Córdoba : un jumeau numérique pour les secrets de la Mezquita-Catedral ?

the inside of a building with a glass roof

Des lasers millimétriques, des pierres invisibles aux visiteurs et un coro centenaire… voici comment Córdoba se prépare à dévoiler ses trésors cachés sans y toucher. Je vous emmène dans les coulisses de ce projet futuriste !

Un pasado que se copia pixel par pixel

Quand Manuel Torralbo, recteur de l’Université de Córdoba, et Joaquín Alberto Nieva, doyen du Cabildo, ont signé leur convention mi-2025, ils n’ont pas seulement officialisé un contrat technique : ils ont ouvert une fenêtre vers le passé sans même y toucher. Grâce à un laser-scanner Leica et à une photogrammétrie ultra-haute résolution, les lápidas oubliées du transept et le coro sculpté du XVIᵉ siècle vont acquérir un « jumeau numérique » aussi fidèle que leur ombre au sol.

Je me souviens encore d’une matinée d’avril où je guidais un groupe de francophones dans la nef centrale : impossible de distinguer les inscriptions funéraires à cause du faible éclairage. Désormais, chaque lettre gothique sera consultable sur écran avec un simple zoom — une révolution pour les généalogistes et les curieux comme nous.

Pourquoi s’acharner sur des pierres déjà admirées ?

L’objectif premier n’est pas l’esthétique mais la préservation scientifique. Les ingénieurs Rafael Hidalgo et Rafael Ortiz m’ont confié que certaines dalles présentent des micro-fissures quasi invisibles qui pourraient menacer l’équilibre global du crucero (croisement) si elles évoluaient. En créant ce double 3D géoréférencé, on saura exactement comment les charges se répartissent — pratique quand l’édifice accueille plus de 1,7 million de visiteurs par an.

Autre vertu méconnue : la discrimination des matériaux. À force d’observer la texture granulaire via le nuage de points laser, les chercheurs peuvent différencier calcaires locaux des importations carrares ou granites d’Almadén… autant d’indices sur les chantiers successifs depuis Abd ar-Rahman I jusqu’à Charles Quint.

Visiter sans marcher sur la mémoire des autres

Imaginons ensemble une future visite : votre smartphone en réalité augmentée superpose le plancher actuel aux tombes disparues sous le dallage ; une voix vous raconte que telle marbre blanche recouvre en fait la sépulture d’un grand poète hébraïque. Le chef du service maintenance, Miguel Ángel Espejo, m’a promis qu’un accès libre au modèle serait mis en ligne progressivement — une aubaine pour les amateurs d’histoire juive avant l’expulsion de 1492.

Et puisque je parle d’expérience immersive : j’ai testé en avant-première le rendu interactif dans le laboratoire du Département Ingeniería Gráfica y Geomática. Le sentiment ? Celui d’un jeu vidéo savant où l’on soulève des siècles sans poser pied dans la poussière.

Astuce pratique : réservez votre créneau « hors foule »

Les relevés nécessitent parfois de fermer brièvement certaines zones (surtout le coro). Renseignez-vous au site officiel pour connaître les plages horaires « tranquilles » en juillet-août : il reste encore quelques créneaux 8 h-9 h avant l’arrivée des premiers cars touristiques.

Questions fréquentes

Combien coûtera l’accès au jumeau numérique ?

Rien ! L’université et le Cabildo ont prévu une plateforme publique gratuite ; pensez simplement à filtrer vos résultats selon votre niveau (grand public ou chercheur).

Puis-je assister aux relevés sur place ?

Pas directement ; cependant, des visites guidées exceptionnelles sont organisées mensuellement par Córdoba Patrimonio — suivez leur agenda.

La basilique restera-t-elle ouverte pendant tout le projet ?

Oui, sauf exceptions ponctuelles d’un quartier donné pendant quelques heures. Lisez toujours l’onglet « avis » avant votre passage.

Photo by Shobha La Porta on Unsplash

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