Intelligence artificielle : Klarna ose remplacer son PDG… mais à quel prix ?

a close up of a bird with feathers on its head

L’IA remplace-t-elle vraiment le PDG de Klarna ? Plongée dans les coulisses d’une décision radicale qui bouleverse le marché du travail.

Les débuts chahutés de l’IA chez Klarna

Je me souviens encore du choc que j’ai ressenti en découvrant l’annonce : Klarna avait remplacé 700 employés par un simple chatbot IA. C’était en 2022 et la méthode – une vidéo préenregistrée diffusée sur LinkedIn – m’avait glacé. Ce n’était plus de la science-fiction, mais la réalité brute du monde du travail moderne.

D’un côté, la direction clamait que ce chatbot était capable d’assurer le volume de travail de 700 agents humains (aujourd’hui même 800). Mais sur le terrain ? J’ai rapidement perçu une fracture : des clients frustrés par des réponses impersonnelles et des situations inédites mal gérées. Si l’intention d’efficacité était louable, le résultat humainement parlant s’est avéré plus amer que prévu.

Klarna n’est pas une exception : IBM ou encore certaines banques françaises ont mené des plans similaires. Mais peu assument aussi frontalement les limites de ces choix. Chez Klarna, après l’engouement initial, il fallut reconnaître une réalité têtue : « rien ne vaudra jamais les humains », admit le CEO Sebastian Siemiatkowski lui-même.

Quand le PDG devient lui-même un avatar IA

Dernier rebondissement : Klarna vient d’aller encore plus loin en demandant à une version IA de son propre PDG de présenter ses résultats trimestriels en vidéo. Oui, vous avez bien lu : Sebastian Siemiatkowski a été « remplacé »… par lui-même, ou plutôt par son double numérique !

La vidéo dure à peine 83 secondes. L’avatar annonce sans détour sa nature artificielle et déroule les chiffres avec assurance. On touche ici à une frontière fascinante (et un peu vertigineuse) entre leadership incarné et automatisation extrême.

Ce n’est pas une première mondiale — Eric Yuan chez Zoom avait déjà tenté l’expérience grâce à Zoom Clips et AI Companion — mais c’est symptomatique d’une époque où la présence charismatique du dirigeant peut être simulée à volonté.

Pour moi qui ai croisé nombre de managers dans ma carrière, ce geste pose une question brûlante : jusqu’où sommes-nous prêts à déléguer la représentation même du pouvoir ? Peut-on vraiment remplacer la chaleur humaine et l’improvisation instinctive d’un leader par un algorithme ?

Les vraies conséquences sur le marché du travail : illusions et désillusions

Au-delà du gadget high-tech ou du coup marketing, il existe un véritable impact sur la structure même des entreprises « AI first ». Les suppressions massives d’emplois chez Klarna ou IBM ne sont pas qu’une anecdote : elles symbolisent la transition brutale vers un modèle où l’humain devient presque accessoire.

Mais attention au revers de la médaille ! Très vite chez Klarna, il a fallu recruter à nouveau pour pallier les faiblesses criantes du chatbot. Une IA peut traiter des volumes impressionnants… mais elle s’effondre face aux subtilités émotionnelles ou aux situations complexes – celles-là mêmes qui font toute la valeur ajoutée humaine.

J’ai constaté sur le terrain combien les clients savent désormais faire la différence entre un vrai interlocuteur et une réponse générée automatiquement. Et dans certains secteurs – comme la banque ou l’assurance – le capital confiance dépend encore énormément du contact humain.

Pour ceux qui souhaitent creuser davantage ces enjeux sociétaux, je recommande ce dossier très complet sur le rôle grandissant des avatars IA dans l’entreprise.

L’avenir proche : cohabitation ou confrontation entre humains et IA ?

La tentation est grande pour certains dirigeants de s’effacer derrière leur double numérique – gain de temps, contrôle total du message… Mais ce phénomène ouvre aussi une boîte de Pandore éthique et sociale. Que devient notre rapport au travail quand même le visage de l’autorité se virtualise ?

Dans mes interventions auprès de grands groupes en 2025, je constate deux tendances contradictoires :

  • D’un côté, un enthousiasme technophile autour des gains d’efficacité opérationnelle offerts par l’IA générative.
  • De l’autre, une angoisse diffuse liée à la déshumanisation progressive des échanges professionnels.

Les acteurs malins misent aujourd’hui sur une complémentarité subtile : laisser à l’IA les tâches répétitives tout en renforçant l’intelligence relationnelle côté humain. Cette hybridation me paraît être LA clé pour réussir la transformation numérique sans perdre notre âme collective.

En France notamment, cette réflexion avance plus lentement qu’en Suède ou aux États-Unis – culture oblige ! Mais les pionniers qui inventent déjà ces nouveaux équilibres montrent que c’est possible… à condition d’assumer pleinement ce que seule notre sensibilité humaine peut apporter.

Pour mieux comprendre comment d’autres entreprises abordent ces défis éthiques et pratiques, consultez également cet article spécialisé sur L’Usine Digitale.

Le mot de la fin (et quelques conseils pragmatiques)

Remplacer son PDG par une IA avatar relève-t-il réellement du progrès ? Mon expérience me souffle ceci : derrière chaque innovation tape-à-l’œil se cache souvent un besoin profond — celui de repenser nos modes de communication interne et externe.

Alors avant d’imiter Klarna tête baissée,
pensez-y :

  • La technologie doit servir votre vision humaine… pas s’y substituer complètement !
  • L’incarnation (le fameux « leadership ») reste essentielle pour fédérer équipes et clients autour d’un projet commun.
  • Enfin, soyez toujours prêt à corriger vos propres excès technologiques si vous voulez garder votre crédibilité – c’est précisément ce qu’a compris (tardivement) Klarna.

L’avenir appartient non pas aux machines seules… mais à ceux qui sauront orchestrer harmonieusement cette partition nouvelle entre intelligence naturelle et artificielle !

Questions fréquentes

Peut-on vraiment remplacer tous les postes-clés par des avatars IA ?

Non. Certaines tâches sont automatisables mais les fonctions nécessitant jugement humain, empathie ou créativité restent irremplaçables aujourd’hui — surtout aux postes stratégiques comme celui de PDG !

Quelles sont les limites actuelles des chatbots dans les services clients ?

Les chatbots excellent pour répondre rapidement à des questions simples mais échouent dès que surgissent émotions ou cas atypiques. Beaucoup d’entreprises doivent réembaucher pour garantir qualité et fidélité client.

La France suivra-t-elle le mouvement initié par Klarna ?

Si certains groupes testent déjà des solutions similaires pour moderniser leur image ou optimiser leurs coûts,
l’approche française demeure prudente : importance accordée au lien social et vigilance syndicale retardent souvent ces ruptures radicales.

Photo by James Lee on Unsplash

A lire aussi