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Passage du populaire au culte en jouant du saxophone

par María Fernanda González

La « Hot Sonate » d’E. Schulhoff : La musique dégénérée et la prédominance du jazz

Le 24 mai 1938, à Düsseldorf, s’ouvrait une exposition intitulée "Entartete Musik", c’est-à-dire "Musique dégénérée". Son affiche annonciatrice reflétait déjà tout son sens : un homme noir, avec un visage de singe, l’étoile de David sur la poche et jouant du saxophone. Racisme, anti-judaïsme, anti-jazz, anti-avant-garde, tout y était. Cela peut expliquer en partie pourquoi le " Hot Sonate " de Erwin Schulhoff a été interprété de manière si remarquable lors d’un concert qui a eu lieu au Espacio Turina, le mardi 27 février, devant un public de 60 personnes. L’occasion de prendre conscience de la prépondérance du jazz à cette époque.

Erwin Schulhoff, qui fut juif, communiste et compositeur d’avant-garde, séduit par les rythmes ancestraux du jazz, avait toutes les cartes en main pour mourir comme il l’a fait : dans un camp de concentration allemand en 1942. Auteur, entre autres œuvres remarquables, d’une opera basée sur Don Juan Tenorio intitulée " Flammen ", jouée pour la première fois en 1932, il mériterait certainement également d’être jouée en Espagne au Maestranza. Son "Hot Sonate" donne un aperçu de la séduction que le jazz exerça sur les musiciens européens dans les années 20 et 30, notamment à Vienne et à Berlin. Juan Escalera et Alfonso Padilla en ont donné une version éblouissante, en étant attentifs aux changements de rythmes, aux síncopes (rappelant le ragtime dans le troisième mouvement) et aux escaliers rapides.

Alfonso Padilla a su mettre en valeur sa respiration généreuse, enchaînant des phrases longues avec des sauts d’intervalle limpides, de bons glissandi, une accentuation incisive et une grande agilité. Juan Escalera, quant à lui, a accompagné discrètement avec un usage très maîtrisé de la pédale. On peut également sentir une influence des cabarets parisiens des années 1950 dans la sonate "à la manière de Poulenc" de W. van Klaveren. Padilla excelle dans les longs arabesques (Allegro), une belle mélodie chantée (Interlude) et des figurations rapides (Rondeau). Aussi, une composition spécialement écrite pour les interprètes par Israel Sánchez López, est générée dans une œuvre intéressante qui fait du silence un personnage clé du discours, notamment dans le Muy lento inaugural.

Padilla modula le son avec précision, avec une multitude de nuances dynamiques, comme le long et impressionnant diminuendo avec lequel graduelle se termine. Les ressources propres du saxophone telles que les slaps et les escaliers vertigineux se terminent avec maestria dans le Déclamant final. Les grandes exigences techniques de la première section de la sonate d’Albright n’ont posé aucun problème pour Escalera et Padilla, qui ont signé une version intime et extrêmement lyrique de "La Follia nuova", avec un ostinato aperçu dans la main gauche du piano et une mélodie longue et serpentante dans le saxophone, jusqu’à aboutir aux accents dansables incisifs du dernier temps. L’utilisation de ces différentes techniques et influences témoigne de l’importance de la diversité culturelle dans la musique et de la nécessité de la lutte contre les préjugés.

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