Festival de Cannes 2025 : Et si un film iranien changeait notre regard sur l’accident ?

a man with a bandaged eye and a piece of paper on his forehead

La Palme d’or décernée à ‘Un simple accident’ m’inspire une réflexion : et si Cordoue aussi racontait ses violences cachées ? Découvrons ensemble ce pont inattendu.

Quand la Palme d’or interroge nos propres fractures

J’avoue, cette année, la nouvelle m’a secouée. La Palme d’or du Festival de Cannes a été remise à ‘Un simple accident’, œuvre bouleversante du réalisateur iranien Jafar Panahi. Pourquoi cet événement cinématographique international résonne-t-il autant jusque dans les ruelles de Cordoue ? Peut-être parce que le cinéma, quand il aborde la violence invisible et le poids du silence, nous tend un miroir que l’on n’attendait pas. Dans cette chronique, j’ai envie de relier ce film à notre vécu local – car Cordoue aussi porte en elle des histoires d’accidents, de blessures à demi-mots.

Ce que raconte vraiment ‘Un simple accident’ : au-delà des apparences

Le synopsis peut sembler minimaliste : un événement banal fait basculer une famille iranienne dans l’incompréhension et la peur. Mais sous la caméra de Panahi, chaque détail prend une épaisseur insoupçonnée. Privé de passeport depuis plus de quinze ans pour ses prises de position artistiques, Panahi livre ici une fable sur la brutalité institutionnelle mais aussi sur le courage ordinaire.

Ce qui m’a frappée, c’est la façon dont il filme l’attente, le non-dit, ces silences lourds qu’on retrouve parfois lors d’un drame ici-même à Cordoue – qu’il s’agisse d’un accident de la route sur les routes andalouses ou d’une agression passée sous silence dans un quartier périphérique. Le film parle d’Iran mais touche à l’universel.

Les échos cordouans : comment nos propres accidents révèlent nos sociétés

Ici à Cordoue, on célèbre volontiers nos fêtes et traditions. Pourtant, les événements tragiques ne manquent pas non plus. Je me souviens d’un soir d’été où une collision entre deux scooters a bouleversé tout un barrio – non seulement par le choc mais par le silence qui a suivi : personne n’osait questionner la vitesse excessive ou l’état des routes.

C’est là que je trouve un point commun avec ‘Un simple accident’ : l’incapacité collective à nommer certains problèmes structurels. Cette omerta locale peut rappeler ce qui se joue en Iran sous une forme plus extrême. Mais le cinéma comme celui de Panahi nous pousse à ouvrir les yeux… et la bouche.

Quand le cinéma devient déclencheur de parole (et d’action)

Ce que j’admire chez Panahi – et chez nombre de cinéastes primés cette année à Cannes – c’est leur capacité à transformer un récit particulier en tremplin pour réfléchir aux nôtres. En sortant du cinéma (ou en lisant le palmarès), on peut se demander :

  • Quelles « violences invisibles » tolérons-nous dans notre quotidien cordouan ?
  • Quels accidents préférons-nous oublier plutôt que traiter collectivement ?
  • Comment faire émerger la parole autour des injustices vécues ici ?

À mon niveau, cela m’encourage à donner davantage la parole aux habitants lorsque je recueille leurs témoignages sur notre patrimoine… mais aussi sur les failles moins reluisantes de notre cité.

Le Festival comme baromètre social international (et andalou !)

Le palmarès complet de cette 78e édition est riche d’engagements sociaux (voir la liste officielle), avec des films venus d’horizons variés – Norvège, Brésil, France… Cela montre combien le cinéma demeure ce laboratoire où s’expérimentent des récits capables d’ébranler nos certitudes locales.
Pour nous en Andalousie, cela rappelle aussi l’importance des festivals régionaux comme ceux organisés chaque année dans les patios ou les salles obscures de Cordoue (je pense au festival du film européen). C’est là que naît parfois le débat citoyen autour de sujets sensibles – loin du folklore touristique attendu.

Quand Cordoue écoute (et raconte) ses propres “simples accidents”

Je vous propose alors ce défi : lors de votre prochaine balade dans ma ville natale, ouvrez grand vos oreilles aux petites conversations – au marché comme au coin d’une taberna. Interrogez-vous sur ces drames tus par pudeur ou lassitude ; demandez-vous comment ils pourraient être racontés autrement. Peut-être auriez-vous envie ensuite d’assister à une projection locale ou même participer à un atelier documentaire animé par un collectif andalou engagé (découvrez par exemple la programmation actuelle du Filmoteca Andalucía).

Parfois il suffit justement… d’un simple accident pour initier une prise de conscience durable – individuelle puis collective.

Questions fréquentes

En quoi ‘Un simple accident’ est-il différent des autres films primés ?

Le film se distingue par sa sobriété et son refus du sensationnel ; il s’intéresse aux conséquences sociales profondes plutôt qu’à l’événement lui-même. Cette approche résonne particulièrement si vous êtes sensible aux thèmes universels abordés.

Le Festival de Cannes influence-t-il la programmation cinéphile à Cordoue ?

Oui ! Chaque année après Cannes, plusieurs salles indépendantes cordouanes mettent en avant les films récompensés ou apparentés lors de cycles thématiques ou projections spéciales.

Existe-t-il des initiatives locales pour débattre des accidents sociaux ?

De plus en plus ! Des associations culturelles organisent débats publics ou projections suivies d’échanges citoyens afin d’aborder frontalement certains sujets tabous liés aux faits divers locaux.

Photo by Tom Jur on Unsplash

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