Roman historique à Cordoue : Et si on avait tué Fernando VII ?

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Plonge dans la Cordoue de 1810 avec ‘Matar a Fernando VII’ et découvre comment un complot aurait pu bouleverser l’histoire d’Espagne !

Une uchronie audacieuse au cœur de la tourmente espagnole

Quand j’ai ouvert le roman ‘Matar a Fernando VII’, fraîchement publié par la maison cordouane Almuzara, je me suis retrouvée plongée dans l’Espagne de 1810. Une époque fiévreuse où Cordoue, ma ville natale, oscillait entre peur et espoir. Si l’on croit souvent connaître cette période – les guerres napoléoniennes, les Cortes de Cádiz en pleine effervescence – ce livre propose une variante déroutante : et si un groupe de conspirateurs avait réussi à assassiner Fernando VII, le symbole du retour de l’absolutisme ?

Ce qui m’a frappée dès les premières pages, c’est la capacité de David Fernández à faire revivre les ruelles sombres et les salons feutrés où se jouaient des destins individuels aussi bien que collectifs. Il ne s’agit pas simplement d’un thriller historique ; c’est une exploration des tiraillements entre libéraux et absolutistes, doublée d’un regard sur les dilemmes moraux auxquels étaient confrontés nos ancêtres.

Espions, trahisons et dilemmes moraux sous le soleil andalou

L’auteur, historien gaditano chevronné et passionné par la mémoire collective (j’ai lu ses précédents romans lors d’un voyage à Cadix !), tisse une intrigue haletante mêlant espions aux identités troubles, alliances fragiles et coups du sort qui rappellent combien l’Histoire tient parfois à peu de choses. Les scènes d’espionnage sur la Real Isla de León prennent une dimension presque cinématographique tant elles sont décrites avec précision – odeurs marines mêlées au cuir des uniformes, bruits feutrés dans les arrière-salles… On sent que Fernández connaît son sujet sur le bout des doigts.

Mais là où le roman dépasse l’exercice académique, c’est dans sa capacité à incarner les conflits intérieurs. Les personnages doutent, vacillent : tuer un roi pour libérer un peuple ? Ou préserver la légitimité monarchique malgré tout ? La question du prix du progrès n’a jamais été aussi brûlante.

Ce que ‘Matar a Fernando VII’ révèle sur notre identité andalouse

Pour moi qui sillonne les places historiques de Cordoue depuis l’enfance (savez-vous que certains couvents cachent encore des souvenirs du passage des troupes françaises ?), ce roman fait écho à notre rapport intime au passé. L’Andalousie n’a jamais été simple spectatrice : elle a toujours oscillé entre révolte et conservatisme. Cette tension se retrouve subtilement dans la plume de Fernández — il rappelle que derrière chaque grande décision politique se cachent des femmes et hommes ordinaires pris dans la tourmente.

En creusant cette « uchronie » – ce récit d’un possible jamais advenu –, on saisit mieux combien notre histoire est faite non seulement d’événements réels mais aussi de toutes ces bifurcations ratées ou avortées. Et cela donne matière à réfléchir sur nos choix collectifs aujourd’hui.

Pourquoi ce roman marque-t-il une nouvelle étape pour le roman historique espagnol ?

Beaucoup de romans historiques sombrent dans le folklore ou l’excès de didactisme. Ici, on avance guidés par une narration vivante et documentée – sans lourdeur ni caricature. Le style est tendu comme un fil rouge : chaque dialogue pèse son poids de secrets ; chaque description évoque plus qu’elle ne montre. On sent derrière ces pages un travail rigoureux (l’auteur enseigne en faculté !) mais surtout une vraie envie de partager le vertige du "et si… ?"

À mes lecteurs avides d’authenticité : vous ne trouverez pas ici une vision manichéenne ou fantasmée du passé andalou. C’est justement parce qu’il ose explorer nos ombres collectives que ‘Matar a Fernando VII’ s’impose comme lecture incontournable pour tous ceux qui veulent comprendre – vraiment – ce qui anime encore aujourd’hui notre imaginaire politique.

Pour découvrir d’autres regards locaux sur l’histoire espagnole contemporaine, je vous conseille aussi cet entretien passionnant avec l’auteur. Vous y retrouverez son analyse fine des fractures idéologiques qui parcourent encore notre société.

Comment Cordoue reste-t-elle marquée par cette histoire méconnue ?

En flânant dernièrement près du Palacio de Viana ou sous les arches blanches du quartier San Basilio, j’ai réalisé combien certaines pierres portent en elles la mémoire silencieuse des conflits passés. Nos guides touristiques évoquent rarement cette tension entre tradition monarchique et aspirations révolutionnaires ; pourtant elle continue d’habiter nos débats actuels — qu’il s’agisse du rôle du pouvoir central ou des mouvements populaires contemporains.

Ce livre permet ainsi une plongée originale dans ce passé tumultueux où rien n’était écrit d’avance. En tant que locale passionnée (et lectrice assidue !), je peux affirmer que rares sont les romans capables de conjuguer suspense haletant et réflexion profonde sur le destin collectif.

Pour approfondir ce sujet fascinant autour des révolutions ibériques — qui dépassent largement nos frontières locales — je recommande également le site officiel des Cortes de Cádiz. On y découvre toute la modernité inattendue portée par ces assemblées pionnières… Un vrai trésor pour passionnés !

Le coin des questions

### Le roman ‘Matar a Fernando VII’ est-il fidèle à l’Histoire ?

Le roman s’appuie sur un contexte historique authentique (les tensions autour des Cortes de Cádiz) mais prend délibérément quelques libertés fictionnelles pour explorer le « et si… ». Cette approche enrichit plutôt qu’elle ne trahit la vérité historique.

### Faut-il connaître l’histoire espagnole pour apprécier ce livre ?

Pas besoin d’être spécialiste ! L’auteur rend accessible cette période grâce à un style vivant ; il glisse juste assez de repères pour accompagner même ceux qui découvrent tout juste cette page mouvementée.

### Où se procurer ‘Matar a Fernando VII’ à Cordoue ?

La plupart des librairies indépendantes cordouanes proposent cet ouvrage (je recommande particulièrement celles autour de la Plaza del Potro). Sinon, il est disponible en ligne via l’éditeur Almuzara ou sur commande auprès de votre libraire habituel.

Photo by Briana Tozour on Unsplash

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