10 Saviez-vous que le blues a aussi ses échos à Córdoba ? Plongez dans ses racines, ses légendes et des liens insoupçonnés avec l’Andalousie !L’écho inattendu du blues à Córdoba En tant que Cordouane passionnée par la rencontre des cultures, j’ai toujours été fascinée par les dialogues subtils entre l’Andalousie et d’autres univers musicaux. Le blues, ce genre qui sent la terre, la nostalgie et la rébellion, semble bien loin des patios fleuris de ma ville… Et pourtant ! Quand on prend le temps d’écouter vraiment, les murs de la Judería résonnent parfois d’accords familiers venus du Delta du Mississippi. Dans son livre Eso no estaba en mi libro de historia del blues, Mariano Muniesa nous invite à redécouvrir cette musique sans préjugés ni clichés : le blues n’est pas qu’une histoire américaine ou britannique. C’est un courant vivant, traversé par mille influences – dont certaines résonnent étonnamment avec notre Andalousie profonde. Alors, comment le blues a-t-il rencontré Córdoba ? C’est ce voyage inédit que je vous propose aujourd’hui. Aux origines : douleur, résistance et transmission orale Le blues naît dans le Sud profond des États-Unis à la fin du XIXe siècle. Mais il ne jaillit pas du néant : c’est une musique-monde, nourrie de chants africains transmis lors de veillées ou au travail dans les champs de coton. Ce qui m’a frappée, en explorant les archives musicales locales, c’est la proximité troublante entre les lamentations du cante jondo flamenco et les complaintes du blues rural. Même rage sourde contre l’injustice sociale ; même poésie brute qui transforme la douleur en art. Muniesa évoque brillamment ce lien universel dans son ouvrage — il parle d’une « transmission souterraine » entre peuples opprimés. À Córdoba aussi, notre musique populaire s’est forgée contre l’adversité. Il n’est donc pas surprenant que certains musiciens locaux aient adopté le langage du blues pour exprimer leur propre vécu. Femmes du blues et d’Andalousie : destins croisés sur scène Une des grandes forces du livre de Muniesa est de remettre les femmes au centre de l’histoire du blues. Saviez-vous que Bessie Smith, surnommée l’Impératrice du Blues, commandait plus de respect sur scène que bien des hommes ? Cette énergie me rappelle celle des cantaoras andalouses comme La Niña de los Peines ou Rocío Márquez : défiant les conventions et imposant leur voix puissante. Vous pourriez être interessé par Journées Européennes de l’Archéologie : Et si Córdoba vous révélait ses secrets cachés ? 8 juin 2025 Art Urbain à Baena : L’Hommage Émotionnel! 26 mars 2025 D’ailleurs, on trouve aujourd’hui à Córdoba un cercle discret mais passionné de chanteuses qui mêlent jazz vocal et riffs blueseux. Lors d’un concert intimiste dans une tetería proche de la plaza Corredera (je vous recommande vivement Jazz Café !), j’ai assisté à une reprise saisissante d’Etta James… enrichie d’accents flamencos. Preuve qu’ici aussi, le dialogue est vivant. Blues local : petites scènes et grandes passions cachées Vous pensez peut-être que le blues est absent de notre quotidien cordouan ? Détrompez-vous : chaque année depuis 2013 se tient le festival Córdoba Blues Festival, rassemblant amateurs et curieux autour de groupes espagnols mais aussi internationaux (voir programmation officielle). J’ai eu le plaisir d’y croiser Juanma Sánchez – guitariste autodidacte ayant grandi dans les ruelles ombragées près de San Basilio – qui raconte comment il a découvert Muddy Waters avant Camarón… Il décrit son apprentissage comme un « pont secret entre Guadalquivir et Mississippi ». Son témoignage illustre combien cette musique parle à celles et ceux qui cherchent leur place entre deux mondes. Par ailleurs, plusieurs peñas flamencas programment régulièrement des jam sessions où l’on improvise librement sur douze mesures… mais avec un accent andalou inimitable ! La politique au cœur : engagement social passé et présent Ce qui m’a touchée en lisant Muniesa, c’est sa capacité à rappeler combien le blues fut dès ses origines une arme contre l’oppression raciale et économique. Dans une Andalousie marquée elle aussi par la pauvreté rurale jusqu’à récemment (et par l’exil migratoire vers Londres ou Paris), ces thèmes continuent d’inspirer nombre de jeunes artistes engagés. À Córdoba