11 Pourquoi Lisbonne, adorée des voyageurs, est-elle devenue si inabordable ? Plongée dans l’envers du décor d’une ville en pleine mutation.Lisbonne : une capitale entre succès touristique et crise locale Je me souviens de ma première promenade dans l’Alfama, il y a dix ans : ruelles pavées où résonnaient encore les voix discrètes des voisins et où le linge flottait paresseusement au-dessus des balcons. Aujourd’hui, marcher dans ces quartiers emblématiques de Lisbonne me laisse un goût doux-amer. La capitale portugaise fascine – elle attire comme un aimant les amateurs de fado, de pastéis de nata et d’azulejos – mais à quel prix pour ses habitants ? Cette métamorphose rapide soulève une question cruciale : peut-on réussir son ouverture au monde sans perdre son âme ? La recette d’un boom… et ses effets secondaires Depuis la crise financière de 2008, Lisbonne s’est inventée une nouvelle destinée : devenir LA ville incontournable pour les touristes et investisseurs étrangers. Résultat : marché immobilier bouillonnant, quartiers entiers rénovés – mais aussi flambée des loyers (+176 % entre 2014 et 2024 !), prolifération d’Airbnb et difficultés croissantes pour les Lisboètes à se loger dignement. Les chiffres sont frappants : aujourd’hui, le rapport entre prix moyen du logement et revenu familial est le plus mauvais d’Europe (indice Numbeo de 21,1), dépassant Londres ou Paris. En cause ? Des salaires portugais modestes (1 600 € bruts/mois en moyenne en 2024) face à un mètre carré dépassant désormais 5 700 € dans le centre-ville – une équation intenable pour la majorité. « Trouver un appartement entier à moins de 1 000 € par mois n’est possible qu’en acceptant un espace inférieur à 20 m² », confirme Agustín Cocola-Gant, chercheur à l’Université de Lisbonne. L’irrésistible ascension du « local alojamiento » Derrière cette fièvre immobilière se cache aussi l’explosion des locations touristiques temporaires – alias Airbnb ou “Alojamento Local”. Entre 2014 et 2018 seulement, leur nombre a doublé chaque année ! Dans certains quartiers historiques comme Misericórdia ou Santa Maria Maior, jusqu’à 70 % des logements affichent aujourd’hui une licence de location courte durée. C’est une tendance que j’ai déjà vue naître dans mon propre quartier cordouan lors du printemps des patios – mais à Lisbonne, le phénomène atteint un niveau dramatique. Ce n’est plus seulement l’économie locale qui se transforme ; ce sont aussi les dynamiques sociales et la démographie qui vacillent. Le centre historique a perdu 25 % de sa population en dix ans… Un chiffre sidérant. Vous pourriez être interessé par TVE acquiert ‘Celebrity Bake Off’ après son non-renouvellement sur Prime Video: Un retour en vue pour Paula Vázquez à la présentation? 19 octobre 2023 La bénédiction de la nova Sala Regina par l’évêque José Rico Pavés – un pas de plus vers l’unité et la dévotion de la fraternité du Rocío à El Puerto 2 novembre 2023 Gentrification ou revitalisation ? La ligne est fine Évidemment, certains aspects semblent positifs : immeubles restaurés, vitalité retrouvée, rayonnement international. Mais pour qui profite vraiment cette renaissance ? À peine plus de la moitié des nouveaux logements rénovés deviennent résidence principale ; le reste se destine aux résidences secondaires ou demeure vide en attendant locataires passagers. En arpentant les rues lisboètes ces derniers mois pour mes reportages voyage, j’ai ressenti ce décalage profond : les tramways jaunes – autrefois artères vivantes pour les habitants – sont devenus surtout une attraction Instagrammable. Le commerce local cède du terrain face aux boutiques souvenirs éphémères. Plusieurs résidents confient leur désarroi devant ces mutations accélérées qui érodent leur sentiment d’appartenance. Pour approfondir ce sujet délicat autour du tourisme urbain et ses répercussions sur le tissu social européen, je vous invite à consulter cet article complet du Guardian. Comment (re)donner la priorité aux habitants ? Face à la colère qui gronde chez certains Lisboètes – campagnes citoyennes contre Airbnb trop invasif, manifestations pour davantage