Le détail oublié qui change tout: Sirat vers les Oscars, vu d’Andalousie et de Cordoue — promesse d’un choc sensoriel

Un père et son fils, éclairés par des néons dans la poussière d’un désert, au cœur d’une fête nocturne.

TL;DR

  • 🎬 Sirat vise les Oscars avec une vibe hypnotique
  • 🌊 Un pont sensible entre rave marocaine et mémoire andalouse
  • 🏆 Face à de gros rivaux, son identité peut tout changer

Sirat te dit quelque chose ? Le film espagnol qui cartonne à Cannes part à l’assaut des Oscars et bouscule nos repères. Je t’explique pourquoi, vu depuis Cordoue, c’est plus qu’un buzz: c’est un pont vibrant entre raves, spiritualité et Méditerranée.

Est-ce que tu savais que la rave peut prier ?

Sirat, le nouveau film d’Oliver Laxe, propulse l’Espagne sur la route des Oscars avec une proposition rare: un père (Sergi López) et un fils (Bruno Núñez), perdus dans une rave au Maroc, tandis que des nouvelles apocalyptiques grondent au loin. Le film a décroché le Prix du Jury à Cannes, confirmant un cinéaste déjà vénéré par les critiques pour Todos vosotros sois capitanes et surtout Lo que arde. Mais voilà le twist: sous les stroboscopes, Sirat parle d’intime — d’héritage, de transmission, d’une foi qui cherche sa forme dans le chaos.

Vue depuis Cordoue, la vibration est familière: la transe n’est pas qu’un vacarme, c’est une ancienne conversation entre la rive andalouse et le Maghreb. Je me souviens d’une séance à la Filmoteca de Andalucía où, à la sortie, un étudiant murmurait: «On dirait une nuit sur le Guadalquivir quand le vent se lève.» C’est exactement cela: Laxe capte le souffle. Et c’est pour cela que la rumeur des Oscars n’est pas un simple tambour — c’est un chant.

Sirat, Andalousie en filigrane: Cordoue écoute

Pourquoi Cordoue se sent concernée par une rave marocaine? Parce que l’Andalousie porte en elle cette porosité-là, ce va-et-vient discret entre pulsations et silence. Dans Sirat, Laxe travaille la lumière naturelle, la poussière, les visages habités: on pense aux colonnes de la Mezquita, à cette forêt de piliers qui vibre différemment selon l’heure. La rave devient une sorte de dhikr contemporain — un souvenir de la répétition, du souffle, du corps qui se souvient avant même de comprendre.

Dans nos salles, ce lien se ressent. À la Filmoteca, le public cordouan sait goûter les rythmes lents et les silences denses. On en sort souvent en parlant de son, pas seulement d’images. Et Sirat est un film de son: basse tellurique, grondement lointain des infos, voix du père qui se fissure. Pour une ville qui a fait de la nuit un art — Noche Blanca del Flamenco, patios à la lueur des guirlandes — cette grammaire de la sensation n’a rien d’exotique; elle est chez elle. Dans la prochaine section, on verra comment cela peut peser dans la course aux Oscars.

Course aux Oscars: atouts, rivaux et vraie stratégie

Pour l’International Feature, Sirat devra d’abord entrer dans la shortlist de décembre, puis grimper parmi les cinq finalistes annoncés en janvier. Sur sa route, des poids lourds déjà signalés par leurs pays: l’allemande Sound of Falling (Mascha Schilinski), la norvégienne Sentimental Value (Joachim Trier), la polonaise Franz (Agnieszka Holland). Le Maroc aligne Calle Málaga avec Carmen Maura, la Tunisie, La voix de Hind, saluée à Venise pour sa force politique.

Qu’est-ce qui peut faire la différence? Trois choses:

  • Une signature formelle: Laxe filme l’invisible avec une sobriété nerveuse qui séduit la critique internationale.
  • Un récit universel: la relation père-fils en errance — lisible partout, sans perdre sa saveur locale.
  • Un pont culturel clair: Maghreb–Iberia, trance–spiritualité, fin du monde–naissance d’un sens.