aujourd’hui, certains collectifs culturels organisent des ateliers où rappeurs gitans croisent guitaristes électro-blues pour dénoncer les discriminations actuelles — preuve supplémentaire que cet héritage musical reste profondément actuel chez nous aussi. Transmission intergénérationnelle : apprendre le blues comme on apprend le flamenco Si apprendre le flamenco relève souvent d’une tradition familiale ou communautaire ici à Córdoba, j’ai été surprise lors d’un récent atelier au conservatoire municipal : plusieurs adolescents travaillaient sur des standards du Delta comme "Cross Road Blues"… en adaptant rythmiques et palmas andalouses ! Cette hybridation – encouragée par quelques professeurs ouverts aux nouveaux horizons – crée un espace fertile où identité locale et ouverture internationale s’enrichissent mutuellement. Un phénomène encore discret mais porteur pour l’avenir musical cordouan. « Le vrai voyage ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir un nouveau regard sur sa propre terre. » — Inspiré par Marcel Proust Liens inattendus avec Londres… via Córdoba ! Un fait souvent ignoré : nombre de musiciens andalous ayant émigré au Royaume-Uni durant les années 1970 ont contribué à populariser là-bas non seulement le flamenco mais aussi un certain "feeling" hérité du cante andalou… influençant indirectement la scène british blues ! Certains artistes racontent comment ils ont découvert BB King ou Eric Clapton grâce aux radios londoniennes tout en travaillant dans les restaurants espagnols. De retour chez eux, ils insufflent cet esprit dans leurs créations actuelles. On retrouve ainsi chez certains groupes cordouans contemporains (Los Labios Azules ou Aljamia Blues Band) cette alliance rare entre groove anglo-saxon et lyrisme méditerranéen. Pour creuser ces connexions passionnantes côté anglais : Découvrir l’histoire détaillée du British Blues Conseils pratiques pour savourer le blues à Córdoba aujourd’hui Consultez régulièrement les programmes culturels municipaux (Casa Góngora ou Sala Hangar accueillent souvent des soirées thématiques). Osez pousser la porte des peñas flamencas lors des jams hybrides. Profitez de festivals estivaux pour écouter gratuitement en plein air ! Approchez toujours la musique live avec curiosité : discutez après les concerts avec musiciens locaux – ils adorent partager anecdotes et inspirations ! Dernier conseil personnel : promenez-vous tardivement sous les orangers éclairés devant San Rafael ; parfois quelques notes blueseuses flottent discrètement… Laissez-vous surprendre ! Questions fréquentes Où peut-on écouter du blues authentique à Córdoba ? Plusieurs bars comme Jazz Café proposent régulièrement des soirées dédiées au blues (souvent fusionné avec jazz ou flamenco). Les festivals annuels sont également incontournables pour vibrer au rythme authentique ! Existe-t-il des musiciens cordouans spécialisés en blues ? Oui ! Des artistes tels que Juanma Sánchez ou Los Labios Azules défendent fièrement ce répertoire tout en y intégrant leur sensibilité andalouse unique. Le public local est-il réceptif au mélange flamenco-blues ? Absolument : cette hybridation séduit autant mélomanes curieux que puristes – c’est même devenu une signature sonore recherchée lors des jams improvisées ! Peut-on participer à des ateliers ou initiations autour du blues ? Oui, surtout auprès des associations culturelles municipales et lors d’événements ponctuels annoncés sur leurs sites officiels. Photo by Possessed Photography on Unsplash ArtisteHistoireMusique 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Córdoba Live : l’énergie trap et reggaeton de JC Reyes à ne pas manquer entrée suivante Córdoba, scène sous les étoiles : secrets et émotions au Palais de Viana A lire aussi Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025 Inattendu à Córdoba: Manu Sánchez revient à Cabra,... 1 septembre 2025 À Córdoba, Benamejí en compás: ma nuit au... 31 août 2025 Córdoba flamenco: mes lieux vrais où sentir le... 31 août 2025 Córdoba, Filmoteca: mes secrets pour vivre la rentrée... 30 août 2025 Córdoba, et si une série galicienne réveillait nos... 29 août 2025 Córdoba en Lego: la rentrée comme un local…... 28 août 2025 Córdoba, chirigota del Canijo: la halte immanquable avant... 28 août 2025