Musée et influenceurs : faut-il fermer les portes pour une star ? Mon regard de voyageuse curieuse

A group of small boats floating on top of a lake

Que penser des musées qui s’offrent aux influenceurs comme Dua Lipa ? Plonge avec moi dans les coulisses de cette nouvelle stratégie muséale.

Quand les musées ouvrent (et ferment) pour les influenceurs : un nouveau visage de la culture

En tant que journaliste cordouane passionnée par le patrimoine et curieuse de l’actualité culturelle en Espagne, je ne peux pas ignorer la polémique qui a secoué le Musée du Prado lorsqu’il a fermé ses portes à ses visiteurs ordinaires pour accueillir Dua Lipa. Ce geste, à première vue anodin, cristallise une question brûlante : jusqu’où les musées doivent-ils innover pour rester vivants et visibles ? Le mot-clé ici est bien innovation — mais à quel prix, et pour qui ?

Si l’on observe la tendance mondiale, le cas du Prado n’est pas isolé. Des institutions telles que les Uffizi à Florence ou le MET à New York ont déjà déroulé le tapis rouge à des personnalités ultra-médiatisées. La logique ? Attirer un public nouveau via les réseaux sociaux, en faisant du musée non plus seulement un temple silencieux de contemplation, mais un décor hautement instagrammable où se fabrique la culture pop d’aujourd’hui.

Mais alors, où commence la modernité inspirante… et où finit-elle par éclipser la mission première du musée ?

Des institutions sous pression : entre mission éducative et impératif de visibilité

Derrière cette évolution se cache une réalité très actuelle : l’attention du public, notamment des jeunes générations, est devenue une denrée rare. Pour survivre dans ce contexte hyper-connecté (en 2025 plus que jamais !), même les lieux patrimoniaux doivent adopter des stratégies dignes d’une start-up.

J’ai pu échanger avec plusieurs conservateurs andalous – dont certains au Musée archéologique de Cordoue – qui admettent qu’ils scrutent attentivement ce que font leurs homologues madrilènes ou internationaux. Inviter des stars permet d’atteindre des millions de personnes en quelques stories Instagram ou vidéos TikTok — c’est indéniablement efficace.

Néanmoins, beaucoup s’interrogent sur la cohérence avec leur mission éducative. Faut-il faire primer la notoriété instantanée sur le contenu profond ? Et surtout, comment éviter que ces opérations n’accentuent un sentiment d’injustice chez le visiteur ordinaire privé d’accès pendant ces moments « privilégiés » ?

Une rupture dans l’expérience muséale traditionnelle : bénéfice réel ou fausse bonne idée ?

Pour avoir moi-même grandi entre visites scolaires et longues flâneries familiales au sein de musées andalous (je repense aux expositions temporaires passionnantes à Cordoue), je comprends ce sentiment mitigé ressenti par beaucoup d’habitués.

  • D’un côté, il y a la fierté de voir nos musées rayonner mondialement grâce à ces collaborations originales.
  • De l’autre, une frustration quand certaines règles — comme l’interdiction de photographier — semblent soudain négociables selon le prestige du visiteur.

Ce double standard peut renforcer un fossé entre publics « ordinaires » et « stars ». Or je suis persuadée qu’un musée vivant doit cultiver son universalité sans sacrifier ses valeurs fondamentales.

L’innovation au service du patrimoine… mais comment ?

À Cordoue même, nous avons vu naître des projets innovants sans jamais exclure personne :

  • Les nocturnes participatives où artistes locaux investissent les patios historiques en impliquant le public.
  • Les campagnes digitales pilotées avec authenticité par des guides passionnés ou experts locaux – sans confondre vulgarisation et simplification à outrance.
  • L’usage créatif des réseaux sociaux pour valoriser les coulisses : restaurations d’œuvres, témoignages de conservateurs…

Cette dynamique me semble bien plus enrichissante que la simple privatisation ponctuelle pour une célébrité. Si tu veux explorer ces bonnes pratiques locales, découvre par exemple les initiatives numériques des musées andalous, véritable référence régionale en 2025.

Pop culture vs. sacralité : deux mondes vraiment opposés ?

Finalement, est-ce si grave qu’une star vienne admirer « Le Jardin des délices » en solo ? Peut-être pas… si cela provoque ensuite une envie collective d’en savoir plus sur Jérôme Bosch ou sur l’histoire singulière du Prado. Mais gardons-nous d’une dérive où seule la surface compte — car alors on oublierait pourquoi ces lieux existent depuis parfois plusieurs siècles.

Mon conseil en tant que voyageuse :

  • Célébrons les hybridations réussies entre tradition et innovation,
  • Réclamons aussi transparence et égalité d’accès,
  • Et encourageons surtout toutes les formes authentiques de médiation culturelle – celle qui donne envie d’aller plus loin que la simple photo souvenir…

Pour ceux qui souhaitent approfondir la réflexion sur l’avenir numérique des musées espagnols et leurs défis actuels (à Cordoue comme ailleurs), je recommande également cet article officiel.

Questions fréquentes

Pourquoi certains musées ferment-ils pour recevoir une célébrité ou influenceur ?

Les musées cherchent aujourd’hui à attirer un nouveau public via la notoriété instantanée offerte par ces collaborations. Cela permet parfois de moderniser leur image ou d’obtenir une visibilité accrue sur les réseaux sociaux — mais c’est toujours sujet à débat sur l’équité envers tous les visiteurs.

Est-ce courant dans les musées andalous ou cordouans ?

Non ! Si Madrid ou Barcelone peuvent mener ce type d’initiatives exceptionnelles, en Andalousie (et surtout à Cordoue) on préfère généralement privilégier des projets inclusifs ouverts au grand public – nocturnes collaboratives, ateliers participatifs ou médiation numérique accessible à tous sont bien plus répandus ici.

Peut-on visiter un musée pendant une opération privée ?

En principe non : lors de ces événements spéciaux (sessions photos privées…), le musée est inaccessible au public classique pendant quelques heures. Il vaut donc mieux vérifier avant sa visite si aucune fermeture exceptionnelle n’est prévue — généralement annoncée via le site officiel du musée concerné.

Photo by Christer Lässman on Unsplash

A lire aussi