La série True detective: nuit polaire prise pour cible d’une campagne sexiste contre ses trop nombreuses femmes leaders

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L’influence du sexisme sur la série ‘True Detective: nuit polaire’

Il y a quelques jours, une étude du Centre de Recherches Sociologiques (CIS) a révélé que 44% des hommes en Espagne estiment que les politiques d’égalité "ont été menées si loin" qu’elles "discriminent" les hommes. Mais il semblerait que le discours remettant en question les succès du féminisme atteigne également les productions audiovisuelles. Le dernier titre à avoir été victime d’une campagne de haine machiste est la série "True detective: nuit polaire", diffusée il y a deux semaines sur HBO Max et Movistar Plus+.

La quatrième saison de la mythique production, qui a été repensée avec une touche féminine grâce à l’ajout d’une "showrunner" (la mexicaine Issa López) et de deux actrices comme protagonistes (Jodie Foster et l’ancienne boxeuse Kali Reis), a été victime du phénomène connu en anglais sous le nom de "review bombing". Cela consiste en un flux massif de commentaires négatifs sur les plateformes de critiques audiovisuelles qui incluent l’avis du public, telles que Rotten Tomatoes ou IMDB.

Des productions telles que "Le Seigneur des Anneaux: les anneaux de pouvoir" ont déjà été victimes de cela en raison de l’embauche d’acteurs noirs, mais cela est également courant pour les titres mettant en vedette des personnages LGBTQ+, comme cela s’est produit avec le troisième épisode de "The Last of Us", ou des personnages féminins, comme cela s’est produit avec "Captain Marvel" et le reboot des "Ghostbusters" en 2016. C’est la croisade "anti-woke".

Dans le cas de "True Detective: nuit polaire", par exemple, les professionnels ont évalué la série sur Rotten Tomatoes avec un taux de 93% de critiques positives, tandis que les fans ont été beaucoup plus mécontents, avec un score de 67%.

"Lesbiennes opprimées"; "Trop de ‘girl bosses’ [femmes chefs]"; "Les nouvelles femmes fortes ne m’impressionnent pas dans cette version enneigée"; "Une autre franchise qui dépeint les hommes comme des méchants", font partie des commentaires que l’on peut lire sur Rotten Tomatoes et qui attaquent directement la représentation féminine dans cette dernière saison, qui se déroule en Alaska avec la présence de personnages autochtones, plus précisément du peuple inuit.

Jodie Foster et Kali Reis interprètent des personnages féminins directs, peu communs et sans détour dans leur sexualité.

Il y en a plus : "Jodie Foster est géniale, tout le reste est la même vieille poubelle paresseuse faite pour les ‘audiences modernes’"; "On peut sentir le DEI [diversité, équité et inclusion] partout, comme si un champignon sur du poisson malmenait le ‘show’ qui était autrefois incroyable. Il y a longtemps que Woody (Harrelson) et Matthew (McConaughey) – les protagonistes de la première saison – ont été remplacés par des lesbiennes opprimées et des rennes suicidaires"; "Il est clair que la série veut se démarquer autant que possible de l’oeuvre originale. Avec les thèmes de la féminité, des rêves et du manque de sens, la quatrième saison le fait de manière magistrale; "Trop de temps consacré à s’assurer que toutes les personnes qui regardent ne se sentent pas blessées de ne pas être représentées de quelque manière que ce soit".

La créatrice des nouveaux épisodes, Issa López, n’a pas hésité à attribuer ces évaluations négatives au sexisme de certains fans de la saga. "Si vous avez aimé l’épisode d’hier soir et que vous possédez un compte Rotten Tomatoes, pourriez-vous y laisser un avis ? Les ‘bros’ et les fans de la première saison ont décidé de réduire la note, ce qui est un peu triste compte tenu de toutes les cinq étoiles que nous avons", a-t-elle écrit sur X (anciennement Twitter), bien qu’elle ait ensuite supprimé le message et l’ait remplacé par un autre dans lequel elle s’excusait d’avoir généralisé sur qui était à l’origine du "review bombing".

Avec seulement deux épisodes diffusés sur les six prévus, il est clair que "True Detective: nuit polaire" mise sur deux personnages féminins directs et peu conventionnels. Celui de Foster réprimande ses subordonnés (des hommes) quand ils essaient de prendre un selfie avec un cadavre et réprimande l’un d’eux pour avoir couru après une femme russe par catalogue, et celui de Reis n’hésite pas à vandaliser la voiture d’un homme violent à la moindre occasion et se met à vibrer quand "Wannabe" des Spice Girls passe à la radio.

Toutes les deux abordent sans détour la question du sexe. "Tu veux baiser ? On regarde un film porno ?", lance le personnage de Reis à l’homme avec qui elle couche de temps en temps. "Tu veux ou pas ?", dit celui de Foster à son patron quand elle se présente à sa porte pour finalement se retrouver à prier dans une scène très explicite.

Autrement dit, ces policières n’ont rien à voir avec les rôles féminins presque anecdotiques de la première saison acclamée (celle de Woody Harrelson et Matthew McCounaghey) et de la troisième (celle de Mahershala Ali), qui n’étaient que des épouses, des secrétaires ou des victimes. Ni même de la deuxième saison, bien que celle-ci ait eu une femme parmi ses trois protagonistes (Rachel McAdams). Il reste quatre épisodes pour voir si "True Detective: nuit polaire" parviendra à convaincre ses détracteurs.