Ezra, comédie dramatique : et si la vraie révélation venait de l’acteur autiste ?

A man sitting on a bench in front of a building

Découvre comment 'Ezra' sublime la comédie dramatique grâce au jeu authentique d’un jeune acteur autiste, loin des clichés habituels.

Une comédie dramatique qui prend la route… et nous embarque

On ne compte plus les road movies où un parent embarque son enfant pour un voyage inattendu, cherchant à renouer un lien ou à se (re)découvrir. Mais avec "Ezra", Tony Goldwyn parvient à injecter une sincérité rare dans ce genre pourtant balisé. Pourquoi ? Parce que tout part d’une histoire intime : celle du scénariste Tony Spiridakis et de son propre fils autiste. Et cela change tout.

On sent tout de suite, dès les premiers échanges entre le père (Bobby Cannavale) et Ezra (William Fitzgerald), une authenticité qui dépasse le simple jeu d’acteur. Ce n’est pas une énième fiction sur l’autisme écrite par quelqu’un qui l’a seulement observé de loin. Ici, la caméra capture l’étrangeté, mais aussi la drôlerie involontaire des situations du quotidien. On pense notamment à ces moments maladroits – mais jamais moqueurs – qui rappellent que chaque famille avec un enfant atypique compose sa propre partition.

William Fitzgerald : un acteur pas comme les autres

Ce qui m’a frappé en découvrant "Ezra", c’est bien sûr la prestation de William Fitzgerald. Enfin un jeune acteur véritablement concerné par l’autisme pour incarner ce rôle ! Il apporte cette nuance insaisissable qu’aucun acteur « neurotypique » ne saurait feindre sans tomber dans la caricature ou l’imitation stéréotypée. Ce choix de casting fait toute la différence.

La tendresse et l’humour subtil qu’il glisse dans ses interactions bouleversent littéralement les codes du genre. Pas question ici de transformer Ezra en « génie incompris », comme Hollywood adore parfois le faire. Au contraire : on assiste à des éclats de vie, des moments de grâce inattendus – et une vraie drôlerie qui ne tombe jamais dans le pathos.

Là-dessus, Tony Goldwyn fait preuve d’une pudeur bienvenue : il filme avec délicatesse, laisse respirer les silences, capte les regards fuyants et les gestes nerveux sans jamais les surexposer. C’est rare — et franchement précieux.

Le poids d’un héritage familial… ou comment tracer sa propre voie

Fils et petit-fils de producteurs légendaires (Samuel Goldwyn Jr., Samuel Goldwyn) et petit-fils du dramaturge Sidney Howard (Oscar pour « Autant en emporte le vent »), Tony Goldwyn aurait pu facilement surfer sur cet héritage doré pour signer des blockbusters impersonnels. Mais depuis ses débuts derrière la caméra avec "La tentation" en 1999 jusqu’à "Ezra" aujourd’hui, il cultive une veine discrète : celle des histoires humaines imparfaites.

Cela m’inspire un respect particulier : combien oseraient sortir des rails familiaux pour explorer ces petits riens si difficiles à filmer ? Cette quête d’authenticité transparaît ici jusque dans le traitement visuel — photographie soignée signée Daniel Moder — mais aussi dans la musique subtilement tissée par Carlos Rafael Rivera.

Quand la comédie dramatique prend enfin l’autisme au sérieux

Nombreuses sont les œuvres traitant du trouble du spectre autistique — pensons à "Rain Man", souvent cité… mais désormais daté voire maladroit sous certains aspects selon nombre d’associations actuelles (voir ici).
"Ezra" propose une vision beaucoup plus nuancée : le film refuse les raccourcis sensationnalistes ou misérabilistes. L’autisme n’y est ni source de miracles ni prétexte à héroïsme forcé — simplement une différence vécue au jour le jour, source autant d’obstacles que de joies imprévues.

En 2025 encore trop rares sont les films anglo-saxons mettant en avant un jeune acteur directement concerné par cette réalité — signalons aussi en France "Presque" ou "Hors Normes" comme tentatives marquantes (analyse sur CultureBox).

Drôlerie douce-amère et sincérité désarmante : mon ressenti personnel

J’ai été particulièrement touché par la relation père-fils dépeinte dans "Ezra" : oscillant entre maladresse désarmante et amour inconditionnel. Bobby Cannavale incarne parfaitement ce papa dépassé mais jamais résigné ; face à lui, Robert De Niro campe un grand-père bourru aux accents tour à tour protecteurs ou fuyants.

Mais surtout — c’est là que réside la magie du film — on rit souvent là où on pourrait pleurer tant l’humanité affleure sous chaque dialogue bancal ou silence gêné. Comme quoi, il n’y a pas besoin de grands effets pour raconter une histoire universelle : quelques regards échangés suffisent parfois…

Un nouveau souffle pour le cinéma inclusif ?

Le succès critique d’Ezra prouve qu’on peut traiter de sujets complexes sans céder à la lourdeur didactique ni tomber dans le mélo facile. Ce modèle devrait inspirer d’autres cinéastes à privilégier authenticité et diversité réelle au casting plutôt que représentation factice.
On rêve maintenant que cette démarche fasse école — non seulement aux États-Unis mais partout où le cinéma s’efforce encore de combler ses propres angles morts.

Questions fréquentes

Le film « Ezra » est-il fidèle à la réalité de l’autisme ?

Oui, grâce au vécu du scénariste et au choix d’un acteur réellement autiste, "Ezra" évite beaucoup de clichés répandus sur ce trouble tout en rendant hommage aux singularités quotidiennes liées au spectre autistique.

Peut-on voir « Ezra » en famille ?

Tout à fait ! La douceur et l’humour du film en font une belle découverte pour adolescents comme adultes ; il permet même d’ouvrir le dialogue sur ces différences parfois mal comprises.

Quelle est la principale originalité du film par rapport aux précédents ?

Au-delà du regard tendre porté sur son sujet, c’est surtout le casting (un jeune acteur concerné) et l’approche pudique qui différencient nettement "Ezra" des productions habituelles sur ce thème.

Photo by Evelyn Verdín on Unsplash

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