Frères Dassin : Ce que l’héritage de Joe révèle sur la famille et la mémoire

white concrete building near body of water during daytime

L’héritage des fils Dassin cache bien plus que de l’argent… Que révèlent vraiment leurs destins croisés et leurs silences, derrière la légende du chanteur ?

Les fils Dassin : Héritiers d’une icône, mais à quel prix ?

En tant que Cordouane passionnée par les histoires qui relient les gens et les lieux, j’ai toujours eu un faible pour ces lignées où le destin familial se mêle à la grande histoire. L’affaire des frères Dassin – Jonathan et Julien – m’a bouleversée. Il ne s’agit pas seulement de la transmission d’une fortune ou d’un nom mythique comme celui de Joe Dassin. C’est une affaire de mémoire familiale éclatée, de liens fragiles entre deux frères porteurs d’une légende plus lourde qu’il n’y paraît.

Une succession pleine de désillusions

On pourrait croire que porter le nom Dassin équivaut à hériter d’un trésor. Pourtant, la réalité vécue par Jonathan et Julien est tout autre. Les anecdotes rapportées récemment en 2025 sont édifiantes : domaine vendu à perte, villa californienne échappée « pour une histoire de crédits », droits d’auteur dispersés dans un maquis juridique franco-américain…

Jonathan reçoit ainsi 1500 euros de droits chaque trimestre – bien loin des sommes mirobolantes qu’on imagine lorsque l’on fredonne "L’Été Indien" sur les routes andalouses ! Quant au patrimoine symbolique, il se résume à quelques costumes paternels, des colliers tahitiens et un passeport usé par les voyages… Rien n’illustre mieux l’imprévisibilité de l’héritage artistique.

« À ma majorité, j’ai touché 1,6 million d’euros investi dans l’immobilier, des costumes et les colliers de coquillage de Joe, ses vinyles et son passeport », confie Jonathan dans un mélange de fierté douce-amère.

Deux frères séparés par le silence

Le cœur du sujet dépasse largement l’argent. Ce qui me frappe le plus en tant que journaliste exploratrice de Cordoue – où chaque patio raconte une histoire secrète – c’est ce vide immense entre deux frères. Jonathan et Julien se produisent parfois dans la même salle à quelques jours d’intervalle sans jamais se croiser. Un paradoxe saisissant quand on sait combien la musique rapproche.

Jonathan déplore ce mur invisible : « À deux, on serait plus fort ». La blessure originelle ? Une enfance ballotée entre États-Unis et France alors que leurs parents divorçaient ; une guerre silencieuse autour de leur garde ; une suite de décès familiaux qui a laissé peu d’ancrages durables.

Dans mon expérience cordouane, je retrouve ce motif : comment transmettre ce qui compte vraiment quand le socle familial vacille ? Les souvenirs deviennent alors des objets flottants dont chacun cherche à s’emparer pour reconstituer sa propre légende.

L’héritage culturel : entre archives revisitées et récits concurrents

Fait fascinant : aujourd’hui encore, chaque frère tente à sa manière de reconstituer la vérité familiale. Tandis que Jonathan parcourt Tahiti sur les traces de son père disparu (et dont la tombe à Hollywood n’est jamais visitée conjointement avec son frère…), sa compagne Samira mène une enquête digne des meilleurs romans policiers dans les archives américaines et ukrainiennes.

Ce travail acharné remet en cause certains écrits publiés par Julien. On assiste ici à une bataille feutrée pour contrôler non pas seulement l’héritage matériel mais surtout la narration, ce fil conducteur intangible qui façonne aussi notre vision collective du mythe Dassin.

Pour approfondir ce phénomène universel (et pas seulement franco-français), je recommande vivement cet article sur la transmission du patrimoine immatériel paru récemment sur France Culture.

Entre mémoire intime et image publique : quelle place pour chacun ?

À Cordoue comme ailleurs en Andalousie, j’ai souvent rencontré des familles héritières d’un passé glorieux… mais traversées par le même vertige face au poids du regard public. Être « fils ou fille de » n’est jamais simple ; c’est souvent un combat discret pour exister hors des projecteurs tout en préservant le souvenir collectif.

La saga Dassin illustre parfaitement ce dilemme : devoir honorer une figure tutélaire adorée du public (même ici en Espagne où ses chansons résonnent encore dans certains patios…) tout en cherchant sa propre voie artistique ou existentielle. La série documentaire annoncée par Sony Music promet peut-être un début d’apaisement… ou au contraire relancera-t-elle les divergences ?

Dans mes discussions récentes avec des artistes andalous également issus de familles célèbres, tous soulignent cette tension constante entre fidélité au passé et nécessité d’inventer sa vie.

Quelques enseignements universels pour nos propres héritages familiaux

Si je devais retenir trois clés issues du destin mouvementé des fils Dassin – valables autant pour une famille cordouane que parisienne – ce serait :

  • L’héritage matériel n’a rien d’automatique : seule une gestion lucide (et parfois douloureuse) permet d’éviter désillusions ou conflits interminables.
  • La mémoire familiale demande dialogue constant : sans échanges réguliers même les liens fraternels peuvent s’éroder irrémédiablement.
  • Se réapproprier son histoire est vital : nul besoin d’être enfant de star pour ressentir le besoin vital d’explorer soi-même ses racines… quitte à déranger certaines légendes établies !

Pour aller plus loin sur ces questions délicates mais ô combien actuelles en 2025, je vous invite aussi à consulter ce dossier complet sur la gestion des héritages familiaux complexes.

Questions fréquentes

Pourquoi Jonathan et Julien Dassin ne se parlent-ils plus ?

La rupture puise ses racines dans leur enfance difficile après le divorce parental puis différents décès familiaux. Le manque de dialogue régulier a creusé le fossé malgré leur passion commune pour la musique.

Qui possède aujourd’hui les droits sur les chansons emblématiques de Joe Dassin ?

Les droits éditoriaux appartiennent désormais principalement à Gérard Davoust (éditeur également lié aux héritiers Aznavour), tandis que ceux liés aux auteurs vont notamment aux héritiers Toto Cutugno – Joe ayant rarement signé lui-même ses tubes internationaux.

Y a-t-il un espoir de réconciliation entre les frères ?

Difficile à dire tant que chacun campe sur sa version familiale… Mais certains proches espèrent qu’un travail commun autour du documentaire annoncé pourra rouvrir le dialogue au-delà des blessures passées.

Photo by Fuad Najib on Unsplash

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