0 TL;DR🎬 Un journal intime devient le moteur d’une enquête familiale🧭 Deux temporalités s’entrelacent jusqu’à une transe collective finale🎸 Des fantômes des années héroïne réveillés au son d’un punk culteRomería te cueille par surprise: une enquête intime qui remonte la piste d’un acte de naissance “faux”, des secrets familiaux et des fantômes des années héroïne. J’y ai retrouvé ce frisson qu’on ressent à la Filmoteca de Andalucía quand la vie déborde l’écran.Mémoire en mouvement: Romería, enquête intime qui déraille Est-ce que tu savais que parfois, un simple acte de naissance peut faire trembler tout un arbre généalogique ? Romería, le nouveau long métrage de Carla Simón, démarre là, sur un détail administratif qui interdit à une jeune femme de demander une bourse. En grattant l’encre, elle rouvre les plaies: une mère perdue, un père biologique absent, et l’ombre tenace de ces années quatre-vingt balayées par l’héroïne. La cinéaste tisse le film autour des journaux de cette mère disparue, comme si chaque page devenait un plan — fragile, vibrant, nécessaire. Dans le présent, la protagoniste file vers la côte atlantique pour rencontrer la famille paternelle: un oncle bienveillant (interprété par le cinéaste Alberto Gracia), un cousin musicien (Mitch), et des silences trop lourds pour rester à table. Dans le passé, le récit se trouble, prend une texture de rêve — ou de cauchemar — jusqu’à déborder le cadre. La révélation ? Une dernière section qui bascule vers une chorégraphie inattendue, portée par l’énergie d’un punk culte, comme si la mémoire, enfin, se remettait à respirer ensemble. C’est ce frisson-là que j’ai senti, déjà, à Cordoue, à la Filmoteca de Andalucía, quand la salle sort en chuchotant et que le Guadalquivir semble encore rouler des secrets. Journal intime, archives, fantômes: pourquoi ça nous parle ici À Cordoue, on sait ce que “romería” veut dire: une marche, un rite partagé, l’art de faire route pour tenir le passé dans la main sans qu’il nous écrase. Romería reprend exactement ce geste. Sauf qu’ici, la vierge n’est pas au bout du chemin: c’est un carnet, une écriture maternelle qui guide les pas. J’ai repensé à ces discussions dans les patios après une projection d’Alcarràs: chacun y allait de sa photo jaunie, de son oncle disparu, de cette Espagne dont on ne parle pas trop fort mais qui gronde encore sous les dalles. Le film de Simón ne “reconstitue” pas, il “réactive”: les voix, les regards, l’inconfort, la tendresse aussi. Il y a bien sûr la mémoire sociale: cette génération fauchée par l’héroïne, des familles prises de court, des dossiers administratifs bricolés comme on pouvait. Mais le film refuse la leçon d’histoire. Il préfère le tremblement du présent: une actrice inconnue, Llúcia Garcia, qui n’imite personne et devient l’alter ego de la cinéaste par pure présence. Face à elle, des comédiens aguerris (Tristán Ulloa, José Ángel Egido) donnent du poids aux non-dits. Résultat: une matière vivante, poreuse, où le spectateur n’est pas “guidé” mais convié — et c’est plus exigeant, donc plus beau. C’est pour cela que, chez nous, ce cinéma trouve écho: il respecte l’intelligence et la pudeur des familles. Deux temps, une transe: comment la mise en scène fait rite Romería avance sur deux rails. Le premier, concret: rencontres à hauteur d’épaule, trajets en bus, paperasse qui coince, repas de famille où l’on coupe la parole plus que la viande. Le second, spectral: des éclats du passé qui bullent à la surface jusqu’à dévorer le récit. Simón ne plaque pas un style; elle écoute ses matériaux. Les passages fantomatiques ne sont pas des “flashbacks” sages, mais des intrusions émotionnelles — ce moment où l’odeur d’un couloir te renvoie tout droit à une porte que tu n’osais plus ouvrir. Vous pourriez être interessé par Annulation du concert