de logements abordables – la municipalité tente quelques ajustements : régulation stricte des licences touristiques dans les zones tendues ; encouragements fiscaux pour ceux qui louent à long terme aux locaux ; soutien timide à la construction sociale. Mais soyons honnêtes : le modèle reste fragile tant que l’investissement étranger prime sur le bien-être des communautés enracinées. Et si Cordoue nous offre un miroir partiel (pensons aux débats sur la gestion responsable du patrimoine mondial), chaque ville doit forger sa propre voie avec lucidité. À Lisbonne comme ailleurs en Méditerranée sud (Barcelone ou Séville n’y échappent pas !), il devient urgent d’inventer un équilibre où visiteurs et habitants trouvent tous leur place durablement. Favoriser la mixité urbaine plutôt que la mono-culture touristique ; Valoriser commerces indépendants face aux franchises mondialisées ; Soutenir les jeunes familles locales par des aides ciblées au logement ; Dialoguer avec les plateformes numériques afin de limiter l’impact spéculatif sur le parc immobilier existant. Ces pistes exigent courage politique… et implication citoyenne ! Pour suivre les dernières mesures concrètes adoptées par Lisbonne ou comprendre comment d’autres métropoles réagissent face à ces défis communs, consultez le rapport annuel Savills Portugal. Tourisme responsable : pistes inspirantes pour demain ? Du point de vue du voyageur francophone passionné par l’authenticité urbaine (comme moi quand je découvre une ville étrangère), il y a mille façons d’apporter sa pierre positive : Privilégier hébergements familiaux certifiés responsables, Consommer local auprès d’artisans enracinés, Respecter le quotidien des résidents (éviter bruit excessif tardif…), Se renseigner sur l’histoire réelle derrière chaque façade, Voyager hors saison pour soutenir un tourisme plus étalé. En tant qu’exploratrice attentive autant que journaliste curieuse, je crois sincèrement qu’une destination vivante est celle qui sait préserver ses racines tout en accueillant généreusement ceux qui la traversent. Cordoue affronte elle aussi ces dilemmes identitaires ; apprendre des erreurs comme des réussites lisboètes peut nourrir notre réflexion collective sur l’avenir du voyage urbain en Europe méditerranéenne. Questions fréquentes Pourquoi les loyers ont-ils explosé si vite à Lisbonne ? La combinaison d’investissements étrangers massifs après 2008, la montée rapide des locations touristiques type Airbnb et une économie locale fragile ont fait bondir les prix en dix ans—jusqu’à +176 % selon certaines sources ! Est-ce que vivre dans le centre historique reste possible pour un jeune Portugais ? Cela devient très difficile : peu d’offres abordables subsistent dans Alfama ou Bairro Alto. Beaucoup choisissent désormais soit la colocation soit un éloignement vers la périphérie urbaine. Que fait Lisbonne concrètement contre cette gentrification ? La mairie restreint peu à peu les nouvelles licences touristiques dans certains quartiers sensibles et encourage via avantages fiscaux ceux qui louent durablement aux locaux — mais cela reste insuffisant selon nombre d’associations citoyennes. Photo by Damien Dufour on Unsplash écotourismeimmobilierVoyages 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Córdoba et le rêve du smartphone local : fabrique-t-on vraiment chez soi ? entrée suivante Cordoue, drones et bouleversements : quand la technologie redéfinit la guerre moderne A lire aussi Córdoba: le charco de Carcabuey, le cocktail rural... 31 août 2025 Córdoba, bebetecas: et si bébé découvrait la bibliothèque... 31 août 2025 Córdoba: le Cine Fuenseca s’embrase cet automne —... 30 août 2025 Córdoba, cines de verano 2025 : la soirée... 29 août 2025 Córdoba, flamenco et ciné d’été: mes bons plans... 29 août 2025 Córdoba, ce week-end: flamenco, ferias et un Mundial... 28 août 2025 Córdoba, cines de verano 2025: lequel choisir ce... 28 août 2025 Córdoba, flamenco et vin: mon plan d’été secret... 26 août 2025 Zaragoza, Gamberro comme un local: 17 étapes qui... 25 août 2025 Córdoba, Taberna n°10: le spot à tapas de... 25 août 2025