Pourquoi certains hommes détestent-ils les femmes ? Ce que Vivian Gornick m’a appris sur la lutte féministe

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Vivian Gornick questionne la haine envers les femmes : et si nous étions tous, hommes comme femmes, pris dans le même jeu de pouvoir ? Découvrez mon analyse !

Comprendre la question qui fâche : pourquoi certains hommes détestent-ils les femmes ?

Je me souviens parfaitement du jour où j’ai découvert Vivian Gornick – c’était en feuilletant par hasard Apegos feroces dans une librairie de Cordoue. Cette voix franche et lucide m’a frappée comme une cloche dans la moiteur andalouse : « Pourquoi certains hommes haïssent-ils les femmes ? » La question est brutale, mais elle ne date pas d’hier. La récente venue de Gornick à Madrid relance ce débat brûlant avec sa pertinence redoutable.

À l’heure où l’on croit tout savoir du féminisme, j’ai voulu creuser plus loin : comment expliquer ce rapport si complexe entre les sexes ? Comment évolue-t-il ici, à Cordoue et ailleurs ? Qu’est-ce qui a changé depuis les années 1970… et qu’est-ce qui persiste ?

Vivian Gornick ou l’art de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas

Gornick n’est pas seulement une légende pour les Anglo-Saxons ; elle incarne cette génération d’écrivaines capables de décortiquer nos désirs contradictoires avec férocité. Quand elle affirme que « les hommes ne nous détestent pas plus que nous ne les détestons », elle renverse le miroir du ressentiment – et cela fait réfléchir.

En tant que journaliste voyageuse (et cordouane !), je vois chaque jour comment ces antagonismes s’inscrivent partout : sur la Plaza de las Tendillas, dans un café baigné de soleil ou au sein des cercles universitaires. L’antagonisme dont parle Gornick se niche dans nos conversations quotidiennes, aussi bien qu’entre les pages des grands romans américains qu’elle critique si vivement.

La lenteur douloureuse du changement : retour sur cinq décennies de luttes

Ce qui me frappe chez Gornick, c’est son optimisme lucide. Elle rappelle que malgré tous les retours de bâton – des années Reagan jusqu’à Trump aujourd’hui –, jamais le mouvement féministe n’a reculé durablement. “C’est impossible”, martèle-t-elle. Même face aux réactions hostiles ou aux analyses médiatiques pessimistes (“le féminisme serait dépassé”), elle oppose une foi inébranlable dans l’impossibilité du retour en arrière.

Cela me parle profondément car en Andalousie aussi, je constate cette bataille longue durée : progression par à-coups, débats vifs mais aussi micro-évolutions concrètes (dans le monde associatif local, à l’université…). Les avancées sont parfois lentes ou invisibles mais elles existent bel et bien.

« Le féminisme survivra à toutes les tempêtes politiques parce qu’il exprime un désir irréversible d’égalité »

Pour aller plus loin sur cette évolution historique du mouvement féministe mondial, je vous recommande cet article synthétique : L’histoire du féminisme expliquée.

MeToo vu par Gornick : colère renouvelée et transmission générationnelle

Quand Gornick évoque MeToo, elle parle d’un déferlement inédit de colère – “le double de rage” comparé aux débuts du mouvement. Selon elle (et j’en ai moi-même été témoin lors des débats ici à Cordoue), ce n’était pas juste un coup d’éclat mais la preuve que beaucoup restait à faire pour atteindre l’égalité réelle.

J’observe souvent chez mes amies andalouses ce sentiment partagé d’avoir hérité non seulement des rêves des générations précédentes mais aussi… de leurs blessures. Le #MeToo espagnol a pris ses propres formes (on pense au mouvement #Cuéntalo après le scandale de "La Manada") mais soulève fondamentalement la même question universelle : comment sortir des rapports instrumentalisés entre hommes et femmes ?

Ce qui distingue vraiment Gornick est sa capacité à voir cette colère non comme un échec mais comme le moteur nécessaire au progrès social.

Littérature & misogynie : miroir impitoyable ou levier d’émancipation ?

Un aspect trop souvent négligé en France est le rôle des grands écrivains masculins américains dans la construction (ou l’entrave) du regard porté sur les femmes. Norman Mailer, Saul Bellow… pour Gornick ils symbolisent ce “club” intellectuel fermé qui a longtemps exclu ou méprisé les voix féminines.

