Flamenco à Córdoba : Les secrets d’El Tomate, l’héritage méconnu derrière Las Ketchup

A charismatic older Spanish guitarist playing in a rustic Andalusian tavern at dusk, impressionist style, warm golden lighting, details of traditional décor and attentive listeners nearby, evoking both intimacy and legacy.

Plonge avec moi dans l’univers de Juan El Tomate : le génie discret qui a formé Vicente Amigo et inspiré Las Ketchup. Découvre un flamenco vivant.

Un maestro cordouan hors des projecteurs : l’énigme d’El Tomate

Quand on parle de flamenco à Córdoba, on pense souvent à la Mezquita, aux patios fleuris ou aux grands festivals. Pourtant, derrière ces icônes se cache une constellation d’artistes dont l’influence a façonné des générations. L’un de ces maîtres est sans conteste Juan Manuel Muñoz Expósito, alias El Tomate – un nom qui résonne comme un clin d’œil espiègle au soleil andalou.

Né en 1944 dans une famille où la musique coulait déjà dans les veines (son oncle Rafael El Cordobés accompagnait les légendes Pepe Marchena et Curro de Utrera), El Tomate n’a pourtant pris la guitare qu’à 25 ans – un âge considéré tardif par bien des puristes. Mais chez lui, le destin s’est exprimé autrement : "Ses mains de camionneur faisaient jaillir des perles," m’a confié un vieux compadre du quartier San Lorenzo.

De la taberna aux tablaos : une vie enracinée dans Córdoba

Si l’on devait dresser la carte sentimentale du flamenco cordouan, la taberna d’El Tomate serait un véritable point cardinal. C’était plus qu’un simple bar : c’était le repaire secret où se retrouvaient jeunes talents et vieux briscards pour partager une manzanilla autour de mélodies impromptues. J’y ai passé quelques soirées mémorables – l’air saturé du parfum du jambon ibérique et du son clair-obscur de sa guitare.

Ce que peu savent ? El Tomate aurait pu partir en tournée avec Enrique Morente mais a refusé pour rester auprès des siens. Son choix révèle une fidélité rare dans ce milieu souvent happé par la célébrité et les promesses lointaines.

"Le flamenco naît là où battent les cœurs ensemble – jamais seul devant le public mondial," disait-il souvent.

Un pédagogue visionnaire : forger des légendes du flamenco moderne

Impossible d’évoquer El Tomate sans parler de sa facette de mentor. Vicente Amigo ? Oui, c’est lui qui a guidé ses premiers accords. Luis Medina, Juanjo León… La liste est longue ! Chaque artiste sorti de son giron partage cette même "pellizco", cette petite pincée indéfinissable propre à Córdoba.

En 2025 encore, je rencontre des jeunes qui me parlent avec émotion des "leçons" données par El Tomate dans l’arrière-salle de sa taberna. Ce n’était pas seulement une question de technique mais surtout d’attitude face à l’instrument et à la vie :

  • Savoir écouter avant de jouer
  • Partager plutôt que briller seul
  • Rester humble devant l’immensité du patrimoine andalou

Ce sont là des valeurs que j’ai vues éclore lors des festivals locaux comme La Noche Blanca del Flamenco, rendez-vous incontournable où ses élèves brillent encore chaque été sous les étoiles cordouanes.

Une dynastie musicale inattendue : de la rumba familiale au succès planétaire

Bien sûr, impossible d’oublier la saga familiale… car Juan El Tomate n’est pas seulement le patriarche discret du flamenco local ; il est aussi le père spirituel (et biologique !) des célèbres Las Ketchup. Qui n’a jamais dansé sur "Aserejé" ?

Mais derrière ce tube mondial se cache toute une éducation musicale imprégnée par la rigueur et la générosité paternelles. En 2002, quand elles sortent leur album "Hijas del tomate", j’ai ressenti ici à Córdoba autant de fierté que d’étonnement devant ce pont tendu entre tradition pure et pop débridée.
Pourtant, rien n’effacera jamais cette image familière : celle d’une guitare toujours posée sur le comptoir familial, prête à unir trois générations autour d’un cante improvisé après minuit.

Héritage vivant : pourquoi le flamenco cordouan ne s’éteindra jamais

La disparition d’El Tomate marque-t-elle vraiment la fin d’une époque ? Je n’en suis pas si sûre… À chaque printemps depuis son départ, je croise dans les ruelles blanches des groupes qui répètent ses falsetas ou inventent leur propre chemin inspirés par sa sagesse. La transmission ne s’est pas figée avec lui ; elle circule encore parmi nous.

  • Des expositions rendant hommage aux sagas musicales fleurissent régulièrement au Centro Flamenco Fosforito
  • Les bars-restaurants familiaux perpétuent l’esprit convivial mêlé à l’excellence artistique – cherchez bien dans San Andrés ou Santa Marina !
  • De nouvelles générations utilisent TikTok pour partager leurs propres versions modernisées des morceaux appris auprès des disciples directs d’El Tomate
    L’ancrage local n’empêche donc jamais les envolées universelles…

Questions fréquentes

Pourquoi Juan El Tomate était-il si respecté à Córdoba ?

Sa capacité unique à transmettre le sentiment profond du flamenco tout en restant humble et accessible a marqué tous ceux qui ont croisé sa route.

Les filles d’El Tomate (Las Ketchup) jouent-elles aussi du flamenco ?

Elles sont surtout connues pour leurs tubes pop mais ont grandi bercées par le flamenco traditionnel transmis par leur père ; cette influence transparaît parfois dans leurs compositions familiales.

Où peut-on découvrir aujourd’hui son héritage musical ?

Visitez les petits tablaos authentiques ou assistez à des concerts où ses élèves jouent régulièrement – notamment pendant la Noche Blanca del Flamenco ou au Centro Fosforito.

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