Cordoue en clair-obscur: Orozco Piano Festival, trois soirs pour tomber amoureux du piano

0

À Cordoue, l’Orozco Piano Festival transforme la vieille ville en écrin sonore: trois soirs, trois univers — Colom, Gasparian, Geniushene — dans des salles au charme andalou. Mes repères, mes adresses et l’ambiance juste avant 20 h.

Saviez-vous que certains soirs, Cordoue respire au rythme d’un piano ? Quand la ville ralentit, que la Judería se vide et que l’air garde la douceur de novembre, une autre Cordoue apparaît: intime, acoustique, presque confidentielle.

Trois récitals, trois atmosphères, et cette sensation que la musique épouse les patios, l’ombre des orangers et les pierres centenaires. Voici comment vivre l’Orozco Piano Festival comme un·e local·e — et tomber sous le charme.

Le piano au cœur des pierres andalouses

Ce que j’aime à Cordoue, c’est quand la musique s’accorde aux lieux. Le Real Círculo de la Amistad, avec ses salons élégants, semble né pour le murmure de Ravel. Le Conservatoire supérieur, plus dépouillé, met la virtuosité au premier plan: on y perçoit chaque respiration, chaque silence. Et tout près, les ruelles blanchies reflètent encore la lumière du jour, comme un écho visuel de ce que l’on vient d’entendre.

En novembre, l’air est clair, la ville paisible. À l’heure bleue, je traverse la Plaza de las Tendillas — les cafés ralentissent, les conversations flottent. On dîne plus tard ici; la musique, à 20 h, devient une transition délicieuse entre la promenade et la table. C’est aussi dans ces moments qu’on sent l’Andalousie profonde: l’art n’est pas un événement, c’est une manière d’habiter le temps.

« À Cordoue, la musique ne remplit pas les salles: elle remplit l’air. » — Une voisine que j’adore croiser près du Conservatoire

Trois soirées, trois univers (et des frissons garantis)

1. Josep M. Colom — jeudi, 20 h, Real Círculo de la Amistad. Le maître catalan ouvre le bal avec Ravel et une pièce de sa plume, une Fantaisie-impromptu en hommage à Maurice Ravel. Son jeu, à la fois clair et poétique, résonne particulièrement bien dans ces salons à l’acoustique enveloppante.
2. Jean‑Paul Gasparian — vendredi, 20 h, Conservatoire supérieur. L’un des talents français du moment, remarqué jusqu’aux « Victoires de la Musique Classique ». Au programme: Debussy, Franck, Babadjanian et Schumann. Attendez-vous à un piano d’architecture: précis, lumineux, tendu vers l’émotion.
3. Anna Geniushene — samedi, 20 h, Conservatoire supérieur. Une énergie sculptée et une narration très personnelle. Schumann, Debussy, Glinka, Tchaïkovski et Kreisler‑Rachmaninov: un voyage de la grâce à la fougue, idéal pour sentir le souffle romantique sous les voûtes.

Et ce n’est pas tout: le festival culminera le 15 novembre avec Nelson Goerner et le 21 novembre avec Marc‑André Hamelin, au Teatro Góngora. De quoi prolonger la saison de frissons.

Conseils d’une locale: avant et après le concert

Arrivez un peu tôt: j’aime me poser dix minutes dans le patio du Real Círculo quand j’y vais, ne serait-ce que pour capter le contraste entre le murmure de la ville et le silence des boiseries. Au Conservatoire, traversez par la Calle Ángel de Saavedra: la lumière de fin de journée sur les façades blanches est un petit miracle.

Pour dîner, vous êtes gâtés. Avant un récital, optez pour quelque chose de léger: un salmorejo crémeux partageable, quelques berenjenas au miel et une coupe de fino. Après, je recommande un bar à tapas discret autour de la Plaza de las Tendillas ou une taberna dans la Judería (réservez si vous visez une table en terrasse). Envie d’un verre en douceur? Les tavernes historiques servent encore des vins de Montilla‑Moriles au verre — parfaits pour prolonger la résonance d’un Schumann.

Astuce pratique: chaussures confortables. On marche vraiment à Cordoue, et on s’en félicite au retour.

La ville écoute, la ville répond

La Mezquita n’est jamais loin, même quand on n’y est pas: sa forêt de colonnes hante la manière dont on entend la musique ici — par strates, par lumières. La vieille ville, les patios, l’Alcázar, tout cela forme un décor vivant qui influence l’écoute. J’ai mené tant de voyageurs, du Conservatoire à la rive du fleuve, après un concert: le calme de la nuit, le pont, et dans l’oreille, un motif de Debussy qui refuse de s’éteindre.

Selon l’Office de Tourisme de Cordoue, la ville porte une programmation culturelle dense toute l’année, mêlant traditions et créations contemporaines — un terrain de jeu idéal pour qui veut visiter Cordoue autrement. Pour les détails de cette semaine‑clé du festival et des artistes à l’affiche, je vous recommande aussi l’article de Cordópolis, très complet et mis à jour.

Infos essentielles (billets, horaires, repères)

• Horaires: tous les récitals de cette séquence commencent à 20 h.
• Lieux: Real Círculo de la Amistad (jeudi) et Conservatoire supérieur (vendredi, samedi). Les concerts des 15 et 21 novembre se tiennent au Teatro Góngora.
• Billetterie: suivez les canaux officiels du festival et des salles (billetterie en ligne ou guichets). Consultez aussi l’Office du Tourisme de Cordoue pour les infos pratiques.
• Tenue: décontractée chic, une petite veste suffit en soirée en novembre.

Si vous avez un doute, rappelez-vous: à Cordoue, on fait simple, on va à l’essentiel, et on laisse la musique faire le reste.

En sortant d’un concert, je traverse souvent la Judería d’un pas lent. Les pavés gardent un peu de chaleur, l’air devient plus clair, et la ville semble chuchoter. Au fond, Cordoue se vit plus qu’elle ne se visite.

Et vous, quel récital allez-vous choisir cette semaine? Partagez vos impressions ou vos photos avec #EscapadeaCordoue 📸

Questions fréquentes

Comment acheter des billets pour l’Orozco Piano Festival ?

La solution la plus sûre: la billetterie officielle des salles (en ligne ou au guichet le jour J, sous réserve de disponibilités). Les soirées très demandées se remplissent vite, pensez à réserver tôt.

Où dîner près des salles de concert ?

Autour de la Plaza de las Tendillas et dans la Judería, vous trouverez des tavernes conviviales pour un salmorejo, des tapas légères et un verre de Montilla‑Moriles. Réservez si vous visez une terrasse après 21 h.

À quelle heure faut-il arriver ?

Je conseille d’être sur place 20–30 minutes avant le début à 20 h. Vous aurez le temps de vous installer, de feuilleter le programme et de profiter de l’atmosphère des lieux.

Quoi voir à proximité pour compléter la soirée ?

La Judería, les patios fleuris de San Basilio et la rive du fleuve pour une promenade calme. Si vous restez le week‑end, pensez à la Mezquita au lever du jour: une autre manière d’entrer dans la musique du lieu.