Documenta Madrid 2025 : le ciné qui pense

Fotograma del corto de Ricardo Bofill 'Alucinación arquitectónica', que se podrá ver en Documenta Madrid. / Cedida

Documenta Madrid 2025, du 6 au 11 mai, c'est LE festival à ne pas rater ! Plongez dans le ciné d'archives et la mémoire. Mon coup de cœur d'expert !

Documenta Madrid 2025 : Pourquoi l’archive est (plus que jamais) essentielle

Chers amis passionnés de cinéma et de culture espagnole, installez-vous confortablement. Depuis mon petit coin de paradis à Cordoue, j’ai toujours un œil, que dis-je, les deux yeux rivés sur l’effervescence culturelle qui anime l’Espagne, et particulièrement Madrid. Cette année encore, un événement majeur capte toute mon attention et, je l’espère, la vôtre : Documenta Madrid 2025, le festival international de cinéma documentaire de la capitale, qui se tiendra du 6 au 11 mai. Ce n’est pas juste un festival de plus ; c’est un véritable laboratoire, un lieu où le cinéma ne se contente pas de montrer, mais pense le monde qui nous entoure. Et l’édition de cette année est particulièrement fascinante car elle plonge au cœur des archives, de la mémoire, et de la manière dont nous utilisons le passé pour éclairer un présent, avouons-le, un peu trouble. C’est un thème qui résonne profondément en moi, moi qui vis dans une Andalousie où l’histoire et la mémoire sont omniprésentes, visibles à chaque coin de rue, dans chaque patio. Documenta Madrid nous invite à une réflexion cruciale : comment les images d’hier nous parlent-elles aujourd’hui ? Et croyez-moi, les réponses proposées sont d’une richesse inouïe.

Le Pouvoir Envoûtant des Images Retrouvées

Le fil conducteur de cette édition – l’utilisation du passé et des images d’archives – est d’une pertinence frappante. Dans un monde saturé d’images instantanées, prendre le temps de se pencher sur celles qui ont été créées hier est un acte de résistance et de compréhension. Luis E. Parés, le directeur, le souligne parfaitement : le cinéma documentaire est l’outil idéal pour naviguer dans nos temps « rares et convulsés ». Il nous aide à formuler les questions nécessaires. Cette plongée dans l’archive n’est pas de la nostalgie ; c’est une archéologie du regard, une tentative de saisir comment notre histoire s’est cristallisée en images. Pensez à l’Espagne post-franquiste, à sa transition, à la manière dont les images de cette époque nous aident encore à comprendre le pays d’aujourd’hui. Documenta Madrid nous offre les clés pour décrypter cette mémoire visuelle. C’est un voyage à travers le temps qui nous attend, mené par des cinéastes qui sont aussi des historiens, des poètes et des détectives de l’image. C’est ce qui rend ce festival si unique : il ne se contente pas de projeter des films, il nous apprend à regarder le cinéma, et à travers lui, le monde.

Des Trésors Architecturaux aux Icônes Subversives

Une des grandes curiosités de cette édition est sans aucun doute la projection de films inédits de Ricardo Bofill. Connaissant un peu l’œuvre de cet architecte visionnaire, souvent provocateur, l’idée de découvrir ses incursions dans le cinéma, aux côtés d’autres architectes comme Óscar Tusquets ou Xavier Bagué dans les années 60, est passionnante. Ces courts-métrages, Imagen de la ciudad et Alucinación arquitectónica, réalisés en 1967, n’ont été vus que dans le cercle privé de Bofill ! Les voir projetés à Cineteca, ce lieu magnifique à Matadero, est en soi un événement. C’est une fenêtre sur l’esprit bouillonnant de la gauche divine barcelonaise et sur la manière dont l’architecture et le cinéma dialoguaient à cette époque. Mais Documenta Madrid, c’est aussi la redécouverte de films espagnols essentiels. La restauration de Vestida de Azul (1983) d’Antonio Giménez Rico est particulièrement importante. Ce documentaire pionnier sur la réalité des femmes trans en Espagne, à une époque où le sujet était tabou, est un témoignage historique poignant et nécessaire. Le voir projeté, en présence d’une de ses protagonistes encore en vie, Nacha Sánchez, ajoute une couche d’émotion et d’importance à l’événement. C’est la mémoire d’une lutte, d’une identité, qui reprend vie sur grand écran. On sent ici la volonté du festival de ne pas juste divertir, mais d’éduquer et de faire mémoire.

