16 Plongez dans l'aventure des 1ers photographes de voyage qui ont immortalisé ma Cordoue au 19e siècle. Un défi fou, un regard unique sur ma ville!En tant que journaliste française installée à Cordoue, ma ville d’adoption, je suis constamment fascinée par la manière dont elle a été perçue et représentée au fil des siècles. On la dit intemporelle, mais chaque époque pose son regard, et c’est particulièrement vrai avec l’avènement de la photographie. L’idée de voir ma Cordoue à travers les yeux des premiers photographes de voyage du XIXe siècle, ces pionniers intrépides, est quelque chose qui me passionne. Oubliez les selfies faciles de 2025 ; imaginez le labeur, l’équipement monumental, le voyage lui-même comme une aventure en soi. C’est une histoire qui va bien au-delà de la simple image : c’est celle d’une nouvelle façon de voir le monde, et l’Andalousie, ma chère Andalousie, y a joué un rôle central, presque comme un studio à ciel ouvert pour ces artisans de la lumière. L’aube de l’image fidèle : Un défi titanesque Pensez à l’année 1839. Le daguerréotype est officiellement présenté. Soudain, il est possible de "fixer" une image, non pas par l’interprétation d’un artiste ou la description d’un écrivain, mais par la lumière elle-même. Une précision objective, c’était révolutionnaire ! Mais n’allez pas croire que c’était simple. Ces premiers photographes de voyage n’avaient pas le petit boîtier numérique dans leur poche. Ils partaient avec l’équivalent d’un laboratoire chimique portatif. Les techniques évoluaient rapidement – du daguerréotype unique et non reproductible au calotype sur papier permettant des copies, puis au collodion humide, qui exigeait une rapidité d’exécution quasi chirurgicale sur le terrain avant que la plaque ne sèche. C’était une course contre la montre et contre les éléments. On parle d’expéditions nécessitant des dizaines de porteurs pour gravir une montagne, juste pour prendre une photo. Transposer cela à la chaleur andalouse, aux rues étroites et tortueuses de la Judería, aux cours intérieures… Le simple fait de préparer et d’exposer une plaque à Cordoue devait être une épopée quotidienne. Cela donne une perspective vertigineuse sur la valeur de chaque cliché produit. L’Andalousie, cet Orient à portée de main Pourquoi l’Espagne, et plus particulièrement l’Andalousie, est-elle devenue une destination de choix pour ces pionniers ? Pour les Européens du XIXe siècle, c’était l’exotisme sans les dangers d’un voyage lointain en Orient. L’héritage arabe, visible dans l’architecture, les jardins, et même certaines coutumes, offrait un dépaysement total tout en restant sur le continent. Cordoue, avec sa Mezquita-Cathédrale majestueuse, ses ruelles labyrinthiques et sa lumière si particulière, incarnait parfaitement cet imaginaire romantique d’un passé mauresque idéalisé. Ces photographes ne cherchaient pas seulement des monuments ; ils cherchaient une atmosphère, une altérité. Ils ont figé pour l’éternité cette vision d’une Andalousie empreinte de nostalgie, de mystère et d’une beauté que l’on croyait figée dans le temps. C’était une projection, certes, mais une projection puissante qui a durablement marqué la perception de la région à l’étranger. En vivant ici, on sent encore le poids de cette histoire visuelle. Sur les traces des maîtres : Laurent, Clifford et Cordoue Certains de ces pionniers ont littéralement élu domicile en Espagne, transformant leur passion en une véritable entreprise. Pensez à Jean Laurent, un Français qui s’est installé à Madrid, ou à Charles Clifford, un Britannique. Ils ne se contentaient pas de passages éclair ; ils ont bâti des catalogues d’images vendues dans toute l’Europe sous forme d’albums. Leurs vues de Cordoue étaient particulièrement prisées. Qu’ont-ils photographié ? La Mezquita, bien sûr, sous tous les angles possibles, ses arcs, sa cour des Orangers. L’Alcázar, les ponts romains et mauresques sur le Guadalquivir. Mais j’aime imaginer qu’ils ont aussi capturé des scènes de vie, des coins de rues pittoresques, peut-être même entrevu les secrets de ses patios cachés. explorer les secrets de ses patios cachés Leur travail était à la fois documentaire et artistique, un équilibre difficile à trouver avec les contraintes techniques de l’époque. Chaque plaque réussie était une victoire, un fragment de Cordoue arraché à l’oubli et envoyé à travers le monde. Leurs images ne sont pas de simples photos ; ce sont des témoignages précieux, des fenêtres sur une époque révolue et sur la fascination qu’exerçait déjà cette ville sur les esprits aventureux. Le legs visuel : Comment leurs images nous parlent encore Les photographies de ces pionniers ont fait plus que documenter ; elles ont construit un imaginaire. Pour des milliers d’Européens qui ne mettraient jamais les pieds en Andalousie, ces images étaient la seule réalité de la région. Elles ont nourri le romantisme, l’orientalisme, et ont