Israël après Gaza: Peut-on encore écrire ?

Israël après le 7 octobre... Comment témoigner de l'impardonnable ? Un ami écrivain donne des mots, une perspective. Essentiel, poignant, bouleversant.

Israël : Le silence assourdissant après le 7 octobre

Le 7 octobre 2023 a marqué une rupture. J’étais à Toulouse, loin de Córdoba, lorsque les premières nouvelles ont commencé à tomber. L’horreur des attaques du Hamas, la riposte implacable à Gaza… Comment en parler sans trahir l’indicible ? Comment continuer à écrire sur Israël, sur cette terre que j’aime malgré tout ?

L’impardonnable

Dror Mishani, cet écrivain israélien que j’admire, a mis des mots sur ce que beaucoup ressentent : un sentiment d’impardonnable. "Ce qui a été fait à Gaza depuis le 7 octobre est bien pire que ce que j’aurais pu imaginer", écrit-il. Et il ajoute : "Maintenant, les Israéliens ne parlent plus de coexistence, mais de transférer des millions de Palestiniens ailleurs." Ces mots résonnent avec une force terrible.

Je me souviens d’une conversation avec un ami palestinien à Córdoba. On parlait de la beauté de l’Andalousie, de cette histoire partagée… Comment imaginer que, quelques mois plus tard, de telles atrocités seraient commises ?

La fiction face à l’horreur

Mishani se demande quel sens peut avoir la fiction après une telle tragédie. Qui lira encore des romans se déroulant avant le 7 octobre ? La question me hante aussi. Comment trouver les mots justes, ceux qui ne trahissent ni la douleur, ni l’espoir ? J’ai essayé d’écrire sur Córdoba, sur ses ruelles fleuries, mais l’ombre de Gaza planait sur chaque phrase. J’ai l’impression que l’innocence est perdue.

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Paquita la del Barrio, en una imagen de archivo. / EFE

Traumatisme et réaction

Mishani explique que la société israélienne est traumatisée, marquée par l’Holocauste. La réaction aux attaques du 7 octobre est, selon lui, une résurgence de ce trauma ancestral. "Quand les chasseurs F16 de l’armée larguent des bombes sur Gaza, c’est comme si les pilotes jetaient des bombes sur Auschwitz." Une image forte, terrible, qui ne justifie rien, mais qui aide à comprendre.

Cependant, comprendre n’est pas excuser. Comme le dit Mishani, avoir un trauma ne justifie pas d’en causer à d’autres.

Les silences coupables

Pourquoi si peu de voix critiques en Israël ? Mishani évoque une "inclinaison vers des idées nationalistes et de droite". Il n’est pas facile d’exprimer de l’empathie pour les Palestiniens. Pourtant, il est crucial de le faire. Le silence est une forme de complicité. Et je me demande si, en tant que journaliste vivant en Espagne, je n’ai pas moi-même trop gardé le silence.

L’avenir incertain

Mishani s’inquiète de l’avenir. Il craint que son livre, critique envers le gouvernement et l’armée, ne lui fasse perdre des lecteurs. Il envisage même de s’échapper à Paris. Mais il reste, il témoigne. Et c’est cela qui compte.

Il faut continuer à parler, à écrire, à dénoncer. Il faut refuser la fatalité de la haine et de la violence. Le seul chemin, comme le dit Mishani, est de "se rendre compte qu’en tuant l’autre, on se tue aussi soi-même." Un chemin difficile, semé d’embûches, mais le seul qui puisse mener à une paix durable. Je pense souvent aux enfants, israéliens et palestiniens, pris au piège de ce conflit absurde. Quel avenir leur réserve-t-on ?

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María Trillo Varo, en el centro, junto a sus padres y su tío Miguel. / JOSÉ ANTONIO AGUILAR

Questions fréquentes

  • Pourquoi est-il si difficile d’évoquer le conflit israélo-palestinien ?

    Parce qu’il touche à des questions identitaires profondes, à des traumas historiques. Il est difficile de rester objectif face à une telle souffrance.

  • Quel rôle les intellectuels peuvent-ils jouer dans ce conflit ?

    Ils ont un rôle crucial à jouer : celui de témoigner, d’analyser, de dénoncer les injustices, de proposer des solutions. Mais ils doivent le faire avec humilité et lucidité.

  • Comment sortir de ce cycle de violence ?

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    Il n’y a pas de solution simple. Il faut du courage, de la volonté politique, de l’empathie, et surtout, il faut reconnaître l’humanité de l’autre. Il faut créer un espace de dialogue et de négociation, en tenant compte des besoins et des aspirations de chacun.

Ce conflit est un rappel brutal de la fragilité de la paix et de la nécessité de lutter sans relâche contre la haine et l’intolérance. Il est impératif de soutenir les initiatives de paix et de promouvoir une solution juste et durable qui garantisse la sécurité et la dignité de tous. Pour en savoir plus sur les efforts de paix, vous pouvez consulter le site de l’ONU sur la question de Palestine. De plus, vous pouvez consulter le Courrier International qui offre une perspective mondiale sur les événements actuels, y compris les analyses sur le conflit israélo-palestinien.

Media: Diario Córdoba – El escritor Dror Mishani. / EPC

Source: Diario Córdoba – Dror Mishani, escritor: "Ahora los israelíes ya no hablan de coexistencia, tal vez sabiendo que lo que hemos hecho desde el 7 de octubre en Gaza es imperdonable"

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