16 Jean Reno se lance dans le roman d'espionnage à 76 ans : que cache ce nouveau virage inattendu ? Entre racines andalouses et souvenirs intimes, je vous raconte.Entre cinéma et écriture : l’appel inattendu du roman Lorsque je repense à ma vie, il y a des tournants qu’on n’aurait jamais imaginés. L’écriture est venu me chercher là où je ne l’attendais pas—à 76 ans, après des décennies à incarner des rôles sur scène ou à l’écran. Pourquoi choisir d’écrire un roman d’espionnage ? Ce n’est ni une fuite ni un caprice de star vieillissante. C’est plutôt un retour aux racines, à mes rêves de gamin élevé entre Casablanca et Paris, avec dans les oreilles le castillan cadencé de mes parents andalous. On pourrait croire que tout est calculé—la carrière au cinéma puis la plume. Mais non. Tout a commencé lors d’un massage en thalasso à Quiberon. Les mains d’une jeune quiropractrice m’ont ouvert une porte insoupçonnée vers l’imaginaire. De là est née Emma, mon héroïne libre et mystérieuse. Je voulais transmettre ce choc entre deux mondes : la campagne française paisible et l’exotisme vibrant d’Oman. Je ne suis ni Hugo ni Tolstoï—je cherche juste à offrir une histoire sincère, forte de ce que la vie m’a appris. "Emma sous le ciel d’Oman" : mon hommage aux femmes et aux exils Ce roman n’est pas qu’un thriller haletant—c’est avant tout un hommage aux femmes qui ont façonné mon existence. Adolescents perdus sur les trottoirs de Paris ou enfants de l’exil comme moi savent combien chaque rencontre peut redessiner notre carte intérieure. Emma n’a rien d’une James Bond girl. Elle tient sa liberté comme on tient tête au mistral : avec dignité et obstination. Ses origines paysannes françaises entrent en collision avec l’aristocratie raffinée du fils d’un ministre omanais—un homme éduqué en Angleterre mais pris entre tradition et modernité du Golfe Persique. Dans ce livre, j’ai voulu parler aussi du parfum du voyage involontaire : celui des déracinés, des Andalous partis pour survivre comme mes parents. Oman n’était pas seulement un décor exotique pour faire joli ; c’était le miroir des déplacements humains, volontaires ou forcés, qui sculptent nos identités multiples. Vous pourriez être interessé par Adieu à Concha Velasco : plus de 60 ans sur scène à Valladolid 3 décembre 2023 Passer six mois dans le processus de montage d’un film qui n’a rien à voir avec Les Planètes 18 mai 2024 « Un Andalou est un paysan qui s’enfuit », disait-on… Cette phrase me hante depuis que je l’ai entendue. Écrire avec humour malgré la gravité : héritage andalou oblige ! Chez moi, on combat la dureté par la plaisanterie – c’est ainsi que mon père affrontait les tempêtes de la vie. J’ai gardé cette arme secrète contre la mélancolie et même contre la mort elle-même – surtout quand elle commence à emporter les amis chers comme Johnny Hallyday ou Charles Aznavour. Écrire une histoire pleine d’adrénaline n’exclut pas la tendresse ni le rire. Il y a dans "Emma sous le ciel d’Oman" des clins d’œil ironiques à mes propres maladresses linguistiques—ce joyeux mélange franco-castillan dont je suis si fier ! Mes personnages sont imparfaits parce que je ne crois qu’à l’humanité réelle. Et puis il y a cette collaboration précieuse avec Virginie Jouannet. Comme au théâtre ou au cinéma, j’aime jouer au ping-pong créatif ; seul face à ma page blanche, j’avais besoin d’un partenaire de confiance pour rebondir quand tout semblait figé. Pour aller plus loin sur l’importance de l’humour andalou dans l’identité culturelle française contemporaine : Lire cette analyse passionnante. L’écriture après le cinéma : nouvelles aventures intérieures (et extérieures) Beaucoup s’interrogent : écrire après avoir été acteur mondialement reconnu, est-ce encore se mettre en danger ? Oui—mais c’est une aventure différente ! Le cinéma m’a appris le rythme ; la littérature m’oblige à entrer dans les détails invisibles à l’écran. J’avoue avoir ressenti cette solitude singulière propre aux écrivains… Mais quelle liberté incroyable ! J’y ai trouvé ce luxe rare : prendre le temps de peser chaque mot comme on savoure chaque silence dans une scène bien jouée. Ce qui change aussi ? Mon rapport au public ! Au lieu du regard direct du spectateur dans une salle obscure ou devant son écran télévisé, c’est aujourd’hui votre imaginaire qui construit avec moi cette histoire partagée. Mon roman a déjà séduit quelques critiques exigeants (je vous laisse découvrir leur avis ici), mais mon vrai juge reste toujours le lecteur anonyme croisé dans un train ou un café. Transmission et identité multiple : écrire pour comprendre ses héritages C’est sans doute avec l’âge qu’on comprend combien nos racines forgent nos désirs secrets… Etre nommé Hijo Predilecto de Cádiz fut pour moi plus qu’un honneur local—c’était retrouver symboliquement tous ces migrants anonymes qui ont traversé Gibraltar sans bruit mais avec courage. J’ai confié mes souvenirs au fil des pages—la gratitude envers celles (et ceux) qui ont fait de moi un homme capable de s’adapter partout sans jamais oublier son accent ni ses blessures anciennes. Je n’écris pas pour rivaliser avec Sartre mais pour tisser des ponts entre générations exilées et amoureux du romanesque moderne. Peut-être que demain Emma deviendra une série télévisée ; mais aujourd’hui elle existe déjà grâce à vos regards curieux… Questions fréquentes Pourquoi Jean Reno a-t-il choisi le genre espionnage ? Parce que ce genre permet de mêler rythme cinématographique et exploration intime des identités multiples—le reflet même de ma propre trajectoire internationale. "Emma sous le ciel d’Oman" s’inspire-t-il vraiment de faits vécus ? L’histoire est fictive mais fortement nourrie par mes expériences personnelles — voyages réels ou rêvés, rencontres marquantes et souvenirs familiaux liés à l’exil espagnol. Est-ce que Jean Reno continuera à écrire ? Si les lecteurs sont au rendez-vous et que mon plaisir reste intact… pourquoi pas ? J’aime trop échanger pour m’arrêter après une seule aventure littéraire ! humourRoman 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Feria de Córdoba : Secrets d’initié pour vivre la dernière semaine de fête autrement entrée suivante Roland-Garros : Laure Boulleau, parent et passionnée, dévoile sa vision du sport en famille A lire aussi Orchestre de Cordoue : tu le savais ?... 5 septembre 2025 Cordoue, où l’amitié ressemble à un crush: voilà... 5 septembre 2025 Filmoteca de Andalucía à Cordoue : tu le... 4 septembre 2025 À Cordoue, Romero de Torres vs Warhol: tu... 4 septembre 2025 Sorolla revient avec une plage oubliée: ce que... 3 septembre 2025 Córdoba, résidence bretonne: mon carnet d’initié pour une... 3 septembre 2025 Arcana à Córdoba: la Mezquita chuchote une élégance... 2 septembre 2025 Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025