de Ara Malikian à Pozoblanco en raison de problèmes de santé de l’artiste 23 janvier 2024 Córdoba exclue des aides pour la restauration du patrimoine 3 octobre 2024 Le choix de Llúcia Garcia est décisif: pas de “grande scène” de démonstration, plutôt un magnétisme discret qui capte la lumière et fait écran — au sens propre. Et puis, cette torsion finale, chorégraphique, sur une pulsation punk héritée des années 80 (on entend l’écho d’une rage lucide) met la salle debout intérieurement. Le cinéma devient un rite simple: respirer ensemble, regarder nos absents sans s’y perdre. Dans la section suivante, je te donne des clés de visionnage pour que la séance te “parle” vraiment, peu importe ton histoire personnelle. Clés pour regarder, discuter, transmettre (même après la séance) Tu vas peut-être chercher “l’explication”. Laisse tomber. Regarde plutôt les gestes: comment on pose une main sur une table, comment un regard fuit une photo. Ce sont des indices plus fiables que n’importe quel dossier. Ensuite, écoute la texture sonore: les voix dans l’embrasure, une chanson qui craque, les bruits du trajet; ils te mènent au cœur des non-dits. Enfin, accepte l’idée que le film n’est pas “sur” l’héroïne mais “avec” ceux qu’elle a laissés au bord du chemin. Là est sa délicatesse. Pratique, si tu es à Cordoue: la Filmoteca de Andalucía programme régulièrement des cycles où la mémoire familiale croise le cinéma contemporain — guette leur agenda, c’est là que j’ai vu des salles entières renouer le fil entre albums et écrans. Et si tu viens en visite, prolonge: un verre de Montilla-Moriles, une marche au bord du Guadalquivir, et raconte-toi ce que le film t’a réveillé. Tu peux même créer un mini-rite: scanner tes vieilles photos, demander à un parent d’enregistrer deux minutes de souvenirs, et, pourquoi pas, danser dessus — parce que la mémoire, ce n’est pas que du silence. À guetter dans Romería: les hésitations avant de nommer, la bureautique qui blesse, la douceur d’un oncle, et ce geste de danse qui transforme le deuil en partage. Questions Fréquentes Où voir le film Romería près de chez moi ? Selon les villes, le film circule d’abord en festivals et en salles d’art et essai, souvent en version originale sous-titrée. Renseigne-toi auprès de ta cinémathèque locale ou des réseaux indépendants; en Andalousie, la Filmoteca de Andalucía communique son programme en ligne. Des sorties VOD suivent parfois après la tournée des festivals. Romería est-il un documentaire ou une fiction ? C’est un geste hybride: une fiction nourrie d’archives intimes (journaux), avec des acteurs professionnels et des présences plus “documentaires”. Le film ne cherche pas l’objectivité froide mais la justesse émotionnelle — ce qui le rend plus vrai que vrai à l’écran. Quels thèmes aborde le film (et est-ce lourd à regarder) ? On traverse l’orphelinat intime, la quête d’origines, la bureaucratie qui fige les identités, et l’onde de choc des années héroïne. C’est parfois rugueux, mais la mise en scène reste généreuse et ouverte; la dernière partie offre un véritable soulagement, presque une célébration. Faut-il connaître les précédents films de Carla Simón pour apprécier ? Non, mais si tu as vu Verano 1993 ou Alcarràs, tu reconnaîtras sa façon d’embrasser la vie sans l’édulcorer. Romería pousse plus loin l’expérimentation formelle et l’intime, comme une étape naturelle dans sa “pérégrination” de cinéaste. CinémaFilmMémoire 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Le détail oublié qui change tout: Las Chuches relancent le flamenco urbain à Córdoba, 21 ans après A lire aussi Le détail oublié qui change tout: Las Chuches... 13 septembre 2025 Tu crois tout savoir de la pop andalouse... 12 septembre 2025 Pourquoi tout le monde en parle ? 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