132 Le scandale de la corruption au cœur d’une enquête policière pour la disparition d’une jeune fille : l’inspiration d’un roman noir La corruption, souvent étroitement liée aux affaires de détournement de fonds, prend un nouveau tournant dans le monde du polar avec la nouvelle œuvre de Rafael Moya, intitulée Malvita (Sótano Ediciones, 2023). Dans un récit haletant, l’auteur nous plonge dans un scénario sombre mêlant la Costa del Sol, Séville ainsi que les musées de Beaux-Arts de Cordoue et Wallraf-Richartz de Cologne (Allemagne). Dans une récente interview, l’auteur, originaire de Hornachuelos et né en 1970, nous livre ses inspirations et sa vision de cette trame policière qui a déjà séduit de nombreux lecteurs. Un mélange détonnant entre roman noir et roman policier Malvita, c’est le surnom donné à la jeune fille disparue qui met en branle les événements de cette intrigue haletante. Dès lors, l’inspecteur Bermejo se met en quête d’indices et ses soupçons se portent rapidement vers un réseau de corruption au sein duquel la disparue évoluait. Escort girl de luxe, elle a été vue pour la dernière fois après un rendez-vous avec un client. Mais à partir de ce moment, plus de nouvelles. Le policier se rend compte que ce milieu interlope a des ramifications bien plus importantes qu’il ne le pensait. Dans cette zone de la Costa del Sol, la corruption est tellement bien ancrée que même la police ne sait plus où donner de la tête. Moya le précise d’ailleurs dans son œuvre : « On ne parle pas ici de la délinquance classique et quotidiennne, mais plutôt d’une élite corrompue et puissante qui s’est infiltrée dans les sphères politiques et économiques. C’est là où se trouve le vrai bas-fond ». La genèse de l’histoire, une simple rencontre L’idée de cette intrigue a germé après une rencontre fortuite de l’auteur avec un inspecteur de police en poste sur la Costa del Sol lors de la promotion de son précédent roman, Los perros mudos de Dios-Muti Canes Dei (Ediciones Algorfa, 2018). Après avoir acheté un exemplaire lors d’une séance de dédicaces à la Foire du livre de Malaga, l’homme s’était rendu compte qu’ils étaient amis d’enfance et qu’ils ne s’étaient pas revus depuis 40 ans. « Nous avons sympathisé, nous avons été manger ensemble et c’est à ce moment-là que nous avons parlé de la prostitution à Puerto Banús ». Faux tableaux, argent sale et trafic d’œuvres d’art Rafael Moya utilise le trafic de tableaux comme fil conducteur pour blanchir l’argent sale généré par la prostitution de luxe. « Nous savons que Puerto Banús est l’un des principaux lieux pour le trafic de prostituées de haut standing. J’ai donc décidé d’explorer cette thématique en me documentant. Mais après un an d’écriture et plus de 120 pages de manuscrits, j’ai réalisé que mon histoire était incomplète et qu’il lui manquait une composante essentielle. C’est là qu’est née la deuxième partie de mon roman, celle où la Costa del Sol se lie à un faussaire d’art de Séville, bien réel, ainsi qu’aux musées de Cordoue et Cologne ». Le musée de Beaux-Arts de Cordoue et le Wallraf-Richartz de Cologne sont connectés par une toile de l’école de la Renaissance cordouane exposée dans le premier établissement : Le Christ attaché à la colonne avec Saint Pierre et les donateurs, une toile de grand format signée Alejo Fernández. Mais alors que ce dernier est cité dans des documents officiels comme étant présent à Córdoba en 1496, il aurait été transféré à Séville en 1508 selon des sources allemandes. Vous pourriez être interessé par Concert à Cordoue : Pedro Guerra et Javier Álvarez, deux grands chanteurs en face à face 27 mars 2024 Conservation de la Capilla Sixtina : Conflit entre l’Église et la Junta 29 novembre 2024 Devant de telles incohérences, il est décidé d’organiser une exposition mettant en avant les œuvres d’Alejo Fernández au Wallraf-Richartz afin de prouver son origine germanique et ses allers et retours entre Cologne et Cordoue. Tout ceci se fait en arrière-plan des deux trames principales du livre : la corruption à la Costa del Sol et le trafic de faux tableaux. La recherche de la vérité Pendant sa visite au musée des Beaux-Arts de Cordoue pour se renseigner sur la contrefaçon d’œuvres d’art, Moya a été aidé par son ami José María Palencia, conseiller technique pour la conservation et la recherche au sein du musée. « Pendant notre visite, je lui ai montré la toile du Christ attaché à la colonne avec Saint Pierre et les donateurs, dont je parle dans mon livre ». Pour Moya, cette toile représente non seulement une œuvre d’art, mais aussi une véritable source historique d’informations pour la reconstitution de l’histoire. Des sous-intrigues issues de l’enquête sur la corruption En plus de ces deux trames principales, d’autres sous-intrigues naissent tout au long de cette investigation sur la corruption à la Costa del Sol. Moya a travaillé en étroite collaboration avec la police pour que son histoire soit le plus proche de la réalité possible. La réalité du quotidien est d’ailleurs très loin de l’image de carte postale que l’on peut avoir de cette côte espagnole : « La haute délinquance à la Costa del Sol n’a rien à voir avec les vacanciers qui viennent y passer leur été. Elle touche une élite qui a toujours plus de pouvoir, mais cela ne les empêchera pas de tomber un jour ou l’autre ». Avant Malvita, Moya avait déjà publié deux autres romans, un de genre gothique, La Maldición del Cuervo (Editorial Séneca, 2010), et Los perros mudos de Dios-Muti Canes Dei (Ediciones Algorfa, 2018), une œuvre qui se rapproche davantage du polar et du roman noir. Il avait également publié un « essai romancé », Las cicatrices del agua (Editorial Círculo Rojo, 2015). Avec Malvita, l’auteur nous livre un récit policier haletant et intense qui vous transportera au cœur d’une enquête complexe, sur fond de corruption et de trafic d’œuvres d’art. Un roman à découvrir sans plus attendre ! 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Adieu émouvant à l’actrice Itziar Castro à Pallejà : retour sur sa carrière entrée suivante : la belleza de la música clásicaLa beauté du piano: un voyage dans la musique classique. 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