville située dans la province de Cordoue. Son premier long-métrage sortira ce week-end dans les salles de cinéma espagnoles et est déjà considéré comme un exemple du nouveau genre qu’est le "cinéma neoquinqui". Le cinéma neoquinqui, une étiquette qui ne convainc pas le réalisateur Si certains qualifient "Sueños y Pan" de film neoquinqui, Luis Soto Muñoz n’est pas vraiment d’accord avec cette étiquette. "Le cinéma quinqui est un genre risqué. Il est très lié à une époque et à une esthétique cinématographique spécifique", explique-t-il à Cordópolis. Pour le réalisateur, son film s’inscrit plutôt dans la tradition picaresque espagnole que dans celle des histoires de délinquants de la périphérie. En termes de cinéma, son inspiration principale vient d’un film de Carlos Saura : "Los Golfos" (1960), plutôt que de "Deprisa, Deprisa" (1981), qui est considéré comme un véritable film quinqui. De "Los Golfos", le premier film de Carlos Saura, Luis Soto Muñoz a emprunté les décors situés en périphérie de Madrid ainsi qu’une photographie en noir et blanc d’inspiration néoréaliste. Cela le rapproche également d’autres films, venant d’ailleurs, tels que le premier film de Martin Scorsese, "Who’s that knocking at my door" (1967), ou encore "Banda aparte" (1967) de Godard. Tous ces éléments créent une atmosphère atemporelle et diffuse, où il est difficile de situer les personnages. Bien que les thèmes abordés soient toujours d’actualité, l’histoire se déroule au début des années 2000. "Le film prend du recul, au moins visuellement, par rapport à notre réalité et à notre façon de communiquer aujourd’hui. Mais il traite de sujets toujours d’actualité, comme le désespoir des personnages et certains facteurs socio-économiques qui touchent beaucoup de jeunes de ma génération aujourd’hui : le manque de direction, l’incertitude face à l’avenir, etc.", réfléchit Luis Soto Muñoz. Bien qu’il se déroule au début des années 2000, le film ne montre pas les résultats de la croissance et du développement urbain de l’Espagne sous l’ère de José María Aznar. Une critique de la méritocratie et de la malchance héréditaire La "méritocratie" est un thème important du film. Luis Soto Muñoz remet en question l’idée selon laquelle la malchance pourrait être transmise de génération en génération. "Dans certaines conditions sociales et dans certains milieux familiaux, il est difficile pour une personne de sortir de ces dynamiques", explique-t-il, ajoutant que certains ont vu un espoir dans cette histoire tandis que d’autres ne l’ont pas perçu de la même manière. Un caméo inattendu : El Coleta, le rappeur madrilène Bien que "Sueños y Pan" ne soit pas un film quinqui, il réserve une surprise pour les jeunes passionnés de l’esthétique néolúmpen : un caméo d’El Coleta, le rappeur et réalisateur madrilène. Ce dernier joue un rôle à l’opposé de sa réputation de rappeur, incarnant un hipster dans une galerie d’art. Les réalisateurs du film se sont directement adressés à lui après avoir parlé de "Kinky Stars", un film de Juan Vicente Córdoba sur le phénomène du cinéma lúmpen espagnol des années 70 et 80. Les films neoquinqui : une tendance actuelle du cinéma espagnol Il est difficile de ne pas évoquer le sujet avec le réalisateur de "Sueños y Pan", même si son film ne s’inscrit pas dans la même approche que d’autres films récents tels que "Criando Ratas" de Carlos Salado en 2016 ou "Las leyes de la frontera" de Daniel Monzón en 2021. "Il existe une dynamique spécifique pour qu’un film soit qualifié de quinqui. C’est un genre qui, en plus de décrire la délinquance de son époque, est réalisé dans un contexte bien précis. Mon film, quant à lui, a été réalisé après coup et a des objectifs esthétiques différents. Dans ce sens, je ne le considère pas comme un film quinqui, même si je m’y suis habitué", conclut Luis Soto Muñoz. 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Devenez membre, faites un don à Cordópolis et avec votre aide, nous pourrons construire une société cordouane plus libre et mieux informée. source : Cordópolis – ‘Sueños y pan’, la película neorrealista y picaresca cordobesa que es mucho más que cine quinqui 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Soberano et Teja : le couple de lynx qui a trouvé refuge dans le Parc Naturel de la Sierra de Cardeña et Montoro entrée suivante La Fondation Artdecor suspend son projet ‘Córdoba, ville des idées’ en raison du manque de soutien municipal A lire aussi Orchestre de Cordoue : tu le savais ?... 5 septembre 2025 Cordoue, où l’amitié ressemble à un crush: voilà... 5 septembre 2025 Filmoteca de Andalucía à Cordoue : tu le... 4 septembre 2025 À Cordoue, Romero de Torres vs Warhol: tu... 4 septembre 2025 Sorolla revient avec une plage oubliée: ce que... 3 septembre 2025 Córdoba, résidence bretonne: mon carnet d’initié pour une... 3 septembre 2025 Arcana à Córdoba: la Mezquita chuchote une élégance... 2 septembre 2025 Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025