Olives en Espagne : la vraie histoire derrière les panneaux solaires

a group of white birds standing on top of a dirt field

Non, l’Espagne n’arrache pas ses oliviers pour des panneaux solaires ! Tu vas voir, la réalité est bien plus nuancée et surprenante.

Entre rumeur et réalité : faut-il craindre pour les oliveraies espagnoles ?

Depuis quelques mois, j’entends sans cesse cette petite musique alarmiste sur l’arrachage massif d’oliviers en Espagne au profit des énergies renouvelables. C’est le genre de récit qui circule vite, surtout sur les réseaux sociaux… Mais derrière ces affirmations choc se cache une réalité beaucoup plus subtile — et franchement fascinante ! Ayant grandi au cœur de l’Andalousie et suivi de près la mutation du secteur agricole, je peux te garantir que l’histoire mérite qu’on s’y attarde avec nuance.

Les chiffres têtus : une croissance continue du nombre d’oliviers

Commençons par casser le mythe avec des faits solides. Selon l’Enquête ESYRCE du Ministère espagnol de l’Agriculture (2024), la superficie consacrée à l’olivier atteint désormais 2 827 147 hectares, soit +1,4% rien que sur la dernière année. Sur dix ans ? Une envolée de 10,6%. On parle de plus de 300 millions d’arbres aujourd’hui — un record historique ! Impossible donc de parler d’un “sacrifice” généralisé de ce symbole méditerranéen.

Personnellement, chaque fois que je traverse la province de Jaén ou celle de Ciudad Real, je suis frappé par l’étendue presque infinie des oliveraies modernes : elles ne cessent de s’étendre vers des modèles intensifs ou superintensifs adaptés aux marchés mondiaux.

Cas concrets : quelques projets polémiques… mais très localisés

Cela dit, nier totalement les tensions serait naïf. L’exemple le plus cité ? Les sept centrales photovoltaïques promues par Greenalia en Andalousie (Lopera, Arjona et Marmolejo). Des collectifs locaux évoquent jusqu’à 100 000 oliviers arrachés… Pourtant, après vérification croisée des orthophotos et documents techniques (oui, j’ai pris le temps d’en consulter avec des collègues agronomes), on arrive plutôt à environ 35 932 arbres concernés.

Surtout : plus de 85% des propriétaires ont trouvé un accord avec la société concernée. Et souvent, lorsqu’une ligne électrique passe sous terre, le terrain reste cultivable ensuite. Loin du « tout ou rien » véhiculé dans certains discours.

La législation encadre strictement toute expropriation agricole

Ce qu’on oublie trop souvent dans les débats passionnés : chaque projet solaire de grande ampleur doit passer par la case « déclaration d’utilité publique ». En clair ? Aucune terre n’est confisquée sans compensation équitable (“justiprecio”), négociée ou décidée par un jury technique indépendant. Il existe même des dispositifs permettant aux agriculteurs d’exploiter à nouveau leur parcelle après travaux.

Une source sérieuse comme Plataforma Tierra explique bien ces subtilités ignorées dans la plupart des articles sensationnalistes.

Solaire et agriculture : concurrence ou complémentarité ?

Le vrai débat réside ici : peut-on concilier développement solaire ET agriculture durable ? Ma propre expérience sur le terrain montre que oui… si on évite les extrêmes. Actuellement en Espagne, les parcs solaires occupent moins de 0,2% des terres agricoles utiles ; en Andalousie – eldorado mondial de l’olive – ils représentent à peine 0,6% du foncier cultivable !

Mieux encore : nombre d’installations émergent sur des terres marginales ou peu productives que leurs propriétaires peinaient à valoriser autrement. Cette « double valorisation » permet parfois à une famille rurale de diversifier ses revenus tout en maintenant une tradition agricole séculaire.

Distinguer alarmisme viral et analyse rigoureuse

Il faut reconnaître un point commun à toutes ces polémiques virales : elles reposent sur une mauvaise compréhension du terrain… ou sur un désir d’agiter les peurs ancestrales autour du changement rural. Or chaque dossier solaire est scruté par les autorités locales et nationales — loin du scénario catastrophe si souvent décrit.

En discutant récemment avec Juan Carlos, vétéran du syndicat oléicole UPA-Jaén, il me confiait ceci :

« La coexistence entre solaire et olivier est possible… tant que chacun respecte son voisin et que la transparence prévaut dans les décisions publiques. »
C’est ce respect mutuel qui fera toute la différence pour nos campagnes demain.

L’avenir du duo olivier-solaire en Espagne : pistes prometteuses

L’année dernière encore (2023-2024), plusieurs initiatives pilotes ont vu le jour autour de l’agrovoltaïsme – autrement dit : produire olives ET énergie propre simultanément sur une même parcelle. Des essais menés en Catalogne montrent même que certains microclimats créés sous panneaux solaires peuvent limiter le stress hydrique chez les jeunes plants !

Ces nouveaux modèles hybrides intéressent déjà bon nombre d’agriculteurs désireux de sécuriser leur activité face aux aléas climatiques tout en participant à la transition écologique.
Des ressources complémentaires sont disponibles sur Ministerio para la Transición Ecológica pour suivre ces tendances innovantes.

Questions fréquentes

Les panneaux solaires menacent-ils vraiment l’avenir des oliveraies ?

Non ! Même si certains projets ponctuels entraînent une réduction locale du nombre d’arbres, cela reste marginal face à l’expansion globale du secteur depuis dix ans.

Peut-on concilier production agricole et énergie solaire sur une même parcelle ?

Oui ! L’agrovoltaïsme se développe rapidement ; il permet non seulement une diversification économique mais parfois même une meilleure résilience des cultures face aux sécheresses.

Est-il possible pour un propriétaire exproprié de récupérer ses terres ?

Dans bien des cas oui — notamment lorsque seules les servitudes souterraines sont nécessaires et que l’exploitation agricole demeure compatible après travaux.

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