Festival flamenco à Cordoue : pourquoi El Pele a raison d’y croire

a group of people standing around a table full of flowers

Pourquoi Cordoue, cœur du flamenco, n’a-t-elle pas son festival ? El Pele relance le débat et je vous raconte l’envers du décor, passionnément.

Le cri du cœur d’El Pele : Cordoue mérite son grand festival flamenco

S’il y a une chose qui me fait vibrer en tant que journaliste et cordouane amoureuse du flamenco, c’est ce sentiment de manque partagé par nombre d’artistes locaux : pourquoi Cordoue, berceau de tant de génies du cante et de la guitare, reste-t-elle sans son grand festival officiel ? La récente déclaration d’El Pele — l’un des plus grands chanteurs actuels et figure incontournable de notre scène — vient réveiller une frustration sourde mais tenace. "Jerez a plusieurs festivals, nous pas un seul… Et pourtant nous ne méritons pas moins", lançait-il cette semaine lors de la présentation de la Noche Blanca del Flamenco à la Posada del Potro.

Ce n’est pas qu’un caprice d’artiste. C’est un enjeu culturel profond pour notre ville.

Un patrimoine vivant en quête de reconnaissance

Cordoue est souvent célébrée pour sa Mezquita et ses patios fleuris. Mais dans les ruelles ombragées de San Lorenzo ou au Campo de la Verdad résonnent encore les échos des soleás et des seguiriyas. Ce patrimoine immatériel n’est pas figé : il vit, il évolue. Pourtant, alors que Jerez s’enorgueillit depuis longtemps de festivals majeurs (comme le Festival de Jerez), notre ville s’appuie surtout sur son prestigieux Concurso Nacional de Arte Flamenco… qui n’a lieu que tous les trois ans !

Ce concours attire les meilleurs talents — j’ai eu la chance d’y voir émerger des artistes comme Rocío Luna ou Rafa del Calli — mais il manque une dimension fédératrice : celle d’un rendez-vous populaire, régulier, festif.

"Le flamenco à Cordoue est un trésor qui demande à être mieux partagé avec le monde."

La Noche Blanca : fête unique mais occasionnelle

La Noche Blanca del Flamenco fait exception dans notre calendrier. Onze spectacles gratuits transforment la ville chaque mois de juin en véritable scène à ciel ouvert. On y croise tout autant les initiés que ceux qui découvrent le duende pour la première fois sous les étoiles andalouses.

Mais soyons honnêtes : cet événement fabuleux dure une seule nuit ! Impossible d’approfondir toute la richesse des styles ou de créer ces moments précieux d’échange entre maîtres reconnus et jeunes pousses prometteuses dont parle El Pele.

C’est pourquoi sa demande va bien au-delà d’une revendication personnelle : il souhaite offrir aux jeunes talents cordouans un tremplin digne des plus grandes scènes. Favoriser cette transmission vivante est essentiel si l’on veut éviter que nos quartiers populaires voient leur mémoire musicale se diluer.

Pourquoi Jerez inspire-t-elle tant ?

J’ai assisté à plusieurs éditions du Festival de Jerez — chaque fois frappée par cette atmosphère où se côtoient spectacles professionnels et animations dans les bars à tapas ; où touristes et locaux partagent des palmas jusqu’à l’aube. Le tissu économique local en bénéficie aussi : hôtels complets, restaurants bondés… Un festival à Cordoue serait donc un levier formidable pour dynamiser le centre historique hors saison touristique.

En 2025, face aux défis économiques persistants dans l’hôtellerie-restauration andalouse (voir ce rapport), ce type d’initiative prendrait tout son sens.

Ce que pourrait être « notre » festival flamenco idéal

En discutant avec des artistes mais aussi des programmateurs locaux (et quelques passionnés étrangers installés ici), voici ce qui revient souvent comme rêve commun :

  • Un festival annuel ancré début septembre — période idéale car plus calme côté tourisme massif ;
  • Des concerts dans des lieux emblématiques comme les patios privés ou l’Alcázar,
  • Des masterclasses ouvertes au public données par les grands noms du cante,
  • Une scène dédiée aux enfants pour sensibiliser dès le plus jeune âge,
  • Des collaborations inédites entre danseurs contemporains et guitaristes traditionnels,
  • Des espaces gastronomiques mettant en valeur notre salmorejo et nos vins généreux…

En somme : faire vivre toutes les facettes du flamenco cordouan !

Les enjeux identitaires derrière le débat…

Au-delà de l’événement lui-même se joue quelque chose d’essentiel : la capacité d’une ville à revendiquer son identité propre face aux grandes métropoles culturelles voisines (Séville en tête). Le Campo de la Verdad reste un symbole puissant pour tous ceux qui ont grandi ici ; il mérite une reconnaissance officielle pour toutes ces nuits passées à transmettre oralement chants et histoires familiales.

Sans tomber dans une course vaine contre Jerez ou Séville, il s’agit avant tout d’honorer nos racines tout en ouvrant nos portes au monde moderne — cette tension féconde fait justement partie du charme cordouan !
Pour aller plus loin sur cette question complexe autour du patrimoine immatériel : lire cette analyse sur le site officiel UNESCO.

Peut-on rêver ensemble ? Ma vision personnelle pour Cordoue

Comme beaucoup d’amoureux·ses du flamenco ici, je suis persuadée qu’il faut dépasser la logique événementielle ponctuelle. Imaginer un festival pensé « par » et « pour » Cordoue permettrait non seulement de revaloriser notre héritage musical unique (pensez à Fosforito ou Vicente Amigo !) mais aussi d’attirer une nouvelle génération curieuse.
Les conditions sont réunies : nouveaux talents locaux dynamiques soutenus par leurs aînés (merci El Pele !), infrastructures adaptées grâce aux rénovations urbaines récentes… Il ne manque qu’une volonté politique claire couplée à l’enthousiasme populaire dont cette ville regorge.
Alors oui, je rêve moi aussi – avec ferveur – qu’un jour prochain on dise simplement : « On se retrouve au festival ? » Et que toute l’Andalousie vienne vibrer chez nous.

Questions fréquentes sur le futur festival flamenco à Cordoue

Quand pourrait avoir lieu un tel festival ?

L’idée serait idéale début septembre afin d’éviter la chaleur extrême tout en profitant d’une ambiance conviviale après l’été.

Comment participer ou soutenir ce projet ?

Suivez l’actualité locale via le site officiel culturel et rejoignez les appels citoyens parfois lancés par des collectifs artistiques. Les réseaux sociaux sont aussi essentiels !

Quelles différences avec la Noche Blanca ?

La Noche Blanca dure une nuit seulement tandis qu’un festival impliquerait plusieurs jours d’activités variées (concerts payants/gratuits, ateliers…).

Photo by Dibakar Roy on Unsplash

A lire aussi