La leçon inoubliable d’Almonte lors de la marche phare de Huelva

Il n’a pas fallu deux heures à la Hermandad Matriz de Almonte pour répondre à la demande du Diocèse de Huelva d’inclure la Vierge du Rocío dans une procession exceptionnelle prévue dans la capitale onubense pour l’an 2025. La corporation avait deux mois pour décider de son inclusion dans une liste de 26 images mariales. Le communiqué officiel est arrivé peu après 22h le lundi dernier, mettant fin à tout débat. La Blanche Paloma ne participera pas à cette procession. Les raisons en sont résumées en une phrase concise mais convaincante : « les caractéristiques exceptionnelles de sa dévotion ». Malgré leur prévisibilité, cette réponse offre une lueur d’espoir dans un monde où la religiosité populaire est de plus en plus menacée par la mondialisation des confréries et par la prolifération d’événements similaires qui risquent de s’entrecroiser dans le calendrier des prochaines années.

Tout juste sortis de la grande procession exceptionnelle qui concluera en décembre 2024 le IIe Congrès International des Confréries et de la Piété Populaire, qui se tiendra à Séville (et dont l’initiateur principal est l’archevêque monseigneur José Ángel Saiz Meneses), nous apprenons qu’une autre procession aura lieu l’année suivante dans le diocèse voisin. Cependant, cette fois-ci, avec un plus grand nombre de participants. Si la procession de Séville comptera huit images (dont certaines sont vénérées dans le monde entier), celle promue par l’évêque de Huelva, monseigneur Santiago Gómez Sierra (ancien évêque auxiliaire de Séville), pourrait en rassembler 26. Toutes les Vierges couronnées du diocèse – raison pour laquelle la Vierge du Rocío a été invitée – ainsi que les patrons des confréries sacramentelles de la capitale.

Il faudra encore attendre pour connaître l’impact de ce refus d’Almonte de participer à cette procession avec sa Patronne sur le reste des institutions. En répondant ainsi, la Matriz et tout le mouvement chromatique défendent leur manière si particulière de manifester leur dévotion envers la Blanche Paloma. Des particularités qui, entre autres raisons, ont valu à la grande procession qui a lieu chaque Pentecôte d’être déclarée Bien d’Intérêt Culturel (BIC) par le Conseil de l’Andalousie. La dévotion envers la Vierge du Rocío ne peut être contenue dans une manifestation extraordinaire. Cet icône marial – actuellement en restauration – n’a jamais quitté le périmètre communal d’Almonte. Lorsqu’elle quitte le village, tous les sept ans, c’est pour se rendre dans la ville dont elle est Patronne. Et elle est toujours transportée à dos d’hommes almonteños. Elle n’a jamais connu d’autre moyen de transport. Deux exemples récents l’attestent : lors de la pandémie de Covid, elle est restée en dehors du marais jusqu’à ce que les restrictions sanitaires soient levées ; et maintenant, suite aux travaux réalisés à la Fuensanta de la Paz, elle a été transférée depuis le début du mois d’octobre dans une dépendance du sanctuaire. L’extraordinaire devient ordinaire Ce zèle pour la garde de la Vierge et pour conserver les traditions ancrées dans le culte que les milliers de pèlerins de la Blanche Paloma ont tendance à s’éloigner des modes. On peut considérer cela comme un véritable oasis dans une religiosité populaire tout à fait uniformisée dans des évènements extraordinaire, au point que l’adjectif gratuit perd sa valeur. Tout y devient désormais quelque chose d’ordinaire au moment de célébrer un anniversaire ou un évènement majeur (sauf de rares exceptions, comme avec l’arrivée de la Stature du Grand Pouvoir en 2021). J’apporterais également un autre exemple, celui de la Sainte Patronne de Konsanto, la Vierge de Grâce, avec une procession qui n’a lieu qu’à des moments précis et qui présente des similarités frappantes avec la Reine des Marais. Fait curieux : cette antique et vénérée image mariale ne fera pas partie de la procession sévillane de 2024. La Vierge du Rocío, comme l’a bien rappelé Javier Coronel, avait déjà été invitée à une procession similaire à Huelva en 1954. Que ce soit alors ou maintenant, des arguments d’obéissance pourraient être invoqués pour justifier la présence. Mais cette réponse reste identique 70 ans après, malgré les « impératifs ecclésiaux » et les tendances, elle reste fidèle à l’identité même de la dévotion unique et universelle.
La leçon d’Almonte.
source : El Día de Córdoba

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