Le frisson d’après-club, capturé: Juan réenchante le house à Córdoba avec Time To Go Home

Un jeune producteur écoute sa musique à l’aube, casque sur les oreilles, dans une rue calme éclairée par des réverbères.

TL;DR

  • 🎧 Un EP qui capture l’instant magique entre club et retour
  • 🌆 House texturé, sensible, avec un clin d’œil 2000s
  • 🧭 Un regard très Córdoba, entre architecture et nuit

House à Córdoba, mais pas comme tu l’imagines: et si le meilleur moment n’était ni la fête ni le lit, mais ce trajet flottant entre les deux ? Je t’emmène dans l’EP de Juan, une balade sensorielle qui sent l’aube, l’asphalte tiède et la ville qui respire.

Est-ce que tu savais que le meilleur souvenir d’une nuit peut naître quand la fête s’éteint déjà? Cet instant où le corps pulse encore et la ville se remet à chuchoter… C’est précisément là que Juan, artiste visuel et producteur basé à Córdoba, pose son micro et ses synthés. Son nouvel EP, Time To Go Home (chez Several Roots), est une carte sonore de ce « entre-deux » si andalou: un tempo de pas, un air tiède, l’aube qui colore les façades. J’ai pensé à mes retours à pied depuis la Ribera, quand la Guadalquivir respire et que les pavés de la Judería gardent la chaleur: le monde est flou, mais les détails sonnent plus vrai.

House à Córdoba, l’instant suspendu vaut le détour

Time To Go Home parle le langage de la nuit cordouane sans clichés. On y entend des basses ondulantes, des textures granuleuses et des synthés croustillants, tenus par une percussion claire qui n’écrase jamais l’émotion. Ce n’est pas la nostalgie qui guide ici, mais une mémoire du corps: une relecture contemporaine de l’énergie des années 2000, ce moment où le house flirtait avec l’audace – pense à l’élan d’un certain minimal ou aux audaces d’étiquettes allemandes de l’époque – tout en restant humain, libre, immédiat. En guide locale, je reconnais ce tempo: celui des trottoirs de San Fernando au petit matin, quand la ville renoue avec son souffle. C’est pour cela que ce disque séduit autant les fêtards que les flâneurs: il sait écouter la ville et rendre le retour aussi précieux que l’aller.

Sons et textures: comment l’EP raconte le retour

Juan assemble des voix samplées, des field recordings (fenêtres qui claquent, pneus sur l’asphalte, rumeurs du dehors), des glitches subtils et un maillage rythmique qui pousse sans presser. Le mix respire: l’espace laisse au regard intérieur le temps de se refaire. Le résultat? Un house sensible – énergique mais contemplatif – taillé pour cet arc narratif: sortir, danser, s’apaiser, rentrer. C’est une musique de seuil, comme quand l’odeur du jasmin des patios se mélange aux néons tardifs. Cette tension douce – mouvement / pause – évoque le charme discret de Córdoba hors saison: la même ville, d’autres fréquences. Dans la section suivante, je te propose une écoute guidée en quatre « moments » pour mieux goûter ce voyage.

Quatre moments clés à écouter dans Time To Go Home

  1. L’appel de l’aube – Un motif de synthé délicat émerge et s’organise. Le kick confirme le pas; on quitte le club mais l’élan reste là. Sensation: horizon qui s’ouvre.
  2. Le trottoir en rythme – Basses souples, hats précis, voix hachée en échos. La rue devient métronome, le cœur cale sa mesure sur la ville.
  3. La chambre s’éclaire – Les textures s’épurent, les aigus se font plus doux. Une nappe chaleureuse apaise le reste d’adrénaline, comme si on ouvrait la fenêtre.
  4. Le souffle qui redescend – Les éléments se raréfient, un détail mélodique persiste. Le morceau se pose sans tomber: la nuit se ferme, le jour s’invite.

Architecture et image: quand la ville devient pochette

Détail que les visiteurs adorent: la pochette de l’EP montre des images prises dans la Chambre de Commerce, bâtiment signé par deux grands noms de l’architecture moderne espagnole, Rafael de la Hoz Arderius et José María García Paredes. À l’intérieur, lignes nettes, perspectives franches, lumière calculée: tout ce que la musique de Juan épouse avec délicatesse. Le minimalisme du lieu n’est pas froid; il est habité par la vie quotidienne, exactement comme ce house texturé qui préfère la suggestion au spectaculaire. Pour une balade « augmentée », je conseille d’écouter l’EP en cheminant près des arcades calmes autour de Tendillas à l’aube: tu verras comment la trame urbaine et les superpositions sonores se répondent. Dans la prochaine section, on parle du fil andalou qui relie tout cela.

Électronique et flamenco: l’ADN local en filigrane

Basé à Córdoba, Juan navigue entre ambient, IDM, techno émotionnelle et house énergique depuis 2020, avec des sorties sur des labels comme Dustpan Recordings (Singapour), 12 min albums, Oigovisiones Label ou Sound of Ogigia. Il est aussi cofondateur d’EFE (Electronic Flamenco Esquejes), un projet hybride qui cherche l’entre-deux fertile: le compás du flamenco et les textures de club. Pas de folklore plaqué: plutôt un tressage contemporain où la pulsation andalouse rencontre les outils d’aujourd’hui. Cette posture explique la justesse de Time To Go Home: une musique de passage, comme nos patios qui changent de peau avec la lumière. Pour en savoir plus sur la sortie et le contexte de création, tu peux lire le portrait publié par la presse locale, très éclairant sur ses intentions et sa démarche, comme le raconte Cordópolis dans son article sur l’EP (source).

Questions Fréquentes

Où écouter Time To Go Home pour en profiter vraiment ?

Idéalement en mouvement doux: à pied, à vélo, sur un trajet court. Les transitions du disque collent à la cadence du retour. Testé et approuvé au lever du jour, quand la ville reprend son souffle.

En quoi cet EP se distingue-t-il du house « classique » ?

Ici, la puissance rythmique reste, mais l’accent est mis sur la texture et l’espace. Les samples vocaux et les enregistrements de terrain ajoutent une dimension narrative qui dépasse la simple « fonction club ».

Quel lien avec la scène électronique de Córdoba ?

Juan fait partie d’une génération qui assume l’hybridation: clubs, arts visuels, héritage andalou. Des initiatives comme EFE montrent qu’on peut marier profondeur locale et regard global sans cliché.

Faut-il connaître le flamenco pour apprécier cette musique ?

Pas du tout. Les références sont subtiles, intégrées au dessin sonore. Si tu aimes les voyages auditifs, tu reconnaîtras surtout un sens du rythme et de l’émotion très « du sud ». Cela suffit pour se laisser porter.

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