Ballerina : quand la vengeance chorégraphie l’âme andalouse d’un thriller inattendu

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Découvre comment "Ballerina" fusionne vengeance, rituels et univers John Wick, vu par une passionnée de cinéma et de culture à Cordoue.

La vengeance revisitée : quand Hollywood s’inspire de nos rituels andalous

En parcourant les rues sinueuses de la Judería à Cordoue, impossible pour moi de ne pas songer à l’ambiance mystérieuse et feutrée qui émane du film « Ballerina ». Certes, ce n’est pas une production espagnole, mais elle partage étonnamment des points communs avec notre culture locale : la place centrale du rituel, la notion d’honneur blessé et la danse comme métaphore du destin.

« Ballerina », réalisé par Len Wiseman et porté par l’intense Ana de Armas, plonge dans le sillage sanglant laissé par John Wick. Pourtant, derrière l’action effrénée se cache une histoire profondément ancrée dans le mythe : Eve Macarro n’est pas qu’une tueuse. Elle est le produit d’une éducation quasi-monastique orchestrée par la Ruska Roma — un miroir sombre des rites d’initiation qu’on retrouve aussi dans les sociétés secrètes ou même dans certains aspects folkloriques andalous. Cette filiation entre violence codifiée et héritage culturel m’a fascinée dès les premières images.

« Les rituels forgent l’identité plus sûrement que le sang. » Cette maxime résonne aussi bien chez la Ruska Roma que lors des processions silencieuses de Cordoue à la Semana Santa.

La maison-monde : entre refuges secrets et patios cordouans

Une scène du film m’a particulièrement marquée : Eve se réfugie dans une maison labyrinthique où chaque pièce semble receler ses propres codes. Impossible pour moi de ne pas faire le parallèle avec les patios fleuris de Cordoue – ces lieux clos où l’intimité est protégée du tumulte extérieur mais où tout visiteur devient dépositaire d’un secret.

Dans « Ballerina », la maison n’est pas seulement un abri ; elle est aussi le théâtre du passé douloureux et des serments silencieux. Ici encore, j’y vois une parenté avec nos traditions locales où l’espace privé devient sanctuaire familial. Lorsqu’on traverse un patio en mai, au Festival des Patios (inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO), on devine derrière chaque porte close une vie secrète, jalonnée de drames ou de fêtes intimes — tout comme Eve découvre peu à peu ce que cachent les murs qui l’entourent.

Pour approfondir cette connexion entre espaces privés et récits personnels en Andalousie, je recommande vivement cet article du Patrimoine mondial de l’UNESCO sur les patios.

La danse comme rituel initiatique : flamenco et ballet sous tension

Le titre même du film invite à dépasser la simple action pour s’attarder sur la chorégraphie intrinsèque à toute quête vengeresse. Quiconque a déjà assisté à une nuit flamenca sous les arches éclairées de la Mezquita sait combien chaque geste porte une signification ancestrale — codifiée comme un langage secret transmis de génération en génération.

Eve Macarro incarne parfaitement cette dualité : ballerine raffinée et tueuse implacable, sa trajectoire évoque celles des danseurs andalous qui transforment leur douleur intime en gestes sublimes sur scène. La violence devient art ; le combat se fait poésie corporelle. N’est-ce pas là tout le génie narratif du sud ?

À Cordoue, j’ai souvent ressenti ce mélange d’ombre et de lumière lorsque j’écoute un cante jondo profond ou que j’observe un zapateado frapper ardemment les pavés usés d’une taverne séculaire.

Les visages familiers : casting international mais mythologie universelle

Impossible d’évoquer « Ballerina » sans parler de son casting étoilé : Anjelica Huston y apporte sa majesté ténébreuse, Gabriel Byrne sa prestance ambiguë et Norman Reedus son magnétisme animal. Même Keanu Reeves fait une apparition – clin d’œil assumé aux fans du Continental !

Mais au-delà des noms prestigieux brille surtout une mosaïque culturelle qui me rappelle celle croisée ici-même à Cordoue depuis mille ans : Romains, Arabes, Juifs puis Chrétiens… tous ont laissé leur empreinte sur nos pierres comme autant d’acteurs venus enrichir un récit commun. Ce brassage nourrit aujourd’hui encore notre imaginaire collectif – tout comme celui du cinéma international.

Pour saisir cette richesse humaine dans sa profondeur historique andalouse (et préparer votre prochaine escapade culturelle), explorez aussi l’Histoire multiculturelle de Cordoue.

Rituels modernes : violence stylisée ou catharsis contemporaine ?

Un point m’a frappée lors des discussions animées avec mes amis cinéphiles autour d’un salmorejo partagé sous un oranger du quartier San Basilio : pourquoi sommes-nous si fascinés par ces histoires où vengeance rime avec purification ? Peut-être parce que nous vivons tous nos propres tragédies minuscules — trahisons professionnelles, ruptures amicales — qu’il faut sublimer pour avancer… À travers Eve Macarro, c’est finalement notre propre désir intime d’ordre retrouvé qui s’exprime.

« Ballerina » rejoint alors la grande tradition narrative méditerranéenne où chaque acte violent cherche moins à détruire qu’à restaurer un équilibre rompu. À Cordoue comme ailleurs en Andalousie, nombreux sont les contes populaires où justice privée sert parfois d’exutoire symbolique aux tensions sociales non résolues.

Bilan personnel : ce que « Ballerina » m’a appris sur ma ville (et moi-même)

En quittant la salle obscure après avoir vu « Ballerina », j’ai ressenti un écho étrange entre le monde brutal montré à l’écran et mon propre rapport à Cordoue : ville plurielle faite de contradictions assumées – douceur éclatante des patios versus pénombre secrète des couvents fermés ; soleil brûlant contre nuits fraîches emplies de murmures anciens.

Regarder ce film en habitante passionnée m’a rappelé que toute cité possède ses zones d’ombres comme ses moments suspendus – il suffit parfois simplement d’un regard neuf (ou cinématographique !) pour renouer avec leur magie profonde.

Et vous ? La prochaine fois que vous explorerez les ruelles pavées ou assisterez à un spectacle dans un tablao caché… pensez aux liens invisibles qui relient vos pas aux grandes légendes universelles racontées depuis toujours.

Questions fréquentes

Le film « Ballerina » a-t-il été tourné en Andalousie ?

Non, le tournage principal n’a pas eu lieu en Andalousie mais plusieurs décors intérieurs évoquent subtilement des ambiances méditerranéennes rappelant Cordoue selon moi.

Quelle différence entre ruska Roma dans le film et gitans andalous ?

La Ruska Roma désigne historiquement un groupe tsigane originaire d’Europe centrale/est – différent des Gitans andalous localement intégrés depuis des siècles mais partageant certains codes culturels liés aux rituels familiaux ou artistiques.

Peut-on visiter des lieux similaires aux décors mystérieux du film à Cordoue ?

Absolument ! Les patios privés ouverts pendant le festival en mai offrent cette atmosphère énigmatique unique. Je conseille également certaines tavernes historiques discrètes pour ressentir cette magie confidentielle.

Photo by Armin on Unsplash

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