10 Et si Córdoba cachait, comme le Brazos texan, des paysages sur le point de disparaître ? Découvrez l’histoire oubliée de notre Guadalquivir.Quand un fleuve raconte l’âme d’une ville Je me suis souvent demandé ce que nous laisserons derrière nous à Córdoba. Les villes changent plus vite qu’on ne le pense ; les rivières aussi. Après avoir lu "Adiós a un río" de John Graves – cette ode à la mémoire d’un paysage texan condamné par la modernité – impossible pour moi de regarder le Guadalquivir du même œil. Comme Graves devant le Brazos menacé par les barrages dans les années 50, j’observe parfois notre fleuve cordouan avec une douce inquiétude : et si certains fragments de son histoire étaient eux aussi en train de s’effacer ? À travers son voyage solitaire et méditatif, Graves m’a rappelé combien il est vital de prendre le temps d’écouter les rivières : elles gardent en silence la trace des civilisations passées et des écosystèmes fragiles. À Córdoba, chaque méandre du Guadalquivir raconte une stratification d’époques, de conquêtes et de rêves. L’héritage invisible du Guadalquivir Le Guadalquivir n’est pas qu’un décor majestueux sous les arches du pont romain ou un motif récurrent sur nos cartes postales. Il a été une voie d’échanges florissants, la source même qui permit à Qurtuba — notre ancienne cité califale — de rivaliser avec Bagdad ou Damas au Xe siècle. Mais combien savent que sa géographie actuelle est bien différente de celle connue par les Omeyyades ? Le fleuve a changé mille fois de visage, endigué, détourné, puis domestiqué au fil des siècles. Comme le Brazos menacé jadis par la construction de barrages aux États-Unis (relatée magistralement par Graves), le Guadalquivir a subi moultes transformations qui ont peu à peu effacé des mondes entiers : bras morts comblés pour urbaniser, marécages disparus où s’ébattaient jadis oiseaux migrateurs… Cette mémoire paysagère échappe souvent aux guides touristiques mais vit encore dans certains récits familiaux et dans les vieux quartiers ouvriers comme San Vicente ou Campo de la Verdad. « La nature se maintient en marge du prévisible… sa domination pervertit une certaine logique du monde » écrivait Graves. J’y repense souvent en voyant surgir de nouveaux projets immobiliers ou lors des crues qui rappellent que le fleuve n’a jamais vraiment accepté ses chaînes. Explorer Córdoba autrement : marches sensibles au fil du fleuve J’ai un rituel : plusieurs fois l’an, je pars marcher tôt le matin sur les berges du Guadalquivir. Hors saison touristique, c’est là que Córdoba révèle son vrai visage ; celui d’une ville tournée vers l’eau mais toujours un peu nostalgique. Les vestiges industriels côtoient la verdure foisonnante des Sotos de la Albolafia — cette petite réserve urbaine méconnue même des Cordouans ! On y croise hérons cendrés et tortues nageant entre les ruines d’anciens moulins à eau. Vous pourriez être interessé par Roman, identité et frontières floues : ce que Millás révèle vraiment 27 mai 2025 La collaboration entre la mairie et Vodafone pour promouvoir l’utilisation des nouvelles technologies dans la gestion du patrimoine culturel 6 février 2024 Ces promenades offrent un autre rapport au temps. Ici, chaque pierre semble vibrer d’histoires effacées — celles des bateliers juifs médiévaux ou des lavandières du siècle dernier. En échangeant avec quelques anciens du quartier San Rafael (leur accent chante encore l’époque où l’on traversait en barque improvisée), je mesure ce que nous risquons collectivement d’oublier si nous ne témoignons pas activement. Si vous souhaitez explorer ces lieux différemment, renseignez-vous sur les balades ornithologiques proposées autour des Sotos : une occasion rare d’observer la biodiversité cachée en plein cœur urbain. Des menaces contemporaines : pourquoi préserver aujourd’hui ce qui subsiste ? Depuis 2020 environ — et c’est frappant depuis 2025 avec l’accentuation des épisodes climatiques extrêmes — on assiste ici aussi à une pression croissante sur notre patrimoine fluvial. Entre sécheresses record et urbanisation galopante (le nouveau quartier Ribera Norte suscite beaucoup de débats), comment concilier besoins humains et respect écologique ? L’expérience américaine racontée par Graves est étrangement proche de nos défis actuels : face à la tentation technocratique (canaliser encore davantage le fleuve), certains habitants militent aujourd’hui pour laisser au Guadalquivir plus d’espace naturel afin qu’il absorbe mieux les crues et protège la faune locale. Ce mouvement rejoint d’autres initiatives européennes visibles notamment sur le site officiel Natura 2000. En discutant récemment avec Teresa Muñoz — biologiste locale passionnée — elle m’expliquait que « chaque disparition végétale ou animale autour du fleuve appauvrit notre identité commune ». Ces mots résonnent comme une alerte amicale pour tous ceux qui aiment Córdoba autrement. Mémoire vivante et transmission : agir à notre échelle Il ne suffit pas seulement d’admirer le pont Calahorra sous la lumière dorée ; il faut aussi raconter son histoire mouvante aux nouvelles générations. J’encourage vivement parents et enseignants à mêler sorties scolaires et recueils oraux auprès des plus anciens voisins riverains. Parfois un simple pique-nique sur les berges déclenche ces récits précieux : souvenirs d’inondations mythiques dans les années 60 ou anecdotes sur l’ancien marché flottant disparu… Prenez le temps d’écouter ces voix discrètes ! Transmettre ces histoires fait partie intégrante de notre devoir citoyen face à la « dissolution » évoquée par Graves. De même que John Graves naviguait seul mais portait toute une communauté silencieuse dans ses bagages émotionnels, chacun peut contribuer à garder vivante la mémoire plurielle du Guadalquivir. Questions fréquentes Quelles parties du Guadalquivir sont accessibles pour une promenade authentique ? Les berges sud près des Sotos de la Albolafia sont idéales pour sentir l’ambiance originelle du fleuve tout en observant faune et flore locales. Privilégiez tôt le matin ou en fin de journée pour éviter l’affluence. Y a-t-il encore des traditions vivantes liées au fleuve à Córdoba ? Oui ! Quelques pêcheurs perpétuent leur art depuis plusieurs générations et certaines fêtes populaires mettent en valeur l’importance historique du Guadalquivir dans la vie cordouane. Comment participer à la préservation écologique locale ? Vous pouvez rejoindre ponctuellement des associations locales lors d’opérations nettoyage ou soutenir financièrement des initiatives écologiques via les organismes municipaux spécialisés. Photo by Adlene Amiti on Unsplash aventureenvironnementLittérature 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Córdoba Live ou Festival de la Guitarra ? Un choix qui secoue la scène locale entrée suivante Córdoba et l’art du changement : que nous apprend le Cell inédit de Toriyama ? 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