Reste la campagne: visibilité américaine, Q&A, affichage des prix, bouche à oreille des guildes. Si la distribution US mise sur l’expérience sensorielle (comme pour Lo que arde), Sirat peut cristalliser un désir de cinéma physique et méditatif. Dans la section suivante, voyons comment la découvrir ici, à Cordoue, pour en saisir toute l’onde.

Où voir Sirat à Cordoue et l’entendre vraiment

La meilleure porte d’entrée, c’est la VOSE dans une salle attentive au son. Surveille la Filmoteca de Andalucía à Cordoue: elle programme souvent des cycles pré-Oscars et des rétrospectives croisées. Les centres d’art comme le C3A accueillent parfois des rencontres ou écoutes publiques qui éclairent le travail sonore — parfait pour Sirat.

Pour amplifier l’expérience:

  • Arrive reposé: c’est un film qui s’écoute, qui se respire.
  • Pense en couches: le beat de la fête, la rumeur du monde, la voix intérieure.
  • Playlist avant séance: un détour par des textures gnawa ou un cante jondo dépouillé aide à «accorder» l’oreille.

Envie d’échanger? Les ciné-clubs cordouans aiment les débats post-séance. J’ai vu des discussions partir sur Ibn Arabi puis revenir au kick de la techno — et c’est là que Sirat brille, dans la friction fertile. Dans la section finale, je te donne le détail que beaucoup ratent et qui, à mon sens, signe la grandeur du film.

Le détail oublié qui change tout: le souffle du lien

On parle souvent de la «photo sublime» de Laxe. Moi, je reviens toujours au souffle — au sens le plus concret. Écoute comment le film organise le vent, la poussière, la respiration des corps. Ce n’est pas un décor: c’est un métronome émotionnel. Chez Laxe (déjà dans Lo que arde), les éléments — feu, air, nuit — ne commentent pas l’histoire, ils en sont la morale. Ici, le souffle remplace la parole quand elle se brise entre le père et le fils.

L’autre point, c’est le réel: Laxe aime travailler avec des non-professionnels, saisir des moments qui échappent au script. La rave n’est pas un folklore plaqué, elle est vécue comme un terrain d’errance, de signes minuscules — un regard, un vacillement de basse, un horizon qui tremble. Résultat: quand l’apocalypse gronde, on n’a pas peur du spectaculaire; on retient la tendresse fragile entre deux êtres perdus. C’est ce que j’appelle un film «cordouan» par l’esprit: une patience sensuelle, une écoute des seuils, un art des passages. Et c’est peut-être ce que l’Académie attend sans le savoir.

Questions Fréquentes

Où voir Sirat en Andalousie et à Cordoue en version originale ?

Consulte l’agenda de la Filmoteca de Andalucía (siège de Cordoue) et les cinémas d’art et essai locaux. Autour des campagnes pré-Oscars, des cycles spéciaux et avant-premières en VOSE sont fréquents. Vérifie aussi les événements du C3A et des ciné-clubs.

Sirat a-t-il vraiment ses chances aux Oscars 2025 ?

Le film vient avec un Prix du Jury à Cannes et un fort soutien critique. La concurrence est relevée (Allemagne, Norvège, Pologne, etc.), mais sa signature sensorielle et son récit universel peuvent séduire la shortlist, puis les votants.

Faut-il connaître les films précédents d’Oliver Laxe ?

Pas nécessaire, mais ça enrichit. Todos vosotros sois capitanes et Lo que arde révèlent son goût pour le réel, la nature et les visages. Tu y retrouveras la même attention au temps, au souffle et à la lumière.

En quoi Sirat touche particulièrement le public de Cordoue ?

L’Andalousie partage une mémoire porose avec le Maghreb: musiques de transe, poésie mystique, art du nocturne. Sirat réactive cette conversation par le son et le corps. À Cordoue, on sait écouter ce tremblement-là.

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