créé une attente, une idée préconçue de ce qu’était Cordoue. Quand j’observe ces clichés anciens aujourd’hui, je suis frappée par la netteté incroyable de certaines plaques, le jeu d’ombre et de lumière qui semble intemporel. Mais je vois aussi ce qui est absent : la vie quotidienne dans sa spontanéité, les couleurs vives qui explosent dans les patios en fleur au printemps, le son du flamenco qui s’échappe des tabancos. Leurs images sont puissantes, mais elles sont aussi un miroir des désirs et des filtres de leur époque. Elles nous rappellent que même la photographie, censée être objective, est toujours une interprétation. Elles nous invitent à venir voir Cordoue par nous-mêmes, au-delà de l’image, pour ressentir l’atmosphère, les odeurs, les sons qui échappaient à l’objectif du XIXe siècle. Vous pourriez être interessé par Machado : Deux Frères, Deux Âmes de la Poésie 5 mai 2025 Le secret d’Hercule : Cordoue à la rescousse ! 25 avril 2025 L’héritage à l’ère numérique : De la plaque au smartphone Comparer l’acte photographique d’aujourd’hui à celui d’hier est vertigineux. Avec nos smartphones, nous prenons des centaines de photos sans y penser. Le coût, l’effort, l’attente ont disparu. Cette facilité a démocratisé l’image du monde, mais a peut-être aussi dilué sa préciosité. Les photographes de voyage d’aujourd’hui parcourent le monde avec un équipement léger, partageant instantanément leurs visions. Pourtant, le désir fondamental de capturer et de partager la beauté et l’altérité du monde demeure. Cordoue continue d’inspirer, offrant de nouvelles perspectives même après des siècles d’images. Les défis sont différents maintenant : non pas la technique, mais la capacité à voir au-delà du cliché, à trouver l’angle unique dans un monde saturé d’images. Les pionniers nous rappellent l’importance de chaque image, le travail et l’intention qui devraient se cacher derrière. La Biennale de Photographie de Cordoue, par exemple, est un excellent lieu pour voir comment cet art continue d’évoluer et de documenter notre monde, y compris ma ville adorée. FAQ sur les pionniers de la photographie à Cordoue Ces premières photos de Cordoue étaient-elles vraiment objectives ? Oui et non. Techniquement, elles capturaient la lumière avec une fidélité inédite pour l’époque. Mais le choix du sujet, l’angle, la composition, et même les retouches (qui existaient déjà !) reflétaient les goûts et les attentes du public européen, souvent imprégnés d’orientalisme romantique. Elles étaient une vérité construite. Où peut-on voir ces images aujourd’hui ? Beaucoup de ces précieux daguerréotypes, calotypes ou tirages sur papier albuminé se trouvent dans des collections privées, des musées nationaux (comme le Museo del Romanticismo à Madrid) ou des archives historiques en Espagne et en Europe. Certaines expositions temporaires, comme celles liées à la Bienal de Cordoue, peuvent aussi en présenter. Chercher des collections numérisées en ligne dans des archives publiques est aussi une option. Voir un exemple de collection à la Bibliothèque Nationale d’Espagne Pourquoi l’Andalousie était-elle si populaire pour ces photographes ? L’Andalousie offrait un mélange unique d’accessibilité géographique (par rapport à l’Orient lointain) et d’un exotisme perçu, notamment via son architecture et son histoire mauresques. Elle correspondait parfaitement à la quête d’altérité et au goût pour l’orientalisme très présents dans la culture européenne du XIXe siècle. C’était un décor idéal pour leurs images. Était-ce dangereux ou difficile de voyager ainsi au XIXe siècle ? Absolument. Le voyage en lui-même était une aventure semée d’embûches : infrastructure limitée, maladies, parfois instabilité politique. Ajouter à cela le transport d’un équipement lourd et fragile, la nécessité de trouver des sources d’eau pour la chimie, et la vulnérabilité face aux éléments. C’était un engagement majeur qui nécessitait courage et détermination, bien au-delà de l’acte photographique lui-même. Media: Cordópolis – Una imagen de Córdoba en el siglo XIX. Conferencia en la Bienal de fotografía Bárbara Mur Antonio D. López Una imagen tomada en el siglo XIX, expuesta por Bárbara Mur. 1890-Basilio-Alcañiz. PhotographieVoyages 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente À Cordoue, l’art sort… mon coup de cœur ! entrée suivante Reggaeton 2000s : Cette nuit à Cordoue… A lire aussi Orchestre de Cordoue : tu le savais ?... 5 septembre 2025 Cordoue, où l’amitié ressemble à un crush: voilà... 5 septembre 2025 Filmoteca de Andalucía à Cordoue : tu le... 4 septembre 2025 À Cordoue, Romero de Torres vs Warhol: tu... 4 septembre 2025 Sorolla revient avec une plage oubliée: ce que... 3 septembre 2025 Córdoba, résidence bretonne: mon carnet d’initié pour une... 3 septembre 2025 Arcana à Córdoba: la Mezquita chuchote une élégance... 2 septembre 2025 Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025