Les dénonciations de Judith Godrèche : un témoignage courageux contre les abus sexuels dans le milieu du cinéma français
La semaine dernière, l’actrice Judith Godrèche a révélé avoir été violée et victime d’abus sexuels de la part du réalisateur Benoît Jacquot lorsqu’elle avait seulement 15 ans, à la fin des années 1980. Mais ce jeudi, elle a également fait une autre révélation choquante : elle a également subi des abus sexuels de la part d’un autre cinéaste, Jacques Douillon, à la même époque.
Dans une interview sur la radio France Inter, Godrèche a raconté qu’un des épisodes de ces agressions s’est déroulé dans la maison de l’actrice Jane Birkin, qui était alors la compagne de Douillon. Cela s’est passé dans le bureau que le réalisateur avait dans la maison.
"Personne ne l’a vu et je n’en ai parlé à personne", a indiqué l’actrice âgée de 51 ans aujourd’hui.
Mais elle a ensuite ajouté que d’autres personnes ont été témoins de ce qu’il s’est déroulé lors du tournage du film de Jacques Douillon, "La fille de quinze ans", sorti en 1989. Godrèche y jouait le rôle principal aux côtés de Melvil Poupaud et du réalisateur lui-même, qui avait alors une quarantaine d’années et interprétait un acteur à l’écran.
Selon le témoignage de Godrèche, Douillon a d’abord embauché un acteur pour ce rôle, mais a finalement décidé de le jouer lui-même. De manière inattendue, il a ajouté une scène de sexe entre l’adolescente et le réalisateur à son propre scénario, pour laquelle ils ont tourné "45 prises".
Et tout cela en présence de Jane Birkin, pour qui cela a été "une situation extrêmement douloureuse", a déclaré Godrèche.
L’avocat de l’actrice a déposé une plainte contre Benoît Jacquot, ce qui a conduit à l’ouverture d’une enquête judiciaire. Cependant, cette affaire risque d’être classée sans suite.
En effet, en France, les agressions sexuelles sur un mineur peuvent être poursuivies jusqu’à 30 ans après que celui-ci ait atteint sa majorité, si la victime porte plainte. Mais dans le cas de Godrèche, cela fait plus de 30 ans qu’elle est devenue majeure.
Cette affaire met en lumière les difficultés pour les victimes d’abus sexuels dans le milieu du cinéma français. Comme l’a déclaré Godrèche, "ce n’est pas facile de briser le silence, surtout quand on est confronté à des gens qui ont du pouvoir".
En révélant ces violences subies à l’âge de 15 ans, Judith Godrèche montre un courage immense et contribue à libérer la parole sur les abus sexuels dans le milieu du cinéma, qui reste encore souvent impunis et tabous.
Cette affaire a également mis en avant la question de la prescription pour les agressions sexuelles sur mineurs en France, posant ainsi la question de la protection des victimes et de la nécessité de réformer la loi pour permettre une justice plus juste et plus solidaire envers les personnes ayant subi des violences.
En tout cas, le témoignage de Judith Godrèche aura sans aucun doute un impact fort dans la lutte contre les abus sexuels dans le milieu du cinéma français, et peut-être au-delà, en encourageant les victimes à parler et en incitant les autorités à prendre des mesures pour que ces violences ne restent plus impunies.