Si vous êtes curieux.se.s d’explorer ces tensions littéraires autrement qu’en surface, je recommande vivement le livre Por qué algunos hombres odian a las mujeres, récemment traduit en Espagne (vous pouvez en lire quelques extraits sur le site officiel de Sexto Piso). On y trouve une réflexion acérée sur notre façon collective d’intérioriser certains récits masculins… y compris ici en Andalousie où la littérature populaire reste encore très marquée par des archétypes genrés.

Ce travail critique m’inspire au quotidien pour repérer ces vieux réflexes culturels jusque dans notre langage ou nos rituels locaux – du choix des figures historiques célébrées lors des fêtes municipales à la place donnée aux autrices contemporaines sur nos étagères.

De Cordoue au monde : luttes locales et solidarités universelles

Il est tentant parfois d’opposer la réalité espagnole à celle des États-Unis ou même du nord européen. Mais voyager m’a enseigné ceci : partout où j’ai posé mes valises (de Séville à Buenos Aires), j’ai retrouvé cette tension fondamentale entre progrès lent et résistance sociale acharnée.

À Cordoue en 2025, on voit fleurir nombre d’initiatives originales portées par des collectifs mixtes – théâtre citoyen autour des violences faites aux femmes, ateliers d’écriture autobiographique inspirés justement par Gornick… Il y a là une créativité locale formidable qui permet de déconstruire ces vieilles oppositions binaires homme/femme pour imaginer ensemble une société moins antagonique.

C’est là que réside sans doute notre force collective : savoir conjuguer héritage militant international et spécificités locales pour inventer notre propre chemin vers l’égalité réelle. Et cela commence toujours par le dialogue – parfois rugueux –, jamais stérile.

Conseils pratiques pour s’impliquer localement (et nourrir sa réflexion)

  • Rejoindre un atelier ou cercle de lecture féministe dans votre ville (nombreux groupes ouverts existent à Cordoue)
  • Explorer le fonds documentaire dédié aux études genre à la bibliothèque municipale Julio Romero de Torres ; vous y trouverez aussi bien Gloria Steinem que Najat El Hachmi !
  • Participer aux Journées Andalouses pour l’Égalité organisées chaque printemps autour du 8 mars — elles accueillent désormais artistes et penseurs internationaux.
  • Soutenir localement librairies indépendantes engagées (El Laberinto Libros propose régulièrement rencontres autour de ces thématiques)
  • Suivre en ligne les podcasts et articles critiques consacrés au regard féminin sur l’histoire littéraire mondiale (très utiles pour dépasser certaines lectures superficielles)

À retenir…

La haine entre hommes et femmes n’est jamais aussi simple qu’on voudrait le croire — ni inéluctable ! Comme le montre magistralement Vivian Gornick, comprendre nos antagonismes suppose avant tout d’accepter leur existence afin de mieux s’en libérer peu à peu. Et cela passe tant par l’analyse lucide que par l’expérience sensible ancrée dans nos lieux quotidiens… Oui, même ici sous les orangers cordouans !

Questions fréquentes

Est-ce que cette réflexion concerne aussi Cordoue et l’Espagne ?

Bien sûr ! Bien que chaque contexte ait ses spécificités historiques, la dynamique décrite par Vivian Gornick se retrouve largement en Espagne – notamment via les mouvements #MeToo locaux comme #Cuéntalo ou lors des grandes marches pour les droits des femmes à Madrid et Séville.

Peut-on dire que les choses changent vraiment chez les jeunes générations ?

On observe effectivement davantage d’ouverture chez nombre de jeunes hommes aujourd’hui ; cependant certains schémas persistent notamment dans la sphère privée ou familiale. Le changement prend du temps mais il est tangible.

Comment approfondir ma compréhension du sujet ?

Je conseille vivement la lecture croisée entre autrices américaines comme Vivian Gornick et penseuses hispaniques/andalouses modernes ; participer à des rencontres locales ou écouter podcasts spécialisés permet aussi d’élargir ses horizons sans tomber dans le piège du manichéisme.

Photo by Free Nomad on Unsplash

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