Regards Croisés : Palestine, Allemagne, Mexique…

Documenta Madrid excelle à ouvrir nos horizons. Cette année, des rétrospectives sont dédiées à des cinéastes dont le travail sur la mémoire est fondamental, mais avec des perspectives très différentes. Kamal Aljafari, cinéaste palestinien basé à Berlin, explore la mémoire nationale et familiale avec une sensibilité unique. Ses films nous invitent à regarder la Palestine au-delà des clichés, à travers des fragments d’archives et des paysages marqués par l’histoire. C’est un travail d’une grande finesse et d’une profonde humanité. De son côté, l’expérimentale allemande Ute Aurand nous propose une réflexion sur le male gaze, cette manière dont le regard masculin a façonné la représentation des femmes au cinéma. À travers ses essais vidéo, elle déconstruit ces codes et propose une autre manière de filmer, plus libre, plus intime. Ces deux rétrospectives sont des occasions rares de découvrir des œuvres exigeantes mais incroyablement enrichissantes. L’accent mis sur le cinéma mexicain contemporain, avec la présence de Daniela Alatorre de l’Instituto Mexicano de Cinematografía, promet aussi de belles découvertes. Le cinéma mexicain a cette capacité à mêler engagement social et puissance visuelle qui me fascine. C’est un festival qui, année après année, prouve sa curiosité et son engagement pour un cinéma qui compte.

Compétitions et Nouveaux Horizons Documentaires

Bien sûr, Documenta Madrid est aussi une compétition, une vitrine pour la création contemporaine. Avec 25 films en compétition, dont une belle parité de réalisateurs et réalisatrices, le panorama est vaste. La Compétition Internationale met en avant deux tendances fortes : l’utilisation de l’archive (évidemment !) mais aussi, plus étonnant et réjouissant, une revendication du monde végétal. Des films comme 7 paseos con Mark Brown de Pierre Creton nous invitent à regarder la nature non pas comme un décor, mais comme un sujet à part entière, avec sa propre vie, sa propre temporalité. C’est une perspective écologique et poétique qui fait écho aux préoccupations actuelles. La Compétition Nationale n’est pas en reste, avec 13 films, dont de nombreuses réalisatrices. On y trouve des œuvres qui explorent l’histoire récente, comme Turismo de guerra de Kikol Grau, ou des journaux intimes filmés, très personnels et audacieux, comme l’opéra prima de Rocío Montaño. Il y a aussi la section Corte Final, dédiée aux films en cours de montage, un regard fascinant sur le processus créatif lui-même. Participer à Documenta Madrid, c’est aussi prendre le pouls de ce qui se fait de plus vibrant et innovant dans le cinéma documentaire espagnol et international. C’est un lieu où l’on découvre les talents de demain et où l’on redéfinit sans cesse les frontières du documentaire.

Au-delà de l’Écran : Vivre le Festival

Assister à Documenta Madrid ne se limite pas à s’asseoir dans une salle obscure. C’est une expérience complète, un bain de culture et de discussions. Les lieux du festival sont en eux-mêmes des invitations au voyage : Cineteca à Matadero, ce complexe incroyable installé dans un ancien abattoir industriel, le majestueux Museo Reina Sofía, la mythique Filmoteca Española, La Casa Encendida… Chacun apporte une atmosphère unique aux projections. Aller à Documenta Madrid, c’est aussi rencontrer des cinéastes, des critiques, d’autres passionnés. Les débats, les rencontres, les conversations informelles dans les cafés autour des salles sont tout aussi importants que les films eux-mêmes. C’est là que les idées germent, que les perspectives s’échangent. En 2025, l’ambiance des festivals madrilènes est toujours électrique, curieuse et ouverte. Si vous avez l’occasion d’être à Madrid début mai, ne la manquez pas. C’est une chance unique de voir des films que vous ne trouverez nulle part ailleurs, de comprendre les enjeux du cinéma documentaire contemporain et, surtout, de faire partie d’une communauté qui croit en la puissance des images pour changer notre regard sur le monde.

Vos Questions sur Documenta Madrid 2025

Quand a lieu Documenta Madrid 2025 ?

Le festival se déroule du 6 au 11 mai 2025. C’est une semaine intense de projections et de rencontres.

Où se passent les projections ?

Elles ont lieu dans plusieurs lieux emblématiques de Madrid : Cineteca Madrid à Matadero, le Museo Reina Sofía, la Filmoteca Española (Cine Doré), l’ECAM, La Casa Encendida et Fundación Casa de México.

Quel est le thème principal cette année ?

L’édition 2025 est très axée sur la mémoire audiovisuelle, l’utilisation des archives et la manière dont le cinéma dialogue avec le passé pour comprendre le présent.

Y a-t-il des films espagnols en compétition ?

Absolument ! Il y a une compétition nationale dédiée au cinéma documentaire espagnol, ainsi que des films espagnols dans la compétition internationale.

En bref, Documenta Madrid 2025 s’annonce comme une édition mémorable, riche en découvertes et en réflexions. Une immersion passionnante au cœur du cinéma qui pense et qui fait sens.

Media: Diario Córdoba – Fotograma del corto de Ricardo Bofill ‘Alucinación arquitectónica’, que se podrá ver en Documenta Madrid. / Cedida

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