Lovecraft : du fascisme au socialisme, un parcours fascinant

20

H.P. Lovecraft, maître de l'horreur, a un héritage complexe mêlant sensibilité et idées réactionnaires, reflet d'un conflit intérieur sur la société et l'autre.

L’Héritage Complexe de H.P. Lovecraft

H.P. Lovecraft est souvent perçu comme un écrivain d’horreur incontournable, mais son héritage est bien plus complexe. Son environnement matriarcal a influencé ses relations avec les femmes. En effet, il entretenait des liens étroits avec ses tantes et d’autres figures féminines. Paradoxalement, malgré ces influences positives, ses écrits contiennent des idées très problématiques.

En examinant sa correspondance, on découvre une vision du monde teintée par des idéaux réactionnaires. Lovecraft a souvent exprimé des opinions politiques extrêmes et une fascination pour le fascisme et le nazisme. Cela soulève la question : comment un homme capable d’une telle sensibilité pouvait-il nourrir de telles idées ? La réponse réside peut-être dans sa capacité à séparer sa vie personnelle de ses croyances.

Les lettres récemment publiées révèlent une personnalité tourmentée. Bien que Lovecraft ait été un homme timide dans ses interactions, il se permettait d’exprimer des diatribes agressives à travers l’écrit. Ce décalage entre son comportement social et son discours écrit reflète une lutte intérieure qui mérite d’être explorée.

Les Idéaux Réactionnaires et leur Influence

Lovecraft a grandi en admirant l’impérialisme britannique et les projets fascistes européens. Ces idéaux étaient enracinés dans son enfance où il dévorait des récits historiques et des romans d’aventures. Toutefois, cette admiration cachait une forte dose de fantasme.

Dans ses lettres, Lovecraft projette ses espoirs sur le fascisme italien tout en restant critique vis-à-vis de l’Allemagne nazie dans les années 1930. Cette évolution souligne comment les réalités politiques peuvent influencer la perception personnelle d’un auteur. Les idéaux qu’il tenait pour admirables se sont rapidement révélés être des illusions.

Il est important de noter que certains éléments de sa pensée ont trouvé leur écho dans ses récits horrifiques. La xénophobie et le racisme sont omniprésents dans ses œuvres, où la menace provient souvent de l’extérieur. Cette peur du différent se traduit par des récits qui évoquent le contact avec d’autres espèces comme un danger imminent.

Une Transformation Idéologique

Le parcours personnel de Lovecraft est marqué par un profond désenchantement face à la réalité sociale. Sa vie difficile et solitaire lui a fait réaliser que ses croyances réactionnaires étaient incompatibles avec sa condition précaire. Ainsi, au fil du temps, il s’est éloigné du fascisme pour adopter des idéaux plus progressistes.

La Grande Dépression a été un catalyseur majeur dans cette transformation. En tant que chômeur et membre d’un groupe social vulnérable, Lovecraft a vu son regard sur le monde évoluer radicalement. Il a commencé à comprendre les dangers de l’exclusion sociale prônée par le fascisme.

En fin de compte, son désenchantement vis-à-vis d’Hitler et du nazisme a marqué un tournant décisif dans sa pensée politique. Lovecraft s’est rendu compte que les idéaux qu’il avait idolâtrés n’étaient rien de moins que des mirages dangereux. Ce cheminement intellectuel témoigne non seulement d’une maturité croissante mais aussi d’une quête identitaire profonde qui reste pertinente aujourd’hui.

Ainsi, l’œuvre de Lovecraft ne se limite pas à l’horreur ; elle est aussi le reflet d’un conflit intérieur complexe qui interroge notre rapport à la société et aux autres cultures. Le legs littéraire qu’il laisse derrière lui continue donc à susciter débats et réflexions sur la nature humaine et nos peurs collectives face à l’inconnu.

Media: Diario Córdoba – El escritor Howard Phillips Lovecraft. / / ARCHIVO

Source: Diario Córdoba – Lovecraft, el maestro del terror que pasó de idealizar el fascismo a ser un socialista convencido