17 Plonge avec moi dans 'Alimentar a los fantasmas', cette BD puissante qui dévoile l'exil et la mémoire familiale comme tu ne l'as jamais lu.Quand la mémoire devient une cartographie du passé En vivant à Córdoba, j’ai découvert que chaque lieu garde en lui des histoires invisibles. C’est exactement ce que réalise Tessa Hulls dans sa bande dessinée monumentale, Alimentar a los fantasmas. Cette œuvre est bien plus qu’une simple narration graphique : c’est une plongée intime dans le poids de la mémoire familiale et de l’exil intergénérationnel. Tessa, qui vit une vie presque nomade entre Alaska et expéditions arctiques, offre ici un regard unique. Elle transcende les récits classiques d’exils pour créer une cartographie émotionnelle et visuelle où chaque page agit comme un repère des luttes personnelles mêlées aux événements historiques. Ce que je trouve fascinant — en tant que passionné par les liens culturels et leurs impacts sur notre identité — c’est comment elle utilise le format du roman graphique non seulement pour raconter mais aussi pour ressentir. Le blanc omniprésent sur certaines planches résonne comme les silences pesants de l’histoire qui refuse d’être oubliée. Une quête familiale devenue miroir universel L’histoire commence avec Sun Yi, grand-mère journaliste fuyant la révolution communiste chinoise. À travers Rose sa fille confrontée à ses démons psychologiques liés à cet exil, jusqu’à Tessa elle-même — leur parcours incarne les fractures laissées par l’Histoire dans nos vies privées. Cette approche révèle une dimension rarement abordée : comment la mémoire collective s’inscrit dans nos cellules. Les souffrances d’une génération pèsent sur la suivante non pas seulement comme souvenirs mais comme blessures vivantes. J’ai souvent rencontré cette réalité chez des familles immigrées autour de Córdoba; ces cicatrices invisibles déterminent autant qu’elles détruisent. Vous pourriez être interessé par L’histoire du dessin : un voyage inattendu dans l’art 2 mars 2025 Humour à Cordoue : Manu Sánchez revient plus vrai que jamais 12 mai 2025 La méthode non linéaire de Hulls, construisant son récit tel un puzzle complexe sans bordures fixes, reflète magnifiquement le travail intérieur nécessaire pour recomposer ces histoires fragmentées – souvent difficiles à accepter ou même comprendre au premier abord. Le rôle crucial des femmes : gardiennes de souvenirs résistants Un aspect original de Alimentar a los fantasmas est la quasi-absence volontaire d’hommes visibles dans le récit. Cela n’est pas omission mais affirmation : ce sont les femmes qui portent le fardeau du souvenir familial et reconstruisent ce qui a été brisé. Cela m’a rappelé plusieurs témoignages recueillis localement sur les dynamiques familiales andalouses face aux traumatismes historiques ; elles deviennent « les mémoires actives », capables d’accueillir paradoxes et douleurs longtemps tuees. Cette féminité assumée interroge également la notion d’autorité narrative traditionnelle où souvent seul le récit masculin serait considéré légitime ou complet. Entre art graphique et militantisme silencieux La démarche artistique mélange abstraction et documentation historique — très éloignée d’un réalisme descriptif traditionnel — afin de traduire graphiquement les émotions intangibles liées au traumatisme et au souvenir dispersé. Cela donne une lecture ouverte où chaque lecteur est invité à remplir ces espaces blancs non seulement avec son imagination mais aussi avec ses propres interrogations existentielles. C’est un acte politique subtil quand on sait que ce livre est interdit en Chine continentale ; cela rappelle combien certains récits dérangent encore aujourd’hui profondément. Pour nous habitants ou visiteurs de villes riches en patrimoine comme Córdoba, ce geste artistique ouvre une réflexion essentielle sur la transmission culturelle qui va bien au-delà des murs muséaux connus Institut Cervantes. Après l’orage vient parfois… Alaska ! Fascinante aussi est la trajectoire personnelle de Tessa Hulls : après avoir mis dix ans pour aboutir son projet littéraire si intense, elle choisit volontairement l’isolement physique loin du tumulte médiatique… Dans cette solitude arctique qu’elle affectionne naît peut-être justement cette capacité renouvelée à écrire autrement, via ses prochains projets mêlant journalisme scientifique et arts graphiques. Son engagement auprès des chercheurs polaires me fait penser à combien notre époque appelle plus que jamais des récits sensibles capables d’inspirer responsabilité écologique – là où la technique échoue parfois à toucher directement nos âmes National Geographic. FAQ – Questions fréquentes sur "Alimentar a los fantasmas" Pourquoi Tessa Hulls choisit-elle le roman graphique plutôt qu’un texte classique ? Oui, absolument. Pour elle, l’image permet d’exprimer ce qui dépasse les mots – émotions confuses, silences lourds –, offrant ainsi un dialogue visuel puissant avec le lecteur. Le livre évoque-t-il uniquement l’histoire chinoise ? Non ! Il s’agit surtout d’une exploration universelle des thèmes du trauma transgénérationnel et du rôle central des femmes dans la transmission mémorielle quel que soit le contexte culturel. Où peut-on se procurer légalement "Alimentar a los fantasmas" ? Malheureusement interdit en Chine continentale, il reste accessible via éditions internationales ou taïwanaises spécialisées ainsi que librairies européennes reconnues (voir édition Taïwan). Comment cet ouvrage parle-t-il aux personnes issues de familles immigrées ? Beaucoup reconnaissent leurs propres cicatrices cachées derrière ce récit particulier; il ouvre donc un espace commun pour mieux comprendre son héritage douloureux tout en cherchant réconciliation intérieure. Media: Diario Córdoba – Páginas interiores de ‘Alimentar a los fantasmas’, de Tessa Hulls. / Cedida Mémoire 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Centenaire d’Ángel Rodríguez : plongée passionnée dans sa créativité entrée suivante Norma d’Antonio Ruz : Danser la diversité et briser les normes A lire aussi Orchestre de Cordoue : tu le savais ?... 5 septembre 2025 Cordoue, où l’amitié ressemble à un crush: voilà... 5 septembre 2025 Filmoteca de Andalucía à Cordoue : tu le... 4 septembre 2025 À Cordoue, Romero de Torres vs Warhol: tu... 4 septembre 2025 Sorolla revient avec une plage oubliée: ce que... 3 septembre 2025 Córdoba, résidence bretonne: mon carnet d’initié pour une... 3 septembre 2025 Arcana à Córdoba: la Mezquita chuchote une élégance... 2 septembre 2